Vers la fin de son ministère, alors qu’il était confronté à une mort certaine, l’apôtre Paul a proclamé : « J’ai gardé la foi ». Que pouvons-nous apprendre de ces paroles chargées de sens ?
Une vague d’émotion a dû submerger le jeune pasteur lorsqu’il a lu les paroles de son mentor de longue date : « J’ai gardé la foi » (2 Timothée 4:7). Nous ne pouvons qu’imaginer l’effet qu’elles ont eu sur lui, suscitant des souvenirs qui jalonneraient sa vie entière. Timothée avait été témoin des nombreux triomphes de Paul, ainsi que beaucoup de souffrances. Il avait été avec l’apôtre lorsqu’il avait prêché l’Évangile pour la première fois en Europe (Actes 16:1-3, 6-13), et il avait été présent lorsque Paul et Silas avaient été battus et emprisonnés.
Le jeune pasteur avait servi avec Paul dans plusieurs villes où Dieu avait suscité des congrégations (Philippiens 2:19-22), bien que Timothée ait été alors trop jeune pour jouer un rôle de premier plan. Malgré tout, « Timothée semble avoir été l’un des compagnons les plus constants de l’apôtre Paul » (The Zondervan Pictorial Encyclopedia of the Bible, Vol. 5, p. 752). Paul, l’homme qui avait été comme un père pour lui (2 Timothée 1:2), était maintenant dans une prison romaine pour la deuxième fois. Et cette fois, ses perspectives de libération semblaient minces. Paul lui-même avait accepté sa situation, écrivant : « Car pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche » (2 Timothée 4:6). Il risquait d’être exécuté par les Romains.
« J’ai gardé la foi » : l’expression dans son contexte
En lisant la deuxième lettre de Paul, Timothée n’a probablement pas pu s’empêcher de remarquer combien de disciples autrefois fidèles du Christ avaient abandonné – ou pire, s’étaient opposés – à l’apôtre. La lettre est parsemée de noms, dont la plupart ne signifient pas grand-chose pour nous, mais qui ont peut-être beaucoup plus de sens pour Timothée. Dans le premier chapitre du livre, Paul écrit que « tous ceux qui sont en Asie se sont éloignés de moi » (2 Timothée 1:15), puis mentionne Phygelle et Hermogène par leurs noms. Timothée connaissait-il ces hommes ? Nous ne le savons pas, mais Paul les a nommés pour une raison, et cette tournure des événements a sûrement fait réfléchir le jeune pasteur.
Le chapitre suivant cite Hyménée et Philète comme des individus qui avaient prononcé des « discours vains et profanes » (2 Timothée 2:16-17). Le dernier chapitre note que Démas avait abandonné Paul et qu’« Alexandre, le forgeron, m’a fait beaucoup de mal » (2 Timothée 4:10, 14). En lisant le récit de tous ces individus, dont la plupart faisaient auparavant partie de l’Église de Dieu, Timothée a probablement été ému par la rapidité avec laquelle ils ont abandonné leur foi. C’est dans ce contexte que Paul a écrit que, contrairement à tant d’autres, il avait « gardé la foi ».
Une lettre de réconfort
Même si Paul a écrit à propos d’autres chrétiens qui avaient abandonné la foi, cette épître n’emprunte pas un ton décourageant. Au contraire, elle est remplie de paroles réconfortantes qui aident à rééquilibrer les déclarations austères de l’apôtre sur son propre avenir. Cette consolation est particulièrement évidente dans le premier chapitre.
En un sens, Paul disait à Timothée : « Je l’ai fait, et toi aussi tu peux le faire ! »
Paul commence sa lettre par sa salutation habituelle, dans laquelle il mentionne le désir que Dieu accorde la grâce et la paix aux destinataires. Toutes les lettres de l’apôtre incluent ces deux éléments dans les premiers versets. La salutation exprime sa réelle préoccupation. Les deux lettres à Timothée, cependant, mentionnent l’élément supplémentaire de la miséricorde (1 Timothée 1:2 ; 2 Timothée 1:2). Cet ajout a peut-être été motivé par les problèmes de santé de Timothée (1 Timothée 5:23), mais il peut aussi refléter l’inquiétude face aux difficultés auxquelles le jeune pasteur était confronté dans son ministère (Expositor’s Bible Commentary, Vol. 11, p. 349). Quoi qu’il en soit, ces mots révèlent l’attention affectueuse de son mentor.
Enchainant ensuite avec un autre encouragement frappant, Paul, porteur de l’Évangile aux Gentils, et l’un des serviteurs de Dieu parmi les plus dévoués et les plus industrieux, a pris le temps de prier pour son protégé ! En fait, il écrit : « nuit et jour je me souviens continuellement de toi dans mes prières » (2 Timothée 1:3). Le premier chapitre de cette lettre continue en rappelant à Timothée la foi de sa grand-mère Loïs et de sa mère Eunice (verset 5). Mais l’encouragement le plus fort vient peut-être plus tard, dans le dernier chapitre du livre, lorsque Paul écrit sur ses propres expériences, déclarant : « C’est le Seigneur qui m’a assisté et qui m’a fortifié » (2 Timothée 4:17).
Une lettre de direction pastorale
La deuxième épître de Paul à Timothée ne se contente pas d’informer le jeune homme de la situation de l’apôtre, ni de lui offrir des encouragements. C’est aussi une lettre de conseils avisés, offerts dans des circonstances difficiles. C’est l’orientation d’un mentor à son protégé, présentée face à la mort. Paul savait que les chrétiens du monde romain étaient confrontés à des épreuves et à des persécutions. Son sens de la responsabilité pastorale l’a poussé à s’efforcer de préparer Timothée à ses inévitables batailles spirituelles. Paul a peut-être bien vu Timothée comme un successeur dans son rôle ministériel. Selon The Zondervan Pictorial Encyclopedia of the Bible (Vol. 5, p. 753), cette dernière lettre de Paul à Timothée semble « être l’image d’un homme qui passe le flambeau à son successeur. La confiance de Paul en Timothée en tant que digne successeur est très évidente »(NDT).
C’est probablement la raison pour laquelle Paul a adressé une charge solennelle à Timothée dans cette lettre. Le mot grec diamartyromai, traduit dans la Nouvelle Édition de Genève par « conjure », pourrait être mieux traduit par « somme » (Bible Martin) ou « demande solennellement » (Nouvelle Bible en français courant).
Apprendre comment garder la foi
Bien que cette lettre soit adressée à Timothée et que Paul l’ait utilisée pour « passer le relais », pour ainsi dire, une grande partie de ce que l’apôtre vieillissant a écrit est un bon conseil pour tous les chrétiens. Il n’est pas surprenant que le premier conseil que Paul a donné à Timothée ait été de « ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains » (2 Timothée 1:6). L’aide de Dieu vient souvent par son Saint-Esprit, qui est l’une des clés les plus importantes de la réussite d’un chrétien face à l’adversité.
Nous accomplissons cette vivification le plus souvent par la prière, en étant en contact régulier avec notre Créateur. C’était vrai au premier siècle, et c’est vrai aujourd’hui. L’une des façons dont l’Esprit aide les chrétiens est dans nos efforts pour comprendre la Bible. Le Saint-Esprit ouvre notre esprit à la vérité de Dieu, mais nous devons également faire attention à la façon dont nous traitons les Écritures, « enseignant purement la parole de la vérité » (2 Timothée 2:15, Bible Martin). Paul a averti Timothée de ne pas se laisser distraire par une nouvelle approche scintillante de l’Écriture, mais de retenir « dans la foi et dans l’amour qui est en Jésus-Christ le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi » (2 Timothée 1:13 ; voir aussi 3:14-17).
Garder la foi dans les moments difficiles
Il existe une autre clé essentielle pour garder la foi, mais elle est un peu plus difficile que d’éveiller l’Esprit ou d’étudier la Parole de Dieu. Cette clé consiste à se préparer mentalement et spirituellement aux défis qui se présentent toujours. En effet, lorsque nous choisissons d’obéir à Dieu, nous nous différencions du monde. Nous ne poursuivons pas les mêmes objectifs et ce à quoi nous accordons de la valeur semble étrange au monde qui nous entoure.
Ce n’est pas la seule référence que Paul fait à la souffrance. L’apôtre a encouragé Timothée à se préparer à souffrir – à « partager avec moi les souffrances pour l’Évangile » – en évoquant ses propres souffrances quelques versets plus loin (2 Timothée 1:8, 12). Paul a parlé de cette souffrance inévitable à plusieurs reprises. Elle est attendue de « tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ » (2 Timothée 2:3, 9 ; 3:12). Savoir que ces souffrances viendront nous donne le temps de nous préparer, et une telle préparation spirituelle est importante si nous espérons garder la foi. Étudiez encore plus en profondeur cette importante épître dans notre article « 2 Timothée : la dernière lettre de Paul ».
« J’ai gardé la foi » comme déclaration récapitulative
Lorsque Paul a écrit « J’ai gardé la foi » vers la fin de cette lettre très personnelle et fort émouvante à son protégé bien-aimé, les mots transmettaient plusieurs concepts profonds. Tout d’abord, bien sûr, il s’agissait de paroles d’acceptation. Paul reconnaissait que sa vie et son œuvre touchaient à leur fin. Deuxièmement, ces mots encourageraient également Timothée et d’autres fidèles. Pourquoi ? Parce qu’ils ont mis en valeur la foi d’un homme qui a regardé vers Dieu, même face à la mort. Tout comme Paul avait demandé à Timothée de considérer la foi de sa mère et de sa grand-mère, l’apôtre a attiré l’attention sur sa propre foi, non pas pour se vanter, mais pour réconforter et pour inspirer.
Enfin, ces paroles étaient un rappel sobre adressé à un jeune pasteur au sujet de ses propres défis et de ses devoirs. En un sens, Paul disait à Timothée : « Je l’ai fait, et toi aussi tu peux le faire ! » En lisant cette lettre, nous devrions voir plus que l’exemple d’un homme qui a consacré sa vie au service de Dieu. Nous devrions voir l’épître comme un encouragement pour tous ceux qui suivent Christ, comme un rappel sobre de notre devoir en tant qu’élus de Dieu, et comme une question que nous devrions nous poser. Serons-nous, à la fin de notre vie, capables de faire écho aux paroles de Paul et de dire : « Moi aussi, j’ai gardé la foi » ? Continuez sur cette voie en étudiant les instructions bibliques contenues dans l’article Comment avoir plus de foi.