Misères aquifères

Qu’advient-il de nos réserves d’eau ? Que déclare la Bible à propos du manque d’eau annoncé ?

L’eau est un élément essentiel à toute vie.Malheureusement, nos réserves en eau potable diminuent rapidement. Le monde connait un nombre accru de crises liées à l’approvisionnement en eau, les réservoirs s’asséchant et le niveau des lacs descendant comme jamais auparavant.
 
Au moins la moitié des 50 000 rivières qui existaient en Chine dans les années 1900 ont disparu, leur eau ayant été drainée pour servir dans les usines et les fermes. Les réserves aquifères d’urgence, au Pakistan, ne sont plus que de 30 jours – ce qui est loin de la quantité recommandée pour 1 000 jours, pour les pays semi-arides. L’été dernier, le bassin oriental de la mer Aral s’est totalement asséché, pour la première fois en 600 ans.
 
L’utilisation de l’eau du Jourdain draine la mer Morte, et des milliers de dolines criblent à présent son littoral. La sécheresse est si grave dans le sud-est du Brésil que les habitants ont commencé à percer des trous dans les planchers de leurs maisons dans l’espoir de trouver de l’eau, et l’on décourage les étudiants de se servir d’eau pour se brosser les dents.
 
Ce ne sont là que quelques exemples. D’après le rapport mondial de 2015 des Nations-Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, environ 1,2 milliards d’êtres humains – pratiquement le cinquième de la population mondiale – vivent dans des régions où l’eau est rare (autrement dit, où l’approvisionnement en eau est insuffisant). 1,6 milliard d’êtres humains – pratiquement le quart de la population mondiale – connaissent une pénurie d’eau (du fait du manque d’infrastructure pour approvisionner l’eau disponible).
 
Le Moyen-Orient est la région la plus pauvre en eau. Les pénuries de cette dernière affligent depuis longtemps une grande partie du nord et de la portion sub-saharienne de l’Afrique, soit à cause de la sécheresse qui y règne, soit du fait de pénuries économiques, ou de ces deux causes combinées. De plus en plus, le thermostat grimpe aussi pour les nations occidentales.
 
La Californie connait sa quatrième année de sécheresse sévère, sans précédent, et les réserves souterraines d’eau, comme les eaux de fonte des neiges, sont à leur niveau le plus bas. Une pauvre gestion des terres et la sécheresse ont pratiquement transformé une grande partie du sud de l’Espagne en désert, les agriculteurs se disputant le peu d’eau qui reste. Le Queensland, en Australie, connait sa pire sécheresse, et des bestiaux ont dû être abattus en quantité considérable.
 
« La pénurie d’eau ne se limite pas aux pays en voie de développement », fait remarquer Zafar Adeel, directeur  de l’institut de l’université des Nations-Unies pour l’eau, l’environnement et la santé, et ancien président d’ONU-Eau, « aux Etats-Unis, du fait qu’il y a une quantité significative de ressources pour aider les gens à vaincre quelques-uns des défis posés par la pénurie d’eau, vous pouvez ne pas ressentir cette situation critique comme quelqu’un dans les pays en voie de développement, mais le problème est vraiment universel ».
 
La Banque Mondiale précise que 80 pays connaissent à présent de sérieuses pénuries d’eau. En dehors du Moyen-Orient et de l’Afrique, les régions connaissant les pires problèmes sont le sud de l’Australie, l’ouest des Etats-Unis, l’Asie centrale, le sud de l’Inde, le nord de la Chine, plusieurs régions de l’Amérique du Sud et le Mexique. Tout indique que les pénuries d’eau vont s’aggraver au cours des prochaines années, à moins que des mesures radicales ne soient prises.
 
Certes, la Terre est recouverte en grande partie d’eau. Néanmoins, seulement 2,5% de cette eau sont potables. « De cette quantité, seulement le tiers des réserves mondiales en eau potable est disponible. Le restant est emprisonné dans des glaciers et des calottes glaciaires, ou en profondeur », fait remarquer Andrew Maddocks, coordinateur de la communication du programme de l’eau à l’institut des ressources mondiales. « C’est un pourcentage minuscule de la quantité totale d’eau potable disponible en surface ou souterraine mais facilement accessible ».
 
C’est de cette eau, si importante pour la vie, et qui fait de plus en plus défaut, qu’il est question.
 

Les facteurs responsables de la crise

Qu’est-ce qui provoque cette pénurie de l’eau ?
 
  • La croissance démographique

Au 20e siècle, la population mondiale est passée de 1,7 milliards à 6,6 milliards. Or, l’approvisionnement en eau potable est limité.

En somme, « si vous avez 400 litres d’eau par personne, et que la population double, chaque personne n’a plus que 200 litres d’eau, fait remarquer Aaron Wolfe, professeur de géographie à  Oregon State University, et directeur du Transboundary Freshwater Dispute Database Project. Avec plus de gens sur la Terre, il y a moins d’eau à distribuer ».
 
À présent, 70% de l’eau potable disponible sont utilisés pour l’agriculture. « À mesure que les populations s’accroissent, cela draine davantage les ressources en eau, note Maddocks. Des cultures comme le maïs, le soja, l’orge et le blé requièrent beaucoup d’eau. Plus il y a de gens, et plus la demande pour ces cultures exigeant beaucoup d’eau s’accroit ».
 
La population mondiale s’accroit de 80 millions chaque année, selon les statistiques de la Banque Mondiale, et l’on prévoit que la population mondiale atteindra les 9,6 milliards d’ici à 2050. La plus grande croissance aura lieu dans les villes, ce qui drainera considérablement les ressources en eau rurales.
 
D’après plusieurs rapports des Nations Unies, 93% de la croissance urbaine ont lieu dans les pays en voie de développement. La région qui se développe le plus, l’Afrique sub-saharienne, devrait doubler sa population urbaine d’ici 2030. Si nous n’agissons pas maintenant, « cela drainera non seulement leur approvisionnement en eau déjà limité, mais cela signifie en outre qu’il y aura plus de bidonvilles et, de ce fait, une pollution accrue de l’eau », avertit Olcay Ünver, directeur adjoint de la division des territoires et de la distribution de l’eau de l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies.
 
  • Une demande accrue
En plus de la croissance démographique, la consommation d’eau, par personne, a doublé au siècle dernier. Cela est dû, comme l’a dit Ünver, à une affluence accrue. « Un nombre accru de personnes s’extirpant de la pauvreté, elles consomment plus de repas (mangeant, par exemple, trois fois par jour au lieu de deux), mangent plus de viande (dont la production exige plus d’eau que les légumes ou les céréales) ».
 
Cette nouvelle classe moyenne  achète des machines à laver le linge ou la vaisselle, prend plus de douches, s’équipe de plus en plus de toilettes, de piscines, etc. On achète également plus d’articles comme des vêtements, de l’électronique et des automobiles, dont la fabrication requiert aussi une certaine quantité d’eau.   
 
Toutes ces améliorations ont augmenté la demande énergétique. Et comme le fait remarquer Adeel, « Toute production énergétique – quelle qu’elle soit – requiert de l’eau ». Produire de l’électricité au moyen d’énergie nucléaire ou à partir de carburants fossiles requiert de l’eau. Extraire du pétrole ou du gaz naturel du sol, par fracturation hydraulique exige beaucoup d’eau ».
 
  • L’extraction excessive de l’eau souterraine
Faisant face à une pénurie croissante d’eau potable, les gouvernements se sont mis à puiser de plus en plus dans les réserves d’eau souterraines. « Nous soutirons ces réserves cachées et essentiellement non renouvelables d’eau souterraine à un rythme insoutenable dans les régions les plus arides du globe, menaçant notre avenir », avertit Ünver. On épuise les aquifères dans l’ouest et dans le centre des Etats-Unis, dans le nord de la Chine, au Pakistan, au Bangladesh, en Iran, au Mexique et en Europe.
 
Les Nations Unies estiment que l’extraction des sources aquifères souterraines a triplé ces 50 dernières années. Selon Maddocks, l’une des questions-clés est que, « dans la plupart des régions, il est impossible de déterminer avec exactitude quelle quantité d’eau souterraine est disponible. Cela équivaut à effectuer des retraits bancaires sans connaître le solde de son compte ». Entre-temps, on continue de puiser comme si les réserves étaient inépuisables.
 
Steven Downey, responsable des communiqués du Global Water Partnership précise : « Remplacer les réserves en eau, par les cycles hydrologiques, peut prendre plusieurs centaines d’années, voire même plusieurs milliers d’années. Par conséquent, soyons pratiques : là où nous drainons les aquifères, l’eau ne va pas être remplacée ».
 
  • Une mauvaise gestion des ressources en eau
Beaucoup d’eau est gaspillée du fait d’une distribution défectueuse. Cela se produit dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement. La société américaine des eaux estime que 10 milliards de litres d’eau (soit un sixième de l’eau traitée aux Etats-Unis) sont gâchées chaque année. 
 
« Aux Etats-Unis, d’après Maddocks, bon nombre de nos grandes villes ont des systèmes d’écoulement d’eaux usées et des centres de traitement d’eau qui ont plus de 100 ans et ont au minimum plusieurs dizaines d’années, et cela veut dire qu’il y a beaucoup de fuites, de conduits fissurés ou éclatés, et autres problèmes. C’est minime au niveau de l’agriculture et de l’énergie, mais c’est toujours considérable ».
 
L’inefficacité dans les méthodes agricoles est également un facteur notoire. Selon l’institut international de gestion des ressources en eau, au moins 70% de l’eau utilisée par les agriculteurs n’atteint jamais les cultures, se perdant dans la nature du fait de fuites. De meilleurs systèmes d’approvisionnement sont nécessaires pour rendre l’irrigation plus efficace, mais de nombreux pays n’ont pas les moyens financiers nécessaires d’effectuer ces améliorations.
 
  • Les conditions atmosphériques changeantes 
« D’importants changements se produisent dans le cycle hydrologique, du fait des changements météorologiques du temps », fait remarquer Ünver. L’eau est « redistribuée » globalement par le cycle hydrologique, ce qui fait que certaines régions connaissent des inondations et des moussons, alors que d’autres sont de plus en plus sujettes à la sécheresse.
 
Il est clair qu’on constate, depuis quelques années,  une augmentation tant dans la sévérité que dans la fréquence d’événements climatiques extrêmes, ajoute Downey. La sécheresse peut évidemment provoquer une pénurie d’eau. Néanmoins, les inondations et les tempêtes peuvent également affecter sérieusement l’approvisionnement en eau.
 
« Dans de nombreux pays pauvres, les infrastructures hydrauliques sont inadéquates. Une tempête peut détruire les barrages de terre et les citernes installées sur les toits. Même dans un pays nanti comme les Etats-Unis, l’ouragan Katrina a réussi à détruire les digues ». Et pas seulement cela, mais « dans de nombreux pays, l’eau des inondations contient beaucoup de polluants qui risquent de se retrouver dans les réserves d’eau potable comme les aquifères souterrains. »
 
  • La pollution
Les déchets industriels, les eaux d’irrigation des cultures et les eaux d’égout ont aggravé la crise de l’eau. « Le problème, précise Wolf, n’est pas seulement la pénurie d’eau, mais la pénurie d’eau potable ».
 
Près de la moitié des étendues d’eau, en Europe, contiennent des niveaux dangereux de poisons chimiques. Environ 70% des rivières et des lacs, en Chine, sont contaminés par des déchets industriels, et près de 60% de ses eaux souterraines sont polluées. Dans les pays développés, 90%, environ, des eaux d’égout sont déversées dans des rivières et autres voies d’eau, pratiquement non traitées. Et la liste ne s’arrête pas là.
 

Les ramifications

Ces tendances sont inquiétantes. Comment vont-elles nous affecter ?
 
  • Les conséquences sur la santé
L’une des ramifications les plus sérieuses concerne notre santé. « Notamment dans les pays en voie de développement, précise Wolf, souvent, les gens n’ont pas accès à de l’eau potable ; aussi se servent-ils de ce qu’ils ont sous la main, même si cette eau est sale. » Selon lui, entre cinq et dix millions de personnes meurent chaque année de maladies causées par l’utilisation d’eau non potable. 
 
Si les pénuries s’aggravent, il n’y aura plus assez d’eau pour les cultures. Un nombre croissant de personnes pourraient souffrir de faim et de malnutrition.
 
D’ici à 2030, à mesure que les populations s’accroissent, l’institut international de gestion des ressources en eau (IWMI) prévoit que les agriculteurs auront la moitié de l’eau potable dont ils disposent à présent pour faire pousser leurs cultures – ce qui est paradoxal à une époque où les besoins alimentaires du monde auront augmenté de 50%.
 
  • Les implications économiques
Les pénuries d’eau peuvent provoquer des pénuries d’énergie, qui, par un effet de dominos, peuvent nuire aux commerces et aux industries. On peut citer à cet effet la sécheresse de Sao Paulo, au Brésil, en 2001 et 2002.
 
Comme l’explique Maddock, « cette sécheresse a provoqué une réduction de la production hydroélectrique produite par l’eau traversant les barrages, réduisant la quantité d’énergie produite. Cela a provoqué des pannes d’électricité et un rationnement de cette dernière ». En fin de compte, cela a coûté au Brésil près de 1,5% de son PIB en 2001. « Quand les ressources hydroélectriques ne sont pas fiables, pratiquement tous les secteurs de l’économie sont affectés ».
 
  • Les risques de conflits
Troisièmement, les pénuries d’eau risquent de contribuer à des conflits géopolitiques.
 

En quête de solutions

Bien qu’il n’y ait pas de solution facile aux pénuries d’eau, plusieurs options existent tant au niveau de la qualité, que de la quantité, d’eau disponible. « La communauté globale est consciente de la question de l’eau ; et la technologie, ainsi que des solutions, existent, précise Wolf. C’est simplement une question de ressources et de volonté politique ».
 
La plus grande quantité d’eau potable utilisée l’étant pour l’agriculture, on encourage de plus en plus les agriculteurs à utiliser des systèmes d’irrigation au goutte à goutte (ce qui donne aux plants juste l’eau dont ils ont besoin), et de faire des cultures résistantes au sel et à la sécheresse.
 
On encourage également les municipalités à améliorer leurs systèmes de distribution d’eau ; à réparer les canalisations endommagées pour éviter les fuites ; à recueillir les eaux de pluie ; à réutiliser les eaux usées en agriculture ; à dessaler l’eau de mer ; à utiliser plus fréquemment des sources d’énergie renouvelable comme l’énergie éolienne ou l’énergie solaire ; et l’on cherche à éduquer le public pour qu’il surveille sa consommation d’eau. Les technologies innovatrices comme la fracturation sans eau, les toilettes sans eau, et des machines à laver économisant l’eau peuvent également être fort utiles.
 
Comme le fait remarquer Adeel, « Les gens doivent être davantage conscients de la quantité d’eau qu’ils consomment, et être plus frugaux dans ce domaine. Les gouvernements doivent améliorer leur politique de l’eau et faire en sorte qu’elle favorise l’efficacité et la conservation. Les nations doivent négocier l’altération de cours d’eau et partager les eaux souterraines, ne pas agir isolément ».
 
Adeel pense que le monde doit agir rapidement afin d’éviter une crise de l’eau d’énormes proportions. « Si nous continuons notre petit bonhomme de chemin, le monde aura besoin de 40% d’eau en plus, d’ici 20 ans. Mais si nous modifions notre usage de l’eau, nous pourrions en fait économiser 40% de notre consommation actuelle. C’est aujourd’hui, et non demain, que nous devons commencer à inverser la tendance ».
 
Pour mieux comprendre l’importance que la Bible donne à cette question, lisez l’article intitulé « L’eau dans les prophéties bibliques ».

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