Les livres montrant comment réussir dans les affaires ou s’améliorer ne manquent pas. Néanmoins, la clé d’une réussite durable est vitale et fait toute une différence.
Ce n’est pas quelque chose auquel on pense généralement, et pourtant, c’est aussi vieux que la Bible. Cette clé ne se limite pas à être visionnaire ni à se fixer des objectifs ; elle ne dépend pas de notre passion, de notre motivation, de notre débrouillardise ou de notre persévérance – lesquelles sont toutes importantes et nécessaires pour réussir – mais à mon avis, ces divers traits ne sont pas ce qu’il y a de plus important.
Cette clé, c’est l’humilité – une prise de conscience réaliste de notre fragilité par rapport à Dieu et à autrui.
Sans l’humilité, quel que soit le succès que vous rencontrez, ce dernier sera superficiel et dépourvu de joie. Pourquoi cela ?
Parce que l’humilité vous permet d’évaluer plus honnêtement vos réalisations ; elle refaçonne vos buts, votre passion et tous les autres facteurs responsables de votre réussite. L’humilité vous permet de bien réagir et d’avoir une bonne relation avec Dieu qui porte Ses regards « sur celui qui est humble et a l’esprit abattu » (Ésaïe 66:2 ; Bible Segond 21).
Examinons l’impact de l’humilité sur trois des étapes les plus reconnues menant à la réussite.
1. Le choix d’un but
Pratiquement quiconque élabore un plan pour réussir se fixe un but – qu’il se serve ou non de ces termes. Par exemple, dans son livre Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, Stephen R. Covey dit à ses lecteurs qu’ils doivent « commencer avec le but final à l’esprit », ce qui, en somme, revient à se fixer des buts.
L’humilité affecte le type de buts que vous vous fixez. Ces derniers sont-ils d’obtenir le maximum, qu’il s’agisse d’argent, de prestige ou de pouvoir ? Si c’est le cas, il s’agit de mauvais objectifs ! Par contre, si vos objectifs reflètent un désir de servir Dieu et des êtres humains, vous êtes sur la bonne voie.
Quand vous vous fixez des buts, gardez les deux grands commandements présents à l’esprit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » (Matthieu 22:37) et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (verset 39). Si, en élaborant vos plans, vous faites preuve d’humilité, vous reconnaissez les talents que Dieu vous a donnés et vous prévoyez les utiliser au service de Dieu et de Ses enfants.
2. La préparation et la connaissance
Vous n’accomplirez pas grand-chose dans la vie si vous ne vous préparez pas pour la voie que vous souhaitez suivre. Si, par exemple, vous souhaitez devenir électricien, vous ferez bien d’apprendre le plus possible dans ce domaine, sinon vous ne pourrez pas – ou ne serez pas autorisé à – faire le travail.
Quel rapport l’humilité a-t-elle avec le savoir ? Un grand ! Premièrement, vous devez reconnaître que vous n’avez pas réponse à tout. Vous pouvez, dans le domaine de votre choix, acquérir certaines connaissances d’autres personnes.
C’est assez simple, mais à un niveau plus élémentaire, l’humilité vous poussera à évaluer vos propres aptitudes et vos talents naturels par rapport aux domaines qui vous intéressent. Vous vous demanderez si vous êtes un bon candidat, non seulement parce que vous souhaitez réussir, non seulement pour votre propre satisfaction, mais aussi pour celle des autres.
Vous souhaiterez réussir pour vos proches qui dépendent de vos revenus ; pour vos collègues de travail qui dépendent de votre contribution professionnelle ; et pour les consommateurs ou les clients qui comptent sur vous pour que le travail soit bien fait.
Une fois que vous aurez honnêtement évalué les talents que Dieu vous a donnés, vous serez prêt à vous rendre efficace, par la formation qu’il faut, pour faire bon usage de ces talents.
3. L’enthousiasme
Un autre élément est souvent inclus dans les moyens de réussir : l’enthousiasme (voire même une certaine passion), et ce qui le motive. Quand on est indifférent, on n’agit pas, et l’on ne réussit donc pas. Mais comment l’humilité affecte-t-elle notre enthousiasme ?
Si vous vous souciez de ce que Dieu veut, et des besoins des autres, et si vous poursuivez des objectifs qui reflètent votre bénévolence en ce sens, vous êtes plus enthousiaste, plus passionné.
Supposons un instant que vous êtes vendeur. Si vous ne voyez guère comment un client éventuel pourrait profiter de votre produit, il vous sera pratiquement impossible d’avoir le bon jargon. Par contre, si vous êtes convaincu de l’utilité de votre produit, vous êtes bien plus motivé à le promouvoir.
Nous pourrions consacrer plusieurs pages à l’impact qu’a l’humilité sur d’autres traits et diverses actions liés à la réussite, mais parlons maintenant de la lutte inhérente que nous menons tous.
Revêtus d’humilité
Hélas, nous autres humains avons tendance à nous servir en premier. Nous sommes, de par notre nature, en guerre contre l’humilité, et nous le serons toujours. Pat Williams, dans son livre Humility: The Secret Ingredient of Success, a fini par se dire que ceux qui ont été véritablement grands, dans l’histoire, étaient aussi des personnes très humbles (2016, p. 18). Quiconque aspire à être grand doit d’abord reconnaître cette lutte interne, et choisir l’humilité :
« L’humilité est un choix, tout comme l’est l’ignorance. La bête sauvage de l’arrogance se tapit toujours en nous et ne peut être tempérée que par une force plus puissante, plus spirituelle : la force de caractère qu’est l’humilité. Nous devons constamment opter pour une attitude d’humilité – sinon, nous opterons instinctivement pour l’arrogance » (p. 40-41).
L’apôtre Pierre décrit ce choix par ces mots : « Revêtez-vous d’humilité » (1 Pierre 5:5). Ce choix de mots paraît étrange pour décrire le choix à faire, jusqu’à ce que nous vérifiions l’original grec. D’après The Expositor’s Bible Commentary, « Revêtez-vous » (egkombosasthe) est un mot rare s’appliquant à un esclave qui met un tablier avant de servir. Les chrétiens doivent donc imiter leur Seigneur, qui Se scint d’un linge pour servir » (1981, Vol. 12).
L’exemple de service de Christ
La deuxième phrase de l’Expositor cite Jean 13, où Christ est décrit assumant le rôle du plus humble des serviteurs pour laver les pieds de Ses disciples. Un aspect important dans l’idée de se revêtir d’humilité, de choisir de servir en décidant de faire ce dont les gens ont besoin.
Quel rapport l’humilité a-t-elle avec la réussite ? La réponse se trouve dans un passage parallèle. Cette nuit-là, la veille de Sa crucifixion, lorsque Christ prit le rôle d’un serviteur pour laver les pieds de Ses disciples, ces derniers se mirent à discuter de celui qui serait le plus grand dans le Royaume (Luc 22:24). En somme, ils se souciaient de leur propre réussite.
Ce que Christ déclara est significatif. Après avoir dit que les rois païens des nations « les dominent en seigneurs » (verset 25 ; Nouvelle Bible Segond), Christ dit à Ses disciples : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert » (verset 26 ; Nouvelle Édition de Genève).
Si nous voulons réussir, dans la vie, nous devons nous aussi opter constamment pour l’humilité.
Encadré: Que faut-il entendre par humilité ?
En cette ère narcissiste de médias sociaux et de selfies, l’idée que l’humilité soit importante pour réussir – et qu’elle soit même une clé indispensable à tout succès – paraît absurde. En effet, l’occident insiste sur l’importance de l’estime de soi, la déclarant essentielle au bien-être, depuis que le psychologue Abraham Maslow a publié sa pyramide des besoins, en 1943.
L’estime de soi n’est-elle pas contraire à l’humilité ? Être humble, n’est-ce pas s’estimer petit ou de peu d’importance ? Et si nous n’estimons pas être importants – pensant ne rien avoir à offrir – comment pourrait-on penser que nous le sommes ?
Cela s’explique quand on réfléchit à l’exemple de Christ. Nul ne prétendrait qu’Il Se considérait de peu d’importance, et nul ne prétendrait qu’Il manquait d’humilité.
Ayez en vous les pensées…
L’un des passages les plus touchants des Écritures est la lettre que Paul adressa à l’Église de Philippe. Paul y admoneste les membres à adopter l’approche de Christ, qui est une approche d’humilité :
« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres.
« Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ : existant en forme de Dieu, n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Philippiens 2:3-8).
Notons que Christ « étant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une usurpation d’être égal à Dieu » (verset 6 ; version Martin). Autrement dit, Il ne pensait pas avoir peu d’importance ; néanmoins, Christ « s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort » (verset 8).
Par conséquent, l’humilité ne se limite pas à l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes. Il est question de la manière dont nous voyons nos semblables. Nous ne devrions évidemment pas nous donner une importance exagérée, mais nier les talents que Dieu nous a donnés est tout aussi négatif. La bonne approche consiste à évaluer honnêtement nos propres aptitudes et à chercher à les utiliser au service d’autrui. C’est cela, la vraie humilité !