Foi et fidélité dans la Bible

L’Ancien Testament regorge d’exemples de foi, mais le mot « foi » y apparaît rarement. Par contre, la fidélité y est soulignée. Que conclure de cette disparité ?

On se demande pourquoi le mot « foi » apparaît rarement dans l’Ancien Testament. On ne le trouve en fait que six fois, dont Deutéronome 9:23 puis Hababuk 2:4, trois fois dans l’expression « de bonne foi » (Juges 16:15,16,19), et une fois dans l’expression « dignes de foi » (Ésaïe 8:2). Néanmoins, les deux mots hébreux traduits par « foi » dans ces passages proviennent de la même racine et sont traduits dans d’autres passages par « fidèle » ou « fidélité ».

On peut trouver étrange que le mot « foi » apparaisse rarement dans l’Ancien Testament et qu’il n’apparaisse nulle part dans le récit d’Abraham – père des croyants – dans 15 chapitres de la Genèse.

Par contre, les rédacteurs du Nouveau Testament se servent du mot grec pour « foi » plusieurs centaines de fois. Pour eux, l’Ancien Testament représentait pourtant les « Saintes Écritures ». Que conclure de cette disparité ? Peut-on mieux comprendre l’idée de foi dans le Nouveau Testament en étudiant l’insistance placée dans l’Ancien Testament sur la fidélité ?

Foi, fidélité et alliances dans l’Ancien Testament

Bien que le mot « foi » apparaisse rarement dans la plupart des traductions de l’Ancien Testament, il est question de cette qualité dans maints passages. C’est parce que Noé avait la foi qu’il construisit l’arche. C’est parce qu’Abraham croyait en Dieu qu’il offrit son fils Isaac quand Dieu lui demanda de le faire. C’est parce qu’il faisait confiance à Dieu que Moïse conduisit les Israélites hors d’Égypte. C’est par sa foi qu’Anne accomplit son vœu en confiant son fils à Samuel. En fait, Abraham, Moïse, David et beaucoup d’autres dans l’Ancien Testament sont mentionnés dans le 11e chapitre de l’épître aux Hébreux comme des héros de la foi. Il est clair que l’idée de « foi » est partout dans les pages de l’Ancien Testament, bien que ce mot ne s’y trouve que rarement.

Pour ce qui est de la fidélité de Dieu, prenons le cas de la relation que l’Éternel avait avec son peuple, dans l’Ancien Testament, notamment avec la nation d’Israël. La Bible décrit ces rapports comme des alliances. En somme, une alliance est un accord, un contrat. Dieu conclut une alliance officielle avec Israël au Sinaï (Exode 19:4-6). Quand nous pensons au mot « alliance » dans l’Ancien Testament, c’est celle qui nous vient à l’esprit en premier. Ce n’est cependant pas la seule alliance que Dieu conclut avec son peuple. Il fit aussi alliance avec Noé (Genèse 6:17-19) et avec Abraham (Genèse 15:1, 18 ; 17:1-22). Il était aussi lié avec Israël – les descendants des patriarches – avant de conclure l’Alliance du mont Sinaï (Exode 6:3-5).

Les alliances divines peuvent nous aider à établir le lien entre la foi et la fidélité à l’action. Comme cela est expliqué dans Zondervan’s Pictorial Encyclopedia of the Bible, « l’accent placé sur le traitement fidèle de Dieu pour son peuple et la réaction de ce dernier se situe dans la relation d’alliance qu’il a conclue avec Israël ».

La fidélité de Dieu

Le mot « alliance » apparaît plus de 280 fois dans l’Ancien Testament. Dans certains cas, il s’agit d’accords entre des êtres humains, comme celui d’Abraham avec Abimélec, roi des Philistins (Genèse 21:22-34), ou de l’alliance que Jacob conclut avec son beau-père Laban (Genèse 31:43-55). Néanmoins, ces alliances sont souvent conclues entre Dieu et des hommes, et dans tous ces cas, Dieu fait des promesses. Dans sa première alliance avec Noé, Dieu promit au patriarche et à sa famille de les protéger contre le déluge et de protéger une pair de toutes les espèces de la faune (Genèse 6:17- 19). Quand Dieu promit à Abraham de multiplier ses descendants et de faire de lui le « père d’une multitude de nations » (Genèse 17:4), il s’agissait d’une alliance.

La Bible montre que Dieu tient parole. On peut lire qu’il « se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob » (Exode 2:24) peu avant d’apparaître à Moïse dans le buisson ardent (Exode 3). Elle précise qu’il est « fidèle » et tient ses promesses : « Sache donc que c’est l’Éternel, ton Dieu, qui est Dieu. Ce Dieu fidèle garde son alliance et sa miséricorde jusqu’à la millième génération envers ceux qui l’aiment et qui observent ses commandements » (Deutéronome 7:9).

La fidélité et l’infidélité d’Israël

La fidélité divine n’est qu’un aspect des alliances divines. La plupart de ces alliances exigeait quelque chose du peuple. C’est ainsi qu’au mont Sinaï, quand Dieu promit à son peuple : « Vous m’appartiendrez entre tous les peuples », c’était à condition que les enfants d’Israël obéissent à l’Éternel (Exode 19:5).

Hélas, quand on lit l’histoire d’Israël, on découvre une succession de situations qui débute par l’infidélité du peuple choisi, suivie du retrait des bénédictions et de la protection divines, et qui se termine par des supplications pour sa délivrance. Une fois libéré, Israël ne tarde pas d’oublier de nouveau l’Éternel, et se retrouve au point de départ. Ce cycle se remarque notamment dans le livre des Juges. La Bible qualifie même l’infidélité d’Israël envers Dieu de « prostitution » (Juges 2:16-18) ou d’« adultère » (Jérémie 3:8-10). Cette métaphore est justifiée car l’adultère est une relation illicite dans laquelle on est infidèle envers son conjoint ou sa conjointe, et Israël reniait l’engagement qu’il avait pris avec Dieu.

Cette métaphore se situe au cœur de tout un livre prophétique. Dieu dit au prophète Osée : « Va, prends une femme prostituée » (Osée 1:2). Gomer, sa femme, représente Israël qui est infidèle, et Osée représente Dieu. Le mariage est une alliance ; par conséquent, Dieu a raison de qualifier les enfants d’Israël, qui sont infidèles, d’« enfants de prostitution » (même verset).

Une nouvelle alliance

L’infidélité de l’ancien Israël justifie le point de vue de Dieu quand il dit : « Oh ! s’ils avaient toujours ce même cœur pour me craindre et pour observer tous mes commandements » (Deutéronome 5:29). Et Dieu nous révèle l’étape suivante dans son plan ; il déclare, par la bouche de Jérémie, qu’il va conclure une alliance nouvelle avec son peuple :

« Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jérémie 31:33 ; lire à cet effet notre article en ligne En quoi la Nouvelle Alliance est-elle nouvelle ?). L’épître aux Hébreux cite ce passage (Hébreux 8:8-10), commençant par expliquer que Dieu a remplacé l’alliance qu’il avait conclue avec Israël et Juda « en leur adressant des reproches » (verset 8 ; version Ostervald). Et ce n’étaient pas les lois divines ou l’Ancienne Alliance qui étaient à blâmer, mais le peuple !

La Nouvelle Alliance est « plus excellente » car elle a été « établie sur de meilleures promesses » (verset 6), y compris le pardon des péchés et le don du Saint-Esprit qui permet d’avoir un autre cœur.

La foi du Nouveau Testament

Nous avons établi le lien entre la fidélité de Dieu et les alliances divines ; examinons quel rapport elles avaient avec la foi décrite dans le Nouveau Testament.

Contrairement à ce que l’on pense souvent, la foi ne se limite pas à se contenter de croire en Jésus. Dans le mot grec décrivant la foi, il y a l’idée de confiance, et cet aspect est évident dans les enseignements de Christ comme lorsqu’il utilise l’expression « gens de peu de foi » (Matthieu 8:26). Dans son sermon sur la montagne, Jésus se sert de cette expression quand il dit aux gens de ne pas s’inquiéter mais de faire confiance à leur Créateur (Matthieu 6:28-30). Il s’en sert encore après avoir calmé la tempête qui a tant effrayé ses disciples (Matthieu 8:23-27) et une fois encore quand Pierre, qui a commencé à marcher sur l’eau, commence à s’enfoncer (Matthieu 14:22-33). Dans ces situations, la foi en Dieu est surtout liée à la confiance. Le Père nous aime et, de ce fait, nous ne devrions ni nous inquiéter ni avoir peur.

La foi dans le Nouveau Testament

Notre Père céleste est amour, et il nous propose une Nouvelle Alliance. N’avons-nous aucune responsabilité dans cette alliance, comme le croient bien des soi-disant chrétiens ? Nullement ! En fait, notre foi en Dieu dérive de la manière dont nous traitons notre relation avec lui.

Prenons un exemple, dans le même ordre d’idée, mais qui n’a rien à voir avec la religion. Celui d’un emprunt pour l’achat d’une maison. Si vous versez fidèlement vos mensualités, vous êtes confiant que le prêteur n’effectuera pas de saisie. En revanche, si vous ne remboursez pas régulièrement votre hypothèque, vous n’allez pas être aussi serein.

Il en va de même pour nos rapports avec Dieu. Notre obéissance compte. Christ a dit, dans son sermon sur la montagne : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7:21). L’apôtre Jacques a repris la même idée : « Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres » (Jacques 2:18). Ce que Jacques voulait dire, c’est que la foi s’appuie sur la fidélité.

Nous commençons par reconnaître et par apprécier la fidélité de Dieu. Il la prouve à travers les pages de la Bible et (pour le chrétien mûr) par les expériences de sa vie. Ensuite, nous nous efforçons de faire la volonté divine, respectant fidèlement notre part du contrat – de l’Alliance – conclu avec lui. Ces « œuvres » dont parle Jacques nous rendent confiants ; nous ne les produirions pas si nous n’avions pas la foi ; par conséquent, ces œuvres confirment notre foi. Et non seulement cela, mais elles démontrent notre fidélité.

Ce que l’on constate, c’est que la foi – la vraie – est inséparable de la fidélité. La fidélité – celle de Dieu et la nôtre envers lui – est le fondement de notre foi. Vous pouvez approfondir le sujet en lisant notre article Le fruit de l’Esprit : la fidélité.

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