L’avenir du christianisme en Europe

Dans le contexte de la lutte historique opposant l’islam au christianisme, il semble que ce dernier se meure. Or, sa résurgence est-elle imminente ?

Dans un geste hautement symbolique, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est récemment joint à au moins 350 000 fidèles lors des prières islamiques du vendredi à la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul. En refaisant de cette dernière une mosquée, il faisait ce dont il rêvait depuis longtemps : restaurer ce monument en tant que symbole de la magnificence ottomane.

Une cathédrale, une mosquée, un musée

« C’était ce à quoi notre peuple aspirait, a dit M. Erdogan, et cela s’est réalisé ! » Selon lui, la reconversion antérieure de Sainte-Sophie en un musée laïque en 1935, par Moustafa Kemal Atatürk – le fondateur de la république – était une erreur qui est maintenant rectifiée.

Monsieur Erdogan, qui cherche à instaurer un nouvel empire ottoman, a fait construire plus de   17 000 mosquées dans toute la Turquie. Istanbul compte à elle seule plus de 3 000 autres mosquées.

Sainte-Sophie a toujours été une source majeure de conflit entre l’islam et la chrétienté. Avant d’entrer dans sa phase séculière la plus récente, elle avait été – pendant cinq siècles – l’une des plus grandes mosquées de l’islam, mais pendant ses 900 premières années, c’était la plus grande cathédrale de la chrétienté.

Sainte-Sophie, cathédrale de milliards

Istanbul – l’ancienne Constantinople – fut fondée capitale impériale en 330 de notre ère par l’empereur romain Constantin Ier qui souhaitait en faire une autre Rome, surpassant la première. Elle se situe stratégiquement sur le Bosphore, détroit maritime séparant l’Europe de l’Asie.

Le fils de Constantin acheva la première basilique, qu’il dédia à  Hagia Sophia (sagesse divine, en grec). Les empereurs et les impératrices du nouvel empire christianisé y furent couronnés. À mesure que la ville s’étendait, l’Église, elle aussi, s’élargit.

En 537, l’empereur byzantin Justinien qui régnait de l’Espagne au Moyen-Orient inaugura une Sainte-Sophie reconstruite. Cette merveille architecturale exprimait l’opulence, le pouvoir et la piété. Cette première cathédrale de l’empire romain devint ensuite le centre du christianisme orthodoxe.

Sous un dôme énorme qui semblait flotter, des mosaïques dorées reflétaient la clarté naturelle issue de ses énormes fenêtres. C’était, pendant près de 1 000 ans, la plus grande cathédrale du monde. Elle était tellement décorée que Justinien aurait déclaré : « Salomon, je t’ai surpassé ! »

Cette cathédrale a une riche histoire et a affecté un nombre incalculable de vies. L’histoire primitive de la Russie fournit le récit de Vladimir le Grand, dirigeant païen du Rus de Kiev au 10e siècle qui, cherchant une religion pour unifier son peuple, envoya des émissaires dans les civilisations voisines. Ces ambassadeurs s’émerveillèrent en voyant Sainte-Sophie et se seraient exclamés : « Nous nous demandions si nous étions au ciel ou sur terre. » Vladimir se convertit à la foi chrétienne orthodoxe et convoqua tous les habitants de Kiev au Dniepr pour une cérémonie collective de baptême, ce qui façonna ainsi l’histoire russe et slave du dernier millénaire.

Christianisme et islam

Rome, et sa sœur – Constantinople – avaient dominé une grande partie de l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Égypte, la Syrie et l’Asie Mineure pendant un millénaire, avant que Mahomet se déclare le messager d’Allah, vers 610 de notre ère. L’islam se répandit rapidement, par des conquêtes militaires, le commerce et des pèlerinages. En l’espace de quelques décennies, ses armées avaient créé un empire colossal s’étendant sur trois continents.

Les batailles de l’islam contre les Européens passèrent de plus en plus pour une lutte contre la chrétienté et, d’après Raymond Ibrahim – auteur de Sword and Scimitar – la conquête de Constantinople passait pour l’objectif ultime (2020). 

La résistance contre l’islam était ce qui soudait le plus les populations de l’empire romain d’Orient, peu importe leurs langues et leurs origines ethniques respectives. Constantinople était le bastion du flanc oriental, et ses murailles légendaires avaient repoussé le cimeterre de l’islam pendant plus de 800 ans.

Constantinople finit par succomber à la machine de guerre ottomane, en 1453. Fêtant cet évènement comme leur plus grande victoire sur le christianisme, les musulmans espérèrent que cela allait ouvrir le cœur de l’Europe à la conquête islamique. Cette conquête fut de peu évitée aux portes de Vienne, en 1683, mais il semble que le conflit n’ait jamais cessé. Et la chrétienté semble à présent succomber.

Les ruines culturelles et spirituelles du christianisme européen

Alors que la Turquie reconvertit son musée Sainte-Sophie en mosquée, les Européens de l’Occident convertissent leurs églises désertées en musées culturels, confirmant le déclin spirituel d’une civilisation du passé. Beaucoup de cathédrales, jadis très influentes dans la vie et la culture européennes, se dressent à présent vides et délabrées, parfois même reconverties en boites de nuit, en résidences ordinaires, en parcs de planches à roulettes et même en école d’artistes de cirque.

L’Église anglicane abandonne au moins 20 églises par an. Approximativement 200 églises danoises ont été déclarées redondantes. L’Église catholique romaine allemande a fermé plus de 500 églises entre 2004 et 2014. Le cinquième, au moins, des  6 900 bâtiments ecclésiastiques hollandais abritent à présent des activités séculières et il est prévu que plusieurs centaines d’autres ferment prochainement leurs portes.

L’avenir de l’Europe postchrétienne

« Quand la foi chrétienne s’est éclipsée, fait remarquer Bruce Bawer – auteur de While Europe Slept – elle a emporté avec elle le sentiment d’avoir une raison d’être et a rendu le continent vulnérable à une conquête par une population ayant plus de foi et de plus fortes convictions. De surcroît, n’étant plus capables de prendre la religion au sérieux, beaucoup d’Européens ne se sont pas rendus compte que d’autres, eux, peuvent assurément prendre la religion très au sérieux » (2006, p.34, la traduction est la nôtre).

Pour illustrer la différence, dans certaines nations musulmanes, environ 90% des habitants déclarent que la religion « joue un rôle majeur » dans leur vie.

Le christianisme régresse rapidement, mais ce n’est pas la faute à l’islam. C’est surtout dû au sécularisme et au rejet d’une foi qui – même si elle ne ressemblait que vaguement à la celle de Christ – unifiait néanmoins le continent. Bien que la plupart des Européens occidentaux cochent la case « chrétien » (ou « catholique » ou « protestant ») dans les sondages, cette identification est surtout culturelle plutôt que religieuse. Ces chrétiens  « postchrétiens » se sentent en sécurité, sont prospères, et ne voient aucun besoin d’avoir une foi active.

Le recul du christianisme

Être européen était jadis synonyme d’être chrétien. À présent, l’Europe est devenue l’une des régions du monde des plus séculières, la tendance indiquant que le continent verra le nombre de chrétiens diminuer de 50 millions d’individus de plus, d’ici 2050. Une jeune génération sceptique abandonnent la foi ; les fidèles survivants se trouvent surtout chez les personnes âgées, les habitants des campagnes, et certains dans les pays d’Europe de l’Est.

D’après un sondage du Pew Research Center effectué en 2018, les Américains – dans l’ensemble – sont beaucoup plus religieux que les habitants des 15 nations occidentales européennes sondées. La moitié des Américains (53%) déclarent que la religion est « très importante » pour eux, alors que c’est le cas de seulement 11%, en moyenne, des adultes interrogés à travers l’Europe occidentale.

D’autres données, dans ce sondage, confirment la réduction de la croyance en Dieu et du christianisme en Europe :

Seulement 39% des Européens occidentaux estiment que la religion donne un sens à leur vie. Seulement 44% déclarent que la religion les aide à choisir le bien au lieu du mal ; et seulement 27% pensent qu’ils seront jugés par une puissance supérieure.

En moyenne, 58% déclarent « rarement » ou « ne jamais » assister à un office religieux.

Dans l’ensemble, 27% des gens croient en Dieu tel que la Bible Le décrit.

Seulement une personne sur dix déclare prier tous les jours.

Un paysage religieux changeant

Dans l’Europe occidentale, berceau du protestantisme et du catholicisme, Dieu a été banni de la vie publique. Le déclin de la religion, en tant que point central de la vie sociale et culturelle, est né de la sécularisation et s’est poursuivi jusque dans une déchristianisation. Comme l’a dit G. K. Chesterton, « quand les hommes cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien ; ils croient n’importe quoi. »

L’historien anglais et auteur de best-seller Niall Ferguson – bien que se prenant pour un « athée incurable » – a fait remarquer que « le christianisme traditionnel en Europe, tant au niveau de la pratique que de la foi, s’est jeté d’une falaise dans les années 1970 ou 1980 » laissant les sociétés européennes sans « résistance religieuse » face aux islamistes radicaux.

« Dans une société séculière où personne ne croit pas particulièrement en quoi que ce soit, sauf à ses prochains achats démesurés, dit M. Ferguson, il est plutôt facile de recruter des gens pour des postes monothéistes radicaux ».

Il n’est donc pas surprenant que la régression du christianisme ait aussi reflété la croissance de mouvements pseudo-religieux comme l’environnementalisme radical.

Le salaire de l’incrédulité

La sécularisation s’est d’abord effectuée lentement, puis avec une force renouvelée, les vieux tabous étant rejetés. En cette ère de plus en plus athée et agnostique, les doctrines bibliques les plus élémentaires sont tordues, ridiculisées et abandonnées, même par le clergé. Les principales Églises protestantes européennes se sont amplement sécularisées et ont adopté des valeurs libérales et gauchistes. La plupart des Église luthériennes, par exemple, officient à des mariages entre personnes de même sexe, ordonnent des prêtres ouvertement homosexuels et ne condamnent pas l’avortement.

« Nous pouvons voir, a dit le président russe Vladimir Poutine alors qu’il défendait la foi orthodoxe russe, que de nombreux pays européens de l’Atlantique rejettent en fait leurs racines, y compris les valeurs chrétiennes qui constituent le fondement de la civilisation occidentale. Ils nient les principes moraux et toutes les identités traditionnelles – nationales, culturelles, religieuses et même sexuelles. »

Une Europe profane ?

La déchristianisation actuelle de l’Europe ne va pas tarder à avoir des répercutions critiques. Comme l’a fait remarquer l’historien Bruce Thornton – auteur de Decline and Fall: Europe’s Slow Motion Suicide – « le vide spirituel créé par l’abandon du christianisme traditionnel rend les Européens contemporains vulnérables aux religions politiques, y compris à de nouveaux types de fascisme » (2007, p. 43).

De futurs évènements, prophétisés dans la Bible il y a plusieurs milliers d’années, vont bientôt avoir lieu et ils choqueront par leur contraste avec les courants actuels. Le livre de l’Apocalypse, ignoré de cette génération religieusement analphabète, révèle ce qui va se passer au temps de la fin, jusqu’au retour glorieux de Christ. Elle annonce l’apparition d’une puissance européenne inégalée – d’une entité politique qui semble prendre forme, dans sa phase initiale, dans l’Union Européenne.

Décrite comme la  « bête », cette superpuissance sera la dernière renaissance du Saint-Empire romain (Daniel 7:7 ; Apocalypse 13:1, 3) ; et cette « bête » décrit aussi son dirigeant. Ce colosse politique et militaire sera intimement lié à – et façonné par – l’Église romaine, représentée symboliquement par une femme chevauchant ladite bête.

Ce type de faux christianisme prospère et célèbre – décrit comme « la mère des prostituées » (Apocalypse 17:5) – n’a cessé de jouer un rôle politique-clé dans le monde. Il va, une fois de plus, avoir une influence spirituelle, politique et économique énorme quand une ferveur religieuse s’emparera de ce continent spirituellement aride. Cette Église puissante portant le nom de Christ bien que ne dispensant pas ses vrais enseignements – va de nouveau se remettre d’un mal incurable (Apocalypse 17:1-6).

Un choc de civilisations

La version du 21e siècle de l’ancienne religion à mystères babylonienne sera dirigée par un « homme impie » charismatique, un charlatan qui saura manipuler les médias (Apocalypse 13:11-13 ; 2 Thessaloniciens 2:3-4). Réussissant à se faire passer pour divin, ce faux prophète accomplira des miracles stupéfiants quasi hollywoodiens qui pousseront les gens à adorer la bête et son image (2 Thessaloniciens 2:9 ; Apocalypse 13:14-15). Observé par des milliards d’individus, ce magicien religieux dominera les actualités.

L’ignorance au niveau biblique, l’opportunisme conjoncturel et le culte d’une célébrité pousseront une foule de gens à se laisser piéger – croyant que ces signes et ces prodiges sont l’œuvre du vrai Dieu, alors que ces miracles viendront de Satan (2 Thessaloniciens 2:8-11 ; Apocalypse 16:13-14).

Évoquant la saga du christianisme et de l’islam, ce faux prophète suscitera probablement beaucoup d’enthousiasme et justifiera religieusement le lancement d’un blitz dévastateur de représailles de l’Europe contre ses ennemis moyen-orientaux. Cette attaque sera une riposte d’une attaque du « roi du midi » (ou « du Sud » – Daniel 11:40-42).

Les conditions géopolitiques requises se réunissent pour que se produise le choc inévitable de civilisations annoncé dans la Bible. Assurez-vous de bien connaître cette dernière. Sachez ce qu’elle déclare et obéissez par amour aux lois divines. Soyez certain de pratiquer le christianisme authentique enseigné par Jésus, et non l’une de ses versions édulcorées si courantes de nos jours. Cet examen vous évitera d’être séduit.

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