On a changé ces jours sans pouvoir les éliminer

Jésus et l’Église primitive faisaient des choses qui peuvent nous sembler étranges. En quoi – et pourquoi – a-t-on cessé de faire ce que Jésus faisait ?

Si vous appartenez à une Église chrétienne traditionnelle et si vous pouviez voyager dans le temps et vous retrouver près de 2 000 ans en arrière, à l’époque de l’Église primitive du Nouveau Testament,  ne serait-ce pas fascinant ?

En fait, sans doute seriez-vous dérouté. Si vous parliez à quelqu’un des doctrines et des pratiques religieuses du 21e siècle, on s’empresserait de vous traiter d’hérétique ! Vous vous sentiriez perdu, ne sachant que penser, ne vous sentant pas à votre place, et on vous trouverait, à coup sûr, bien … étrange !

Et si les membres de l’Église primitive étaient ressuscités à notre époque et placés dans l’une des Églises conventionnelles actuelles, ils n’y trouveraient pratiquement rien de familier non plus. En effet, les pratiques du christianisme actuel n’ont pratiquement rien en commun avec celles de Jésus et de l’Église qu’Il a fondée.

Poursuivant votre périple imaginaire au premier siècle, vous remarqueriez que les membres de l’Église primitive ignorent de quoi vous parlez quand vous mentionnez la doctrine de la Trinité, celle de l’immortalité de l’âme, celle de l’enlèvement [ou ravissement] secret, leur parlez du baptême par aspersion, leur dites qu’on va soit au ciel soit en enfer quand on meurt, et autres doctrines du même genre couramment acceptées de nos jours !

Sans doute votre première surprise serait de ne trouver personne lorsque vous vous rendez à l’office religieux le dimanche. Et si vous leur parliez du dimanche de Pâques, on vous dirait : « De quoi s’agit-il ? »

Pourquoi l’Église du premier siècle semblerait-elle si bizarre ? Parce que les enseignements clés de Jésus et des apôtres ont systématiquement été abandonnés et remplacés, au fil des années, par d’autres idées !

Que s’est-il passé ? Et pourquoi ?

Jésus savait que Ses adversaires Le tueraient, pour commencer, et que d’autres suivraient, essayant de supprimer ou de réinterpréter Ses enseignements et Ses pratiques.

Il ne mâcha pas Ses mots, déclarant par exemple : « Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens » (Matthieu 24:4-5). Et d’ajouter : « Plusieurs [certaines traductions ont ‘beaucoup de’] faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens » (verset 11).

Cela ne prit pas bien longtemps. Un thème revient souvent dans les écrits de Paul, de Pierre, de Jean et de Jude : ils ne cessaient de s’ériger contre les changements hérétiques affligeant l’Église primitive. Et ce qui était aussi ironique, c’est qu’ils s’apercevaient que leurs propos étaient souvent déformés par ces charlatans.

Notez ce que Pierre a écrit à propos des Épîtres de Paul : « C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine » (2 Pierre 3:16).

Paul ne reconnaitrait pas les enseignements et les pratiques de la plupart des Églises d’aujourd’hui, et il est facile de comprendre qu’il serait horrifié de constater à quel point ses paroles ont été tordues pour justifier la plupart des doctrines actuelles.  En fait, peut-être n’en serait-il pas surpris !

N’en fit il pas, de son temps, l’expérience ? Il écrivit aux Galates : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre évangile. Non pas qu’il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent altérer l’Evangile de Christ » (Galates 1:6-7).

Jude mena le même combat. Il se sentit « obligé de vous envoyer cette lettre pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3).

Comment la foi fut abandonnée

L’histoire révèle clairement  que « la foi transmise aux saints une fois pour toutes » fut rapidement abandonnée. Moins d’un siècle après Christ, Sixte 1er poussa l’Église de Rome à se débarrasser  des coutumes « juives » et à en adopter des nouvelles.

Sur ses talons, Victor provoqua une controverse énorme en pressant l’Église romaine  de cesser d’observer la Pâque (commémorant la mort de Christ) et d’adopter le dimanche de Pâques (pour célébrer, supposément Sa résurrection). Il dut affronter un adversaire farouche en la personne de Polycrate d’Éphèse.

L’historien Eusèbe relate la brave défense de Polycrate dans laquelle il nomme un grand nombre de personnes fidèles aux enseignements de Christ : « Tous ceux-ci, écrivit-il, observaient le 14e jour de la Pâque, conformément à l’Évangile, ne s’en écartant pas le moins du monde, mais se conformant à la règle de foi. Et moi, Polycrate […] de même que mes proches, avons toujours observé le jour où l’on se débarrasse du levain [la fête biblique des pains sans levain]. Par conséquent, frères, moi qui ait vécu 65 ans dans le Seigneur, et qui ait rencontré les frères dans le monde, j’ai consulté toutes les Saintes Écritures, et les menaces ne me font pas peur. En effet, ceux qui m’ont surpassé ont déclaré qu’il faut “obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” ».

L’agenda de Victor finit par prévaloir, le concile de Nicée ayant tranché la question en 325 de notre ère.

En coulisse

Or, pourquoi chercher à provoquer  un tel bouleversement en imposant ce changement doctrinal dans la pratique ecclésiastique ? Et la situation allait s’envenimer. Quelque chose de bien plus sinistre que quelques idées doctrinales nouvelles couvait en coulisse.

Une autre force motrice avait commencé à influencer les gens : l’antisémitisme. Certes, Jésus était juif. Mais les apôtres aussi. Et, pour eux, la Pâque et les autres fêtes bibliques n’étaient pas juives ; c’étaient les fêtes de Dieu ! Mais tout ce qui avait un rapport quelconque, réel ou apparent, avec les Juifs allait dorénavant être visé.

Constantin, le premier empereur romain à se convertir au christianisme – comme il le révéla dans sa lettre aux délégués assemblés à Nicée – montra à quel point il haïssait tout ce qui, de près ou de loin, avait un lien quelconque avec le judaïsme :

« Il a été décrété inutile d’observer cette fête des plus sacrées [la Pâque] selon la pratique des Juifs ; ayant souillé leurs mains par un crime haineux, ces hommes couverts de sang sont, comme il faut s’y attendre, mentalement aveugles […] N’ayez rien en commun avec cette populace juive détestable ! Nous tenons du Sauveur une autre voie […] Adoptons de concert cette dernière […] et détachons-nous totalement de cette complicité dégoûtante. Il est en effet plutôt grotesque pour eux de s’enorgueillir que nous serions bien incapables d’observer ces ordonnances sans leurs instructions » (Eusebius, Life of Constantine, 3.18.2-3 ; c’est nous qui traduisons).

Constantin avait tort. Ils n’avaient pas reçu du Sauveur « une autre voie ». Paul avait explicitement écrit, à propos de l’observance et de la signification de la Pâque : « J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné » (1 Corinthiens 11:23). Ces responsables ecclésiastiques préférèrent se laisser guider par un empereur romain plutôt que par un apôtre du Nouveau Testament, institutionnalisant le dimanche de Pâques et le déclarant chrétien et marginalisant la Pâque comme juive.

Le sabbat connut le même sort, à partir de la même logique, les dirigeants ecclésiastiques le remplaçant par le dimanche.

Du concile de Laodicée, en 365, sortit le canon 29 selon lequel « les chrétiens ne doivent pas judaïser en se reposant le jour du sabbat ; ils doivent travailler ce jour-là, honorant plutôt le Jour du Seigneur et, si possible, se reposer comme chrétiens. Si l’on en voit judaïser, qu’ils soient anathèmes [maudits ] par rapport à Christ ».

Vraiment ? Adorer Dieu les mêmes jours que Jésus attirerait sur vous une malédiction ?

Ceci soulève une question troublante : Tout changement doctrinal quel qu’il soit, notamment à propos d’une croyance ou d’une pratique fondamentale,  est-il légitime quand il est dicté par l’antisémitisme ?

Il est vrai que certains juifs étaient une épine dans le pied de l’Empire romain, et que certaines factions religieuses juives persécutaient les chrétiens (dont des milliers étaient eux-mêmes juifs !) Mais si nous permettons à notre animosité envers tel ou tel groupe d’affecter notre intégrité au niveau de l’interprétation des Saintes écritures, cela nous met en conflit avec Dieu.

Le sabbat n’appartenait pas aux juifs. C’est Dieu qui l’a institué. Jésus a précisé : « Le sabbat a été fait pour l’homme [pas seulement pour les Juifs], et non l’homme pour le sabbat ». Et Jésus d’ajouter : « de sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat » (Marc 2:27-28).

Plusieurs siècles auparavant, quand Dieu donna à Israël Ses jours saints, Il déclara : « Les fêtes de l’Eternel, que vous publierez, seront de saintes convocations. Voici quelles sont mes fêtes » (Lévitique 23:2 ; c’est nous qui soulignons, tout du long). Ce sont les mêmes fêtes que nous retrouvons dans l’histoire et dans la Bible et que l’Église primitive du Nouveau Testament célébrait. Il n’a jamais été question de « fêtes juives » ni de « sabbat des juifs » ; c’étaient –et ce sont – des jours désignés par Dieu et Lui appartenant !

Dieu a-t-Il autorisé qui que ce soit à changer Ses jours saints ? Quand ? Est-Il d’accord quand des hommes rejettent le Quatrième Commandement, remplaçant le sabbat – qu’Il a créé, sanctifié, et déclaré sacré – par le dimanche ? Dieu approuve-t-Il si nous remplaçons Ses jours saints par d’autres jours, empruntés de religions non chrétiennes ?

L’histoire révèle qu’au fil des années, il y a toujours eu de petits groupes qui ont dit « Non ! Dieu n’approuve pas ! » Ils ont certes été peu nombreux, surtout face aux horribles persécutions déclenchées contre eux, mais ils ont toujours maintenu les doctrines et les pratiques de Christ et de l’Église du Nouveau Testament. Certains ont même payé de leur vie, avec courage et conviction, refusant de faire des compromis avec la vérité.

Ils savaient, quand des changements doctrinaux avaient lieu, qu’ils n’étaient pas bibliques, et ils savaient que les motifs de ceux qui les introduisaient étaient iniques.

Daniel Augsburger, professeur de théologie historique à Andrews University, a écrit ce qui suit dans The Sabbath in Scripture and History : « Pendant toute cette période, il y avait des groupes de gens  qui – soit par l’exemple des Juifs, soit par leur étude des Écritures – s’efforçaient d’observer le jour que Jésus et les apôtres avaient observé. Il est évident que nous ne savons pas grand-chose de leur nombre ou de leurs noms, mais leur présence indique qu’à toutes les époques il y en a eu qui se sont efforcés d’accorder plus d’importance à la Parole de Dieu qu’aux traditions humaines » (1982, p. 210).

Une question d’autorité

Toute pratique religieuse puise son autorité de quelque part. Qui a modelé vos croyances actuelles ? Si elles diffèrent de ce que déclare la Bible et de ce que l’Église primitive pratiquait, quelqu’un avait-il – ou a-t-il – l’autorité d’effectuer de tels changements ?

La plupart des gens acceptent ce qu’on leur a appris. Certains essaient de trouver dans certains versets bibliques quelque chose justifiant leur position doctrinale. D’autres sont plus honnêtes avec l’histoire et reconnaissent avoir effectué certains changements. Thomas d’Aquin, par exemple – l’un des théologiens les plus influents, a écrit : « Dans la nouvelle loi, l’observance du jour du Seigneur a remplacé celle du sabbat, non du fait d’un précepte quelconque, mais parce que l’Église en a décidé ainsi et parce que c’est la coutume des chrétiens ».

Le Catholic Virginian a fait l’aveu suivant : « Nous croyons tous bien des choses, en matière de religion, que nous ne trouvons pas dans la Bible. Par exemple, nous ne trouvons nulle part dans cette dernière que Christ et les apôtres aient ordonné qu’on se mette à célébrer le sabbat le dimanche. Nous avons le commandement de Dieu, donné à Moïse, de sanctifier le jour du sabbat, c’est-à-dire le 7e jour de la semaine, le samedi. À présent, la plupart des chrétiens observent le dimanche parce que cela nous a été révélé par l’Église, mais ce n’est pas dans la Bible ».

Déclaration fort honnête. Néanmoins, l’honnêteté ne saurait se substituer à l’autorité de Dieu.

Le dimanche de Pâques est, pour le christianisme traditionnel,  la fête la plus sacrée de l’année. Or, la plupart des fidèles ignorent que des hommes se sont arrogé l’autorité de l’instituer ; et que cette décision ne vient pas de Dieu. Les avertissements de Jésus et de Ses apôtres se sont avérés justifiés. Paul n’avertit-il pas les anciens, à Éphèse, « Il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux » (Actes 20:30) ?

Certains d’entre eux changèrent les jours que Jésus et l’Église primitive observaient, mais ils ne purent pas totalement les éliminer.

Cela importe-t-il ? Tout compte fait, pouvons-nous prétendre adorer le Sauveur qui a donné Sa vie pour nous quand nous suivons ceux qui ont essayé de supprimer Ses doctrines et Ses pratiques ?

Ce que l’apôtre Jean a déclaré était fort à propos : « Celui qui dit qu’il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché lui-même » (1 Jean 2:6). Et « l’amour consiste à marcher selon ses commandements. C’est là le commandement dans lequel vous devez marcher, comme vous l’avez appris dès le commencement » (2 Jean 1:6).

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