La foi grandissante de Gédéon

Dieu a délivré Israël de milliers de Madianites en maraude par l’intermédiaire d’un jeune homme improbable : Gédéon. Que pouvons-nous apprendre de lui et de sa foi grandissante ?

Brisant la cruche qui cachait sa torche, Gédéon sonna de la trompette. Immédiatement, des torches commencèrent à apparaître en cercle autour du campement ennemi. Au même moment, les sons de trompettes et les cris des hommes semblaient venir de toutes les directions (Juges 7:19-20). C’est ainsi que Gédéon, avec seulement 300 hommes, commença sa campagne contre un ennemi « aussi nombreux que les sauterelles » (verset 12). En fait, les forces combinées des Madianites, des Amalécites et du « peuple de l’Orient » comptaient environ 135 000 guerriers (Juges 8:10). Gédéon n’a pas toujours eu le genre de foi nécessaire pour attaquer une force numériquement supérieure, car il était craintif, tout comme ses compatriotes israélites. Comment un jeune homme auparavant timide a-t-il pu se lancer dans une tâche aussi dangereuse ? Le livre des Juges nous parle de la foi grandissante de Gédéon.

Un « vaillant héros »

La Bible nous présente Gédéon comme un jeune homme battant du blé au pressoir. Pour le lecteur de l’Antiquité, ce lieu de travail choisi par Gédéon tombait sous le sens, mais pour nous aujourd’hui, celui-ci n’est sans doute pas aussi évident. Dans l'ancien Israël, un pressoir était généralement relié à une cuve à vin, taillée dans la pierre, permettant aux ouvriers de récupérer le jus des raisins qu'ils foulaient. Essentiellement, ces cuves étaient de grands trous dans le sol dans lesquels le liquide s'écoulait. Le vannage du blé nécessitait un espace plus ouvert pour profiter de la brise. Bien que le blé puisse être battu dans une fosse, cela nécessiterait de le déplacer ultérieurement vers un espace ouvert pour le vannage. La pratique habituelle était donc de battre et de vanner au même endroit.

Considérer la vie remarquable de Gédéon et lire comment l’Éternel a travaillé avec lui devrait réconforter tout le peuple de Dieu aujourd’hui. Cependant, Gédéon « battait du froment au pressoir, pour le mettre à l’abri de Madian » (Juges 6:11). Ce choix était peut-être sage dans les circonstances du moment, mais il n’affublait pas Gédéon d’une réputation particulièrement audacieuse. C’est pourquoi il y a une certaine ironie dans la façon dont « l’Ange de l’Éternel » s’adresse à Gédéon : « L’Éternel est avec toi, vaillant homme ! » (verset 12, Tanakh). Dans la Bible, cette expression est parfois utilisée pour décrire des hommes prospères, plutôt que de valeureux guerriers ; mais même dans un tel cas, ces mots pourraient quand même paraître ironiques.

Une offrande et la foi grandissante de Gédéon

Lorsque Gédéon rencontra « l’Ange du Seigneur », il était sceptique et inquiet, allant même jusqu’à contester le message reçu. Au lieu de croire que Dieu était avec lui, Gédéon s’est permis de répliquer en disant : « L’Éternel nous a abandonnés et nous a livrés entre les mains des Madianites » (verset 13). Le titre « Ange du Seigneur » est parfois appliqué directement à Dieu. Le visiteur, désormais identifié dans le texte comme « l’Éternel », parla à nouveau de la puissance de Gédéon. Tout en rassurant Gédéon, il confirma sa propre identité en disant : « n’est-ce pas Moi qui t’envoie ? (verset 14). Gédéon essaya une seconde fois de convaincre son visiteur qu'il n'était pas qualifié pour sauver Israël, affirmant que son clan était le plus faible ou le plus pauvre de Manassé et qu'il était un membre sans importance de la famille (verset 15). Or Gédéon n’était pas pauvre. Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, le lecteur apprend qu'il avait au moins 10 serviteurs (verset 27). Malgré les protestations de Gédéon, le Seigneur n’a pas renoncé, mais il a réitéré sa promesse d’être avec lui, tout en l’assurant qu’il battrait « Madian comme un seul homme » (verset 16). À ce stade, Gédéon céda, mais demanda un signe (verset 17), quelque chose de plus que des assurances verbales.

Gédéon partit alors préparer un repas pour son visiteur. Le mot traduit par « offrande » au verset 18 pourrait faire référence à un don d’hospitalité fait à un visiteur humain, ou il pourrait décrire une offrande faite à Dieu. Selon les notes de Barnes, ce « double sens » du mot « convient au doute présent dans l’esprit de Gédéon quant à l’identité de son visiteur » (NDT). La taille de l’offrande, qu’elle soit donnée en guise d’hospitalité ou comme offrande à Dieu, était pourtant particulièrement impressionnante en cette période de disette. Ajoutée à l’indice des serviteurs de Gédéon, l’amplitude de cette offrande nous confirme une fois de plus qu’il n’était pas aussi pauvre qu’il le prétendait. L'offrande fut consommée dans un feu soudainement allumé par l'Ange de l'Éternel, au moment où il toucha la viande et le pain avec son bâton. À ce moment-là, Gédéon « vit que c’était l’Ange de l’Éternel » (verset 22, Bible Martin).

La première mission de Gédéon et la croissance de sa foi

Dieu n’a pas lancé Gédéon directement dans le combat après lui avoir révélé le premier signe confirmant son identité. Au lieu de cela, il a confié au jeune homme une tâche à accomplir dans sa propre ville d’Ophra : démolir l’autel de Bâal et le pieu sacré qui le surplombe, une image en bois d’Ashéra, la déesse associée à Bâal. Gédéon a accompli son devoir la nuit même où Dieu l'a mandaté (verset 25), démontrant sa croyance après avoir été témoin du miracle de l'offrande. Même s’il obéissait, il choisit d’agir la nuit « parce qu’il craignait la maison de son père et les hommes de la ville » (verset 27). Sa crainte n’était pas infondée. Une fois que les gens ont découvert qui avait détruit leur autel et leur image, ils étaient déterminés à ce que Gédéon en paie le prix de sa vie (verset 30). Le père de Gédéon, Joas, a convaincu la populace assoiffée de sang que si Bâal était vraiment un dieu, il pourrait lui-même se venger de Gédéon (verset 31). Dieu a montré à cet « homme vaillant et valeureux » qu’il ​​était vraiment avec lui. Gédéon a échappé à la colère des idolâtres de sa ville.

La rosée, la toison et la foi de Gédéon

Dans la foulée de la destruction de l’autel de Bâal, les Madianites et leurs alliés traversèrent le Jourdain pour attaquer à nouveau Israël (verset 33). Gédéon, rempli de l’Esprit de Dieu, réunit les hommes de son clan d’Abiézer, ceux de sa tribu de Manassé et les hommes des tribus voisines d'Aser, Zabulon et Nephtali (versets 34-35). Mais pourquoi pas toutes les tribus ? Les Madianites campaient dans la vallée de Jizréel, il était donc naturel pour Gédéon de convoquer les tribus les plus proches de ces terres agricoles fertiles.

Gédéon était prêt à obéir à Dieu et à combattre les envahisseurs, mais une fois de plus, il cherchait à se rassurer. Il demanda à Dieu d’accomplir deux miracles avec la rosée nocturne et une toison de laine qu'il a laissée sur l'aire (versets 36-40). Au matin, comme Gédéon l'avait demandé, la toison était saturée d'humidité, mais le sol était sec. Le lendemain matin, toujours comme Gédéon l'avait demandé, la toison était sèche, mais le sol était mouillé. Le pelage, de par sa nature, retiendrait l'humidité, présentant un second miracle de plus grand impact. Malgré cela, l’armée nouvellement formée n’était pas confiante. Le choix de l'emplacement de leur campement laisse entrevoir leur peur, surtout si ce site porte le nom de leur rassemblement en cet endroit. En effet, la source de Harod (Juges 7:1) signifie « fontaine de tremblement » (Strong’s Exhaustive Concordance, NDT). Gédéon était déterminé à obéir à Dieu, même avec une armée qui tremblait à l’idée de combattre une force aussi intimidante. Lui-même avait peut-être encore des craintes persistantes, mais rien n’indique qu’il ait essayé d’éviter la tâche que Dieu lui avait confiée.

La purge de l'armée du Seigneur

Ce que Dieu a demandé ensuite à Gédéon semble surprenant. Il a ordonné au jeune dirigeant de permettre à tous les hommes « craintifs et effrayés » de partir (Juges 7:3). Le résultat fut dramatique avec les deux tiers de l’armée congédiés, soit 22 000 hommes. Cette action va à l’encontre d’une planification militaire habituelle, mais elle était pourtant basée sur un principe déjà ordonné par Dieu pour empêcher la contagion de la peur de se propager dans les rangs de l’armée (Deutéronome 20:8). Seulement, avec environ 10 000 hommes restants, Gédéon serait en infériorité numérique dans un rapport de plus de 13 contre 1.

Se défendre depuis une position fortifiée contre une force numériquement supérieure est une chose, mais attaquer dans de telles conditions semblerait être une idée dépourvue de sens. Or Dieu n’en avait pas fini. En disant à Gédéon que « le peuple est encore trop nombreux » (verset 4), Dieu lui ordonna de réduire davantage ses forces, après quoi, il ne lui restait plus que 300 hommes (versets 7-8). Nous ne savons pas quel furent les doutes et les craintes qui ont pu traverser l’esprit de Gédéon cette nuit-là, mais il était probablement assez proche du campement madianite pour distinguer des milliers de feux de camp vacillants dans la vallée.

La foi de Gédéon après le songe d’un ennemi

Cette nuit-là, Dieu savait ce qu’il y avait dans le cœur de Gédéon. Il comprenait les limites du courage du jeune chef et il avait préparé un moyen de le renforcer.

Dieu ordonna à Gédéon de se rendre au camp madianite afin qu'il écoute « ce qu’ils diront, et après cela tes mains seront fortifiées : descends donc au camp » (verset 11). Depuis sa position cachée à proximité immédiate du camp, Gédéon pouvait constater la réalité d’une armée « nombreuse comme des sauterelles » et équipée de dromadaires (verset 12).

Ce qui était important, cependant, c'était la conversation que Gédéon allait entendre. Un guerrier madianite racontait à son camarade le rêve d’une miche de pain d’orge roulant dans le camp et renversant une tente (verset 13). Gédéon entendit alors le comparse interpréter le rêve comme « l’épée de Gédéon » détruisant la force madianite (verset 14). Entendre ces paroles de la bouche de l'ennemi, et surtout entendre son propre nom, donna à Gédéon l'assurance dont il avait besoin. Il agit immédiatement, rendant d’abord grâce à Dieu, puis rassemblant ses 300 hommes pour un combat épique.

La foi de Gédéon en action

Après avoir divisé ses forces en trois compagnies pour attaquer les Madianites « tout autour du camp » (verset 18), Gédéon donna des instructions explicites à chacun : ils devaient se munir d’une trompette dans une main et d’une torche, cachée dans une cruche, dans l'autre (verset 16). Cela signifiait que ses troupes n’avaient ni épée ni lance à la main au début de la bataille. Il semble que la stratégie de Gédéon consistait à créer l’impression d’une force beaucoup plus importante attaquant. Selon le commentaire biblique The Expositor, seuls les officiers « faisaient transmettre des signaux aux trompettes ; trois cents trompettes représentaient donc logiquement une armée importante » (Vol. 3, p. 427, NDT).

Au même moment, le bris soudain des cruches révéla 300 torches entourant le campement ennemi. Et tous crièrent : « Épée pour l’Éternel et pour Gédéon ! » (versets 18, 20). Il est intéressant de noter que l’interprète madianite du rêve de son camarade avait identifié la miche de pain d’orge non pas comme l’armée d’Israël, mais comme « l’épée de Gédéon » (verset 14). Peut-être que la nouvelle de ce rêve avait commencé à se répandre dans le campement pendant que Gédéon retournait vers ses hommes pour organiser l'attaque. Les Notes de Barnes soulignent que les Madianites auraient compris qu'ils étaient encerclés et « étant plongés dans l'obscurité et dans la confusion du combat, ils prenaient leurs amis pour des ennemis, et les fuyards pour leurs poursuivants » (p. 435, NDT). La stratégie a fonctionné : L’armée ennemie s’est violemment retournée contre elle-même.

Il était désormais clair pour Gédéon et son petit bataillon que Dieu avait livré la force ennemie entre leurs mains. La victoire leur appartenait, non pas en raison de leur propre puissance, mais grâce à celle de Dieu. Tout ce qui restait à faire était de poursuivre jusqu’au dernier des fuyards, et pour cela, Gédéon fit appel à tous les hommes d’Éphraïm, Manassé, Aser, Zabulon et Nephtali afin qu’ils se joignissent au combat. L’action finale de cette guerre s’est déroulée de l’autre côté du Jourdain. Le récit nous dit qu’avec ses troupes, Gédéon « mit en déroute toute l’armée » (Juges 8:12). Le mot traduit par « en déroute » vient d’une racine hébraïque qui exprime le fait d’être terrifié. Selon The Expositor, « L’ensemble du conflit a commencé à “la source d’Harod” (7:1), où les hommes de Gédéon “tremblèrent de peur”. Qu’il est bon de voir que tout rentre dans l’ordre, avec Madian frappé a son tour par la terreur ! » (p. 432, note sur les versets 11-12, NDT).

La foi de Gédéon célébrée

L’histoire de Gédéon est l’une des plus longues histoires du livre des Juges. Elle dresse le portrait d’un homme imparfait. Le dernier événement de sa vie rapporté pour nous n’est pas flatteur (verset 27), mais il n’entre pas dans le cadre de cet article. Gédéon, bien qu'imparfait, est un homme dont on se souvient pour sa foi et son courage. La défaite des Madianites, accomplie avec Gédéon, fut une étape importante dans l’histoire d’Israël (Psaume 83:11 ; Ésaïe 9:4). Gédéon lui-même est nommé parmi les fidèles (Hébreux 11:32).

Considérer la vie remarquable de Gédéon et lire comment l’Éternel a travaillé avec lui devrait réconforter tout le peuple de Dieu aujourd’hui. Nous pourrions sans aucun doute tirer un certain nombre de leçons de son histoire, mais celle qui semble ressortir plus que toutes les autres, c’est que Dieu a employé un homme imparfait. Bien que Dieu nous appelle à devenir saints (Lévitique 19:2), il connaît nos limites. En termes plus poétiques, « Il connaît, lui, nos penchants » (Psaume 103:14, Tanakh). Puisque Dieu travaille avec des humains imparfaits – et nous le sommes tous – nous pouvons être sûrs que, tout comme Dieu a donné à Gédéon le temps de croître dans la foi, il nous donnera également le temps de grandir. Complétez votre connaissance du sujet avec l’article Comment avoir plus de foi.

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