L'Europe est poussée à assumer davantage de responsabilités en matière de défense, ce qui incite l'Allemagne à se réarmer. Faut-il s'inquiéter de cette évolution ?
Ces derniers mois, les États-Unis ont laissé entendre aux nations européennes que la guerre russo-ukrainienne était du ressort de l’UE. Le 12 décembre 2024, le président élu Donald Trump déclarait : « La guerre avec la Russie est plus importante pour l’Europe que pour nous. Nous (les USA et la Russie) sommes séparés par un petit océan. »
Le président Trump estime que la fin de la guerre nécessite des concessions de l’Ukraine, notamment la cession de territoires à la Russie. L’Ukraine, cependant, doute que la Russie honore tout accord de sécurité qu’elle pourrait conclure. Au moment où les États-Unis se retirent du conflit, l’Europe s’efforce de renforcer ses propres défenses. L’Allemagne, première puissance économique européenne, semble désormais prête à assumer un rôle défensif en Europe, une mesure que beaucoup considèrent comme attendue depuis longtemps.
L’Allemagne s’efforce de se réarmer
Friedrich Merz, alors qu’il travaillait à la formation du prochain gouvernement allemand et à son accession au poste de chancelier, a fait adopter un projet de loi historique permettant au pays de prendre des mesures importantes en matière de réarmement. Auparavant, l'Allemagne était soumise à un « frein à l'endettement » constitutionnel, qui limitait le montant de la dette nationale qu'elle pouvait contracter, y compris pour les dépenses de défense.
La nouvelle législation permet au gouvernement d'augmenter considérablement le financement de la défense sans enfreindre les règles budgétaires. Dans un discours au Parlement, M. Merz a déclaré : « Nous devons nous défendre contre ces attaques dirigées contre notre société ouverte et notre liberté, avec tous les moyens à notre disposition, dans les années et les décennies à venir ». Il a proposé un plan de dépenses de 1 000 milliards d'euros pour investir dans les infrastructures et l'armée de son pays.
Parallèlement, des efforts de réarmement sont également déployés au niveau européen. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a présenté un plan visant à lever 800 milliards d'euros pour renforcer les défenses de l'Europe et défendre l'Ukraine. Dans un communiqué de presse du 3 mars 2025, elle a écrit : « Nous vivons à une époque des plus cruciales et des plus dangereuses… C'est un moment grave pour l'Europe, et nous sommes prêts à nous mobiliser. » Dans une lettre du 4 mars adressée à ses collègues européens, elle a débuté sa proposition par ces mots : « Une nouvelle ère s’ouvre à nous. L’Europe est confrontée à un danger clair et présent, d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a jamais connue de son vivant ». Ces événements historiques et monumentaux vont remodeler non seulement l’Europe, mais aussi le monde entier. Faut-il s’en inquiéter ?
Le passé de l’Allemagne : un motif d’inquiétude ?
Après avoir obtenu le soutien de son plan de dépenses, M. Merz a déclaré aux journalistes : « L’Allemagne est de retour ». Friedrich Merz mettait probablement l’accent sur le retour de l’Allemagne au rang de première puissance économique et militaire européenne.
Pour comprendre l’importance de ces évolutions, il est vital de considérer l’histoire de l’Allemagne. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne hésite à s’engager dans des actions militaires, accablée par l’héritage des atrocités commises pendant la guerre et des immenses destructions qu’elle a causées. Ce sombre passé a rendu l’Allemagne très prudente quant au développement de son armée.
Cependant, l'agression russe en Ukraine et les menaces contre l'Europe, ainsi que la pression croissante des États-Unis pour que l'Europe assume une plus grande responsabilité en matière de défense, poussent désormais l'Allemagne à reconsidérer ses hésitations de longue date et à se réarmer afin de jouer un rôle militaire de premier plan en Europe.
La paix par la force
Donald Trump a souvent exprimé son approche du monde par la devise : « La paix par la force ». Cette phrase fait écho aux paroles de l'écrivain romain Végèce, qui disait : « C'est en période de paix qu'on se prépare à la guerre » (Traité de la chose militaire, prologue du livre III, NDT). Ce principe – se doter d'une armée forte dissuadera les adversaires d'attaquer, car ils craindront une riposte dévastatrice – a longtemps guidé la politique étrangère de nombreuses grandes puissances.
L'Allemagne semble aujourd'hui adopter une stratégie similaire, motivée en partie par une confiance déclinante dans la fiabilité à long terme des États-Unis en tant qu'allié. Elle cherche à établir une dissuasion nucléaire européenne significative plutôt que de dépendre du parapluie nucléaire américain. Friedrich Merz s'attaque à la fois au tabou d'une armée allemande puissante et à la position traditionnellement non nucléaire du pays, déclarant : « Le partage des armes nucléaires est un sujet dont nous devons discuter… nous devons devenir plus forts ensemble en matière de dissuasion nucléaire ». Il y a quelques décennies à peine, entendre un nouveau chancelier allemand évoquer ouvertement la possibilité que l'Allemagne devienne une puissance nucléaire aurait suscité une vive inquiétude. Faut-il craindre que l'Allemagne se réarme ?
Le projet européen
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe était en ruines, aux prises avec la tâche ardue de reconstruire et de résoudre la « question allemande » : comment réintégrer l'Allemagne au sein du continent tout en évitant le risque d'un nouveau conflit dévastateur ? On craignait largement qu’une Allemagne incontrôlée ne plonge l'Europe dans une troisième guerre mondiale. Avec l'Union soviétique menaçante à l'est, les États-Unis ont pris des mesures décisives en créant l'OTAN, une alliance militaire sous direction américaine destinée à contrer l'expansion russe tout en limitant son influence à l'Europe de l'Est. Le premier secrétaire général de l'OTAN, Lord Ismay, a résumé sa mission de manière célèbre : « Maintenir les Russes à l'extérieur, les Américains à l'intérieur et les Allemands à terre ».
Parallèlement, en 1948, les États-Unis ont lancé le plan Marshall pour reconstruire les économies et les infrastructures dévastées de l'Europe occidentale. Ce soutien économique a stimulé une reprise rapide et favorisé la collaboration entre les nations européennes, dissipant les craintes d'une invasion soviétique et leur permettant de joindre leurs ressources en toute confiance. Cinq ans après la fin de la guerre, la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier a marqué un tournant décisif, jetant ainsi les bases d'une Europe unie. L'homme d'État français Robert Schuman envisageait cela comme un moyen de rendre la guerre entre la France et l'Allemagne « non seulement impensable, mais matériellement impossible », soulignant que l'unité de l'Europe reposait sur la réconciliation des deux rivaux historiques.
Cependant, les efforts d'après-guerre pour contenir l'Allemagne ont aujourd'hui largement échoué. L'Allemagne exerce désormais une emprise économique de premier plan sur l'Europe et elle est sur le point de retrouver la domination militaire qu'elle avait acquise au début des années 1940. Doit-on s'inquiéter du fait que le pays responsable du déclenchement de deux conflits mondiaux renforce à nouveau ses forces armées ?
La portée prophétique du réarmement de l'Allemagne
Dans le livre de Daniel au chapitre 7, nous lisons la prophétie de quatre fauves représentant quatre royaumes : Babylone, l'Empire médo-perse, l'Empire gréco-macédonien et Rome. L'Empire romain y est représenté comme la « quatrième bête » à « dix cornes », qui sont les « dix rois » qui sortiront de ce royaume (versets 23-24). Contrairement aux autres empires qui finirent par tomber et ne retrouvèrent jamais leur gloire passée, l'Empire romain renaîtra au temps de la fin sous la forme de la puissante bête décrite dans Apocalypse 13. Ce renouveau final n'a pas encore eu lieu sur la scène mondiale, mais lorsqu'il surviendra, il surgira du cœur de l'Europe. Pour en savoir plus sur ces prophéties, lisez notre article Qui est la bête ?
Surveillez l'Europe de près
La Bible révèle que l'Europe redeviendra le berceau d'une version revivifiée de l'ancien Empire romain, et les événements récents accélèrent son ascension. Nous devons continuer à observer attentivement l'Europe, tandis que ses États-nations se renforcent et s'efforcent de pousser leur intégration économique et militaire. Forte d'un long passé de militarisme et d'agression, elle est susceptible de jouer un rôle moteur dans la renaissance définitive de l'Empire romain. Compte tenu de l'histoire de l'Allemagne et des prophéties, le monde ne devrait pas prendre à la légère son réarmement. Il s'agit de l'un des événements les plus marquants depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L'histoire est sans équivoque : lorsque l'Allemagne se réarme, le monde devrait trembler. Outre l'Europe et l'Allemagne, nous devons également surveiller de près l'essor et l'intégration des nations orientales, notamment la Russie et la Chine, qui deviennent plus autocratiques et hostiles à l'Occident. Nous devons également surveiller de près le Proche-Orient, car l'évolution de la situation en Israël et dans le monde musulman jouera un rôle majeur dans la dernière guerre mondiale du temps de la fin.
Bien que de nombreuses nations croient que la paix peut être obtenue grâce à une force militaire supérieure, cette approche n'aboutira qu'à la guerre, et non à la paix. Heureusement, au-delà des conflagrations et des catastrophes, une bonne nouvelle nous attend ! Jésus-Christ reviendra bientôt sur terre pour établir le royaume de Dieu (Apocalypse 11:15). Lorsque nous verrons ces événements se produire, nous saurons que le royaume de Dieu approche à grands pas :
« De même, lorsque vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche. Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point que tout cela n'arrive… Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d'échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l'homme. » (Luc 21:31-32, 36). Continuez à veiller et à prier ! Pour en savoir plus, consultez notre brochure gratuite : Le sens des prophéties bibliques.