L’Union Européenne a des points faibles notoires, mais aussi des points forts. Que révèle la Bible à propos d’une superpuissance européenne au temps de la fin ?
Depuis l’époque des empires gréco-macédonien et romain, l’Europe a une influence disproportionnée dans le monde. À présent, les nations européennes individuellement, et l’Union Européenne dans son ensemble, continuent d’être parmi les acteurs les plus prospères et les plus puissants sur la scène mondiale. Néanmoins, plusieurs crises récentes ont souligné plusieurs des faiblesses de l’Europe dans l’arène des superpuissances. L’UE se composant de 27 gouvernements distincts ayant chacun droit de véto sur les actions de l’ensemble, on s’interroge sérieusement sur ce que l’union pourra faire dans des crises futures :
- Si la Russie envahit totalement l’Ukraine, comment réagira l’Europe ?
- Si la Russie ferme le robinet du gaz, que fera l’Europe ?
- Si la Chine envahit Taïwan, l’Europe réagira-t-elle ?
Ces risques existant, certains doutent que le vieux continent puisse agir comme une superpuissance.
La position de l’Europe en tant que superpuissance
Zaki Laïdi, au chapitre un de son livre Norms Over Force (2008), dans une section expliquant pourquoi, selon lui, l’Europe ne peut pas être une superpuissance, avance l’argument pertinent suivant :
« Est-il concevable, pour un acteur politique qui n’est pas un État – même s’il cherche de facto à être reconnu comme tel, notamment par des institutions internationales – de se hisser au rang d’une superpuissance ? Pour être plus précis, le projet européen est-il compatible avec l’idée même de puissance ? La structure politique européenne n’a pas d’équivalent historique – ce n’est pas un État, pas même un État fédéral (et rien n’indique qu’il soit sur le point d’en devenir un) – mais également, ne vous en déplaise, la philosophie du projet européen est historiquement dominée par un refus de puissance ».
Tous ne partagent pas cet avis. Andrew Moravcsik – professeur de politique et directeur du programme de l’Union Européenne de Princeton University – offre un avis différent dans son article de Foreign Policy : « L’Europe est toujours une superpuissance » (13 avril 2017). Selon lui :
« L’Europe d’aujourd’hui est une véritable superpuissance et elle va le demeurer pendant des décennies. D’après la plupart des paramètres objectifs, elle rivalise ou surpasse les États-Unis et la Chine dans sa capacité à projeter une gamme complète de pouvoir global militaire et économique souple. L’Europe ne cesse de déployer des troupes dans son voisinage immédiat et au-delà de ce dernier. Elle manipule son pouvoir économique avec une aptitude et un succès inégalés par n’importe quel autre pays ou région. Et sa capacité à employer un « pouvoir souple » pour persuader d’autres pays à modifier leur comportement est unique. »
Les points forts de l’Europe
Le Dr Moravcsik fait notamment remarquer que « l’une des spécialités de l’Europe est la projection du pouvoir économique. Pour obtenir des concessions politiques, les pays européens manipulent l’accès à leurs marchés, conditionnent l’assistance et les échanges économiques, et exploitent la dominance des règles et des institutions. De ce fait, l’envergure brute de l’économie de l’Europe est une source fondamentale de sa puissance économique ».
Dans un sondage Eurobaromètre effectué en 2020, divers individus à travers l’Europe ont dressé une liste des points forts, selon eux, de l’UE. « Les Européens estiment que le respect de la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit (32%), de la puissance économique, industrielle et commerciale (30%) de l’Europe sont ses principaux atouts. »
Les points faibles de l’Europe
Le Dr Moravcsik fait aussi remarquer que la puissance économique de l’Europe s’accompagne aussi de dangers. Cette dernière est la plus grande commerçante mondiale de denrées et de services, et ses exportations peuvent être une source de vulnérabilité comme de force. « Plus un pays dépend de ses échanges commerciaux, moins il a de pouvoir. L’Europe dépend légèrement plus de son commerce que les États-Unis, mais beaucoup moins que la Chine. »
De surcroît, beaucoup d’experts doutent de la capacité de l’Europe de projeter une puissance militaire. Le retrait chaotique et gênant de l’OTAN d’Afghanistan a accentué la méfiance de l’Europe pour le leadership américain. D’après Politico.eu, la présidente de la Commission Européenne – Ursula von der Leyen – cette débâcle « a souligné que les échecs en Afghanistan ont fourni une nouvelle impulsion aux discussions de ce genre.
« Rendant hommage aux soldats tués, elle a déclaré : “Pour être certains que leur service ne sera jamais vain, nous devons nous demander comment cette mission a pu s’achever de manière si abrupte”. Elle a insisté sur la nécessité d’une plus grande coopération et d’un dialogue plus franc sur “des questions profondément troublantes” sur l’avenir de l’alliance militaire de l’OTAN qui s’est vue imposée d’une date limite déterminée par les E.U. pour quitter l’Afghanistan.
« Von der Leyen semblait approuver une indépendance militaire accrue de l’UE – une prise de position couramment connue comme « une autonomie stratégique », mais elle a évité cette expression qui mène souvent à un roulement d’yeux et à des ronchonnements, surtout de la part des pays de l’Europe de l’Est, selon lesquels l’Europe ne peut pas se protéger sans les Américains.
“L’Europe peut – et devrait effectivement – être capable de faire davantage, et être disposée à le faire, seule” » (15 septembre 2021).
Les limitations de l’Europe se constatent en microcosme dans l’acte d’équilibrisme imposé à l’Allemagne :
« En tant que puissance moyenne européenne qui partage un continent avec la Russie et importe de l’énergie de Russie ; dépend de la Chine (son plus gros partenaire commercial en dehors des États-Unis) pour ses exportations et qui s’appuie sur le parapluie américain pour sa sécurité, l’Allemagne a des options stratégiques limitées » (Constanze Stelzenmüller, The Singular Chancellor: The Merkel Model and Its Limits, Foreign Affairs, mai/juin 2021). Ses défis sont mêmes plus grands sans la main ferme d’Angela Merkel au timon de la plus forte économie de l’Europe.
Lors d’une conférence de presse tenue avant que la France n’assume la présidence de l’UE pendant six mois, le président français Emmanuel Macron a déclaré : « Nous devons passer d’une Europe, de coopération à l’intérieur de nos frontières, à une Europe qui soit puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de choisir et maîtresse de sa destinée ». D’après France 24, Macron a précisé que « des progrès envers la capacité du bloc d’avoir une défense commune est aussi critique pour garantir la souveraineté de l’UE ».
« Depuis son élection en 2017, le président français insiste pour que l’UE soit indépendante au niveau de sa sécurité, et qu’elle ne se fie plus uniquement sur le parapluie sécuritaire américain hérité de la Deuxième Guerre mondiale » (12 septembre 2021). Néanmoins, l’avenir du président Macron est incertain, l’élection présidentielle d’avril s’annonçant serrée. Et même si la plupart des Européens approuvent un plan d’action, les structures complexes, quasi byzantines, de l’UE risquent de rendre toute action décisive pratiquement impossible.
L’observateur Andreas Bühler a souligné plusieurs de ces aspects structurels tourmentant l’UE : « Il est indéniable que l’UE réclame des réformes fondamentales. La crise financière de 2008 a mis à nu les défaillances structurelles dans l’architecture de l’union monétaire […] L’écart entre le pouvoir d’achat des États membres de l’UE du Nord et ceux du Sud ne cesse de s’élargir et la crise du COVID-19 risque de creuser cet écart encore davantage…
« L’UE est fréquemment obligée de faire des compromis dans sa politique étrangère et sécuritaire, car les principes d’unanimité du Conseil de l’Europe rendent toute mesure décisive de politique étrangère extrêmement difficile à appliquer. Une Union de Défense Européenne continue d’être lointaine, les 27 États membres continuant de maintenir 27 armées ayant des échelles salariales, des grades, des standards et des systèmes d’armement très différents » (eu.boell.org, 5 mai 2021).
Pousser ces 27 gouvernements à accepter quoi que ce soit est problématique. On a réclamé des réformes pour passer de l’unanimité à un vote de majorité qualifiée. D’autres efforts ont, en somme, encouragé une Europe à deux vitesses avec certains pays optant pour une plus forte intégration que d’autres.
Une transformation imminente ?
La frustration éprouvée par la paralysie produite par le principe d’unanimité va-t-elle mener à des réformes au sein de l’UE ou à de nouveaux traités ? Ou bien une crise grave va-t-elle produire un gouvernement européen entièrement nouveau simplifié ? Avec chaque crise, se multiplient les appels à un changement et à une plus grande unité pour assumer un rôle de superpuissance.
D’après le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, la débâcle en Afghanistan a prouvé que « l’Europe doit devenir la troisième superpuissance après la Chine et les États-Unis. Ouvrons nos yeux ; nous affrontons des menaces et nous ne pouvons plus nous fier à la protection des États-Unis » (cité dans EU Observer, le 6 sept. 2021).
Des prophéties sur l’Europe
Les prophéties bibliques affectent tout le monde, mais celles sur le temps de la fin se concentrent surtout sur le Moyen-Orient, sur les descendants d’Israël et sur l’Europe. Dieu révéla à Daniel un schéma d’ensemble prophétique s’étendant de l’empire babylonien de son temps à l’instauration du Royaume de Dieu au retour de Christ.
Le songe de Nebucadnetsar
Quand le roi babylonien Nebucadnetsar eut un songe déroutant, il appela les sages de son royaume pour qu’ils lui disent de quoi il avait rêvé et la signification de son songe. Ils lui demandèrent quel songe il avait eu, mais il insista, voulant s’assurer qu’ils n’inventaient rien : « Si vous ne me faites connaître le songe et son explication, vous serez mis en pièces ». Face à leur incapacité à s’acquitter de cette tâche, « le roi se mit en colère, et s’irrita violemment. Il ordonna qu’on fasse périr tous les sages de Babylone » (Daniel 2:1-12).
Daniel et ses compagnons étant du nombre des condamnés à mort, Daniel réclama un répit et implora la miséricorde divine : « Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit » (verset 19). Daniel expliqua au roi : « il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps » (verset 28).
Daniel satisfit alors la requête du roi : « O roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue ; cette statue était immense, et d’une splendeur extraordinaire ; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible. La tête de cette statue était d’or pur ; sa poitrine et ses bras étaient d’argent ; son ventre et ses cuisses étaient d’airain ; ses jambes, de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie d’argile ».
« Tu regardais, lorsqu’une pierre se détacha sans le secours d’aucune main, frappa les pieds de fer et d’argile de la statue, et les mit en pièces. Alors le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s’échappe d’une aire en été ; le vent les emporta, et nulle trace n’en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre » (versets 31-35).
L’interprétation
Que signifiait ce songe ? Dieu révéla à Daniel que la tête d’or représentait le roi Nebucadnetsar et son empire babylonien. Mais ce n’était pas tout :
« Après toi, il s’élèvera un autre royaume, moindre que le tien ; puis un troisième royaume, qui sera d’airain, et qui dominera sur toute la terre. Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer ; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces » (versets 39-40).
Les étudiants de la Bible reconnaissent généralement que ces autres empires sont l’empire médo-perse, l’empire gréco-macédonien et l’empire romain. L’empire romain a unifié la plus grande partie du monde méditerranéen pendant des siècles, et l’héritage de Rome s’est nourri de ses renaissances, comme « le Saint Empire romain » (consulter à cet effet notre brochure Le sens des prophéties bibliques).
Dieu montra ensuite à Daniel que ce puissant empire européen allait exister sous une autre forme, au temps de la fin : « Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l’argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile. Tu as vu le fer mêlé avec l’argile, parce qu’ils se mêleront par des alliances humaines ; mais ils ne seront point unis l’un à l’autre, de même que le fer ne s’allie point avec l’argile ».
« Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et détruira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement » (versets 41-44).
Au temps de la fin
Dieu décrit l’empire européen du temps de la fin comme étant « en partie fort et en partie fragile ». Les dix orteils représentent 10 nations ou groupes de nations, comme l’indique le 17e chapitre de l’Apocalypse qui parle de « dix rois, qui n’ont pas encore reçu de royaume, mais qui reçoivent autorité comme rois pendant une heure [peu de temps] avec la bête » (verset 12). Ils seront si séduits qu’ils prendront le Christ, à son retour, pour un ennemi ! « Ils combattront contre l’Agneau, et l’Agneau les vaincra, parce qu’il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, et les appelés, les élus et les fidèles qui sont avec lui les vaincront aussi » (verset 14).
Les meilleurs efforts des hommes pour apporter la paix et la prospérité, contrairement aux voies véritables de Dieu et de son Royaume, sont condamnés à l’échec. De l’empire de Nebucadnetsar à la superpuissance européenne du temps de la fin, tous ces systèmes ont – de diverses manières – combattu Dieu. Ils ont tous été séduits. En revanche, Dieu et son Royaume réussira en fin de compte.