Dans quelle mesure l’intelligence artificielle générative redéfinie-t-elle les frontières de la réalité. Que faire pour se protéger contre l’impact trompeur de l’IA ?
L’intelligence artificielle accomplit des prouesses qui passaient encore relativement récemment pour de la fiction. Sous sa configuration actuelle, ses applications sont déconcertantes : l’automatisation de millions d’emplois, des dispositifs de surveillance plus puissants, des armements autonomes, et bien davantage. On prétend que les progrès récents accomplis en ce domaine représentent un tournant décisif dans l’histoire de la vie sur terre. Ses applications actuelles ne sont qu’un échantillon de ce dont elle est capable ; ses progrès sont – selon les experts – exponentiels.
Néanmoins, l’IA représente aussi une menace que nous ferions bien de prendre au sérieux. Elle affecte la réponse que l’on donne à la question de savoir dans quelle mesure vous pouvez discerner ce qui est réel de ce qui est faux.
Ce que nous entendons par IA
Pour bien des gens, elle ne représente rien de neuf. Elle est devenue omniprésente dans nos vies, que nous en soyons ou non conscients. Habituellement, quand on parle de l’IA, on veut parler des algorithmes compliqués qui rassemblent et traitent diverses données pour produire un résultat précis – votre GPS vous indique quand et où effectuer un virage à droite ou à gauche ; une publicité personnalisée vous vante un produit ; ou un sous-titre apparait sur une vidéo. Ces applications de l’IA ne sont pas celles qui font à présent la une de nos actualités.
Ce qui provoque actuellement l’émerveillement mais aussi un grand scepticisme, c’est ce que l’on appelle l’intelligence artificielle générative. Comme son nom l’indique, elle génère. Il y a des générateurs de textes, d’images, d’audio, etc. Les modèles d’IA générative sont formés sur des téraoctets d’informations, et peuvent produire facilement pratiquement tout ce qu’on leur demande. Et c’est là que se situe le problème : les résultats semblent avoir été produits par des humains ; ils fournissent quelque chose d’artificiel et fabriquent quelque chose qui paraît réel.
Par exemple, même quand il a été introduit, le générateur de texte ChatGPT a pu produire des rédactions de niveau collégial indétectables par un professeur. Et ce n’était que le début. Depuis lors, les développeurs de cette plateforme ont lancé une mise à jour qui permet à leur agent conversationnel d’offrir une performance de niveau humain dans toutes sortes de tâches. D’après le site de OpenAI, l’interaction la plus récente de ChatGPT est « plus fiable, plus créative et est à même de traiter des instructions beaucoup plus nuancées ».
Pour ce qui est des générateurs d’images, les résultats sont tout aussi convaincants. La plateforme d’IA générative Midjourney crée des images artistiques maintes fois primées, comme a pu le constater un artiste d’œuvres numériques. Cet outil permet « à des amateurs de créer des œuvres complexes, abstraites ou réalistes comme des photographies, simplement en tapant quelques mots dans une fenêtre de texte » (Kevin Roose, “An A.I.-Generated Picture Won an Art Prize. Artists Aren’t Happy,” New York Times, 22 septembre 2022).
Une autre plateforme digne d’être mentionnée est ElevenLabs, aussi fascinante que controversée. Ce modèle clone très bien la voix d’une personne après que quelques échantillons aient été téléchargés et analysés. Ensuite, ElevenLabs permet à ses utilisateurs de faire dire à la voix ce qui est écrit dans la fenêtre de texte.
Les capacités extraordinaires de l’IA générative sont indéniables, mais elles effraient bien des gens, pour des raisons qui semblent évidentes. La société a déjà bien du mal à différencier entre la vérité et le mensonge ; les faits et la fiction ; les vraies nouvelles et les fausses nouvelles. Par conséquent, cette tâche va être encore plus ardue avec l’introduction de l’IA générative. Martin Ford – auteur de Rule of the Robots: How Artificial Intelligence Will Transform Everything, a résumé l’insécurité de l’IA générative dans une entrevue avec Built In : « Personne ne sait ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, a-t-il dit. Cela nous plonge dans une situation où vous ne pouvez pas en croire vos yeux ou vos oreilles ; vous ne pouvez pas vous fier à ce que – historiquement – nous avons estimé être les meilleures preuves possibles ». Autrement dit, le danger, c’est que la réalité risque d’être remise en question.
Les deepfakes et la désinformation : les graves conséquences de l’IA générative
La menace grave que l’IA générative représente est résumée dans un clip viral de Volodymyr Zelensky dévoilé à la mi-mars en 2022. Cette vidéo représentait le président ukrainien ordonnant à toutes ses troupes de déposer leurs armes et de se rendre à leurs adversaires russes. Il avait, d’après ce clip, déjà fui Kiev. Or, rien – dans cette vidéo – n’était vrai. C’était un deepfake – un faux enregistrement vidéo ou audio, très réaliste, montrant des gens faisant ou disant des choses qu’ils n’ont pas faites ou dites. Ladite vidéo avait eu peu d’effet, vu la mauvaise représentation du corps étrangement immobile de Zelensky. Néanmoins, l’IA progresse à un rythme inimaginable, et plus la technologie est sophistiquée, plus le produit est convaincant. Tout compte fait, ce que le clip de Zelensky démontre au monde, c’est qu’il existe un nouveau moyen, pour de mauvais acteurs, de répandre de fausses informations et de semer la division politique.
L’introduction de ce type de technologie a lieu à une période d’intense polarisation politique soulevant une forte inquiétude sur la manière dont les partisans divers vont se protéger contre la propagande engendrée par l’IA. Les campagnes de désinformation sur les médias sociaux ont démontré qu’il est surtout difficile de persuader qui que ce soit de la vérité – de la réalité – quand cela va à l’encontre de ce que l’on croit. De ce fait, quand la technologie avance au point qu’il devient pratiquement impossible de déterminer ce qui est légitime et ce qui est manipulé, dans quelle situation se trouve-t-on ? Il n’est guère facile de savoir ce qui est authentique lorsqu’on est inondé d’informations générées par l’IA, quand la vidéo et l’audio imitent la réalité. Ce qui risque de se passer, c’est que les gens s’isolent dans leur propre sens subjectif de la réalité.
Mis à part l’inquiétude que l’IA puisse efficacement contrôler l’opinion publique, son impact présente aussi des dangers très personnels. Des escrocs se servent de l’IA générative pour donner plus de crédibilité à leurs plans, au téléphone. D’après le New York Post, une mère a affirmé que des malfaiteurs se sont servis de l’IA pour cloner la voix de sa fille pour simuler un rapt et demander une rançon de $1 million. Sans doute le moment le plus effrayant s’est-il produit quand la mère a répondu pour la première fois à l’appel du kidnappeur et a entendu la voix clonée. « Je n’ai pas douté un seul instant de son authenticité » a-t-elle, par la suite, déclaré.
Les escroqueries ont considérablement augmenté depuis l’apparition de l’IA générative. Elle ne va peut-être pas tarder à être utilisée pour fabriquer des supposées preuves dans des procès. Par exemple, un parent peut se servir de l’IA pour créer un faux enregistrement de la voix de son partenaire afin d’inciter le juge à lui accorder la garde de leur enfant dans un divorce. Notre époque correspond à ce qu’a déclaré l’apôtre Paul à propos du temps de la fin : « Les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes » (2 Timothée 3:13).
Peut-on éviter d’être séduits ?
L’apôtre Jean a prophétisé une période d’escroqueries monumentales devant se produire peu avant le retour de Christ : « Puis je vis monter de la terre une autre bête […] Elle opérait de grands prodiges, jusqu’à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête » (Apocalypse 13:11, 13-14).
Ce qu’il faut bien préciser, c’est que la « bête » décrite dans Apocalypse 13 n’est pas une machine vicieuse mue par IA. Cette prophétie annonce l’apparition d’un personnage religieux aux pouvoirs surnaturels qui cherchera à tromper les gens. Elle nous annonce une époque effrayante comme la nôtre – une période où nos yeux et nos oreilles peuvent nous trahir. Autrement dit, cette ère de distorsion des esprits, de mensonges et de supercheries se précise et l’IA mène la dance.
À mesure que les mensonges et les supercheries se multiplient, les chrétiens vont devoir s’efforcer davantage d’appliquer la sagesse décrite par l’apôtre Jean : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4:1). Comment faire cela précisément ?
Le seul moyen de vous protéger contre ce déluge de mensonges et d’illusions est de connaître le Dieu de vérité par la prière et l’étude de la Bible. Lui seul est la source de la vérité pure et non trafiquée ; c’est ce qu’affirme l’Écriture : « Il est impossible que Dieu mente » (Hébreux 6:18). Nous pouvons être certains que chaque mot, dans la Bible, ne change pas – et ne changera jamais – de sens.
L’auteur du Psaume 91 illustre le fait que la Bible est digne de confiance et est notre guide ultime. Il décrit les tentatives de la société à mentir et à piéger les gens comme « le filet de l’oiseleur » mais que Dieu est prêt à délivrer (verset 3). Voici ce que Dieu s’engage à faire pour ceux qui croient en lui : « Il te couvrira de ses plumes, et tu trouveras un refuge sous ses ailes » (verset 4). En outre, « sa vérité sera ton bouclier et ton écu » (suite du verset ; version Ostervald). La Bible est le fondement de la vérité dont vous avez besoin dans ce monde de plus en plus trompeur. Nous vous proposons à cet effet notre article La Bible a-t-elle raison ?