De nombreuses églises chrétiennes enseignent que le sacrifice du Christ a rendu la loi de Dieu caduque. Est-ce vrai ? Si oui, qu'est-ce que l'éthique chrétienne ? Sur quoi se fonde-t-elle ?

J'étais surpris en observant mes camarades. La question du professeur les avait visiblement mis mal à l'aise, et ils semblaient ne pas savoir comment y répondre : « Puisque nous savons que la justice vient de la foi plutôt que de la loi, pouvons-nous citer un fondement quelconque à l'éthique chrétienne ? » Cette question venait en introduction d'un cours de master sur ce sujet précis : l'éthique chrétienne. Mes camarades, issus de confessions diverses, étaient tous attachés à leurs croyances, et ils étaient sincères dans leur désir de vivre en tant que chrétiens. Mais ils avaient du mal à répondre à cette question. Pourquoi ?
Le dilemme de l'éthique chrétienne
Bien que mes croyances religieuses diffèrent de celles de mes camarades, j'admirais nombre d'entre eux. Comme moi, la plupart travaillaient déjà, mais avaient choisi de consacrer leur temps, leur énergie et leurs efforts à des études supérieures. Certains étaient pasteurs. La plupart semblaient intelligents et intègres. Alors, pourquoi avaient-ils du mal à répondre à la question
du professeur ?
J'ai vite compris que leur dilemme résultait de la formulation de cette question. Il semblait que le professeur ait intentionnellement évoqué la foi et la loi afin d'inciter ses étudiants à réfléchir à la question théologique sous-jacente au concept d'éthique chrétienne. Cela s'explique sans doute par le fait que beaucoup d'étudiants croyaient que les chrétiens, sous la Nouvelle Alliance, ne sont pas « liés » par la loi. En fait, de nombreuses personnes professant le christianisme qualifient systématiquement de « légalistes » ceux qui suggèrent que la loi est nécessaire. Sans aller jusqu'à suggérer que chacun peut vivre comme bon lui semble, mes camarades étaient réticents à l’idée d’identifier la loi de Dieu comme fondement de l'éthique chrétienne. Résultat : beaucoup d'entre eux se sont retrouvés sans fondement clair pour aborder la question de l'éthique biblique.
Les croyants professant le christianisme parlent souvent d'éthique par rapport au fait de suivre Dieu ou Jésus, de glorifier Dieu ou d'imiter le caractère de Dieu. Certains parlent même d'obéir à Dieu (par opposition à obéir à sa loi), mais ils peinent à établir un code de conduite spécifique. Dans leur esprit, un tel code obligatoire pourrait devenir une manifestation de légalisme. Les partisans de cette approche de la loi de Dieu la justifient généralement par les écrits de l'apôtre Paul, bien qu'ils prennent position sans pleinement apprécier le contexte historique et culturel de ses lettres. Avant de répondre à la question « Qu'est-ce que l'éthique chrétienne ?», nous devons donc examiner brièvement les rôles de la loi, de la grâce et de la foi pour le croyant. Pour une étude plus approfondie de la loi et de la grâce, lisez notre article La loi et la grâce : Jésus ou Paul ?
Un bref aperçu de la loi, de la grâce et de la foi
Aucun des passages censés prouver que la loi n'est plus en vigueur, ne le dit réellement. Ils nous disent que le salut et la justification viennent par la foi, mais cela est loin d'abolir la loi. Ces affirmations aident plutôt à cerner les différents rôles de la loi, de la grâce et de la foi. Essentiellement, le but de la loi de Dieu est de définir le péché et, par extension, la justice. Elle nous montre ce qui est bien et ce qui est mal, tels que Dieu les définit. Dans sa première épître, l’apôtre Jean écrit : « Quiconque pèche transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi... Quiconque demeure en lui ne pratique pas le péché » (1 Jean 3:4, 6, italiques ajoutés). Au verset suivant, Jean ajoute : « Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste.»
Cependant, puisque tous les humains ont désobéi à la loi divine à un moment ou à un autre, il faut aller plus loin. Paul répond à ce besoin dans sa lettre à l’Église romaine : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » (Romains 3:23-24).
En fait, le même auteur, Paul, dans la même lettre, demandait rhétoriquement à la même Église romaine : « Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? » Sa réponse fut catégorique : « Loin de là ! » (versets 1-2). Nous voyons donc que la loi divine nous aide à comprendre le caractère juste de Dieu, dont la plénitude est hors de notre portée en tant qu'êtres humains pécheurs. C'est par la grâce de Dieu que nous sommes pardonnés et que la justification peut commencer. Dieu fait table rase. Quel est donc le rôle de la foi ? La foi est une confiance en Dieu. Cette confiance nous amène à croire que Dieu nous aime et que sa voie est la meilleure. Cela devrait nourrir notre désir de changer, de vivre selon sa volonté et de nous efforcer d'obéir à sa loi, même face à l'adversité. Nous ne vivrons pas encore parfaitement. Nous continuerons à commettre des erreurs. Comme l'a noté Jean : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes » (1 Jean 1:8). Jean ajoute ensuite : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de toute iniquité » (verset 9). La foi est liée à notre façon de vivre : nous nous efforçons d'obéir et nous nous tournons continuellement vers Dieu pour trouver sa direction, sa force et sa miséricorde. Et la foi signifie faire confiance à Dieu même lorsque l'obéissance est difficile, voire dangereuse. Pour en savoir plus sur la foi, lisez nos articles Qu’est-ce que la foi vivante ? et Comment avoir plus de foi.
Le fondement de l'éthique chrétienne
Puisque la loi de Dieu définit le péché et, par conséquent, la justice, elle constitue le fondement de l'éthique chrétienne. Le psalmiste auteur du plus long chapitre de la Bible, le Psaume 119, l'avait bien compris. Ce poème magnifiquement composé traite entièrement de la loi divine. Son style acrostiche visait à faciliter la mémorisation du psaume. Le simple fait que ce poème ait été conçu pour être mémorisé démontre l'importance du sujet. Le psaume utilise divers synonymes pour la loi – tels que témoignages, préceptes, voies, statuts et commandements – pour souligner l'importance de la loi de Dieu. Tout au long de ses 176 versets, le psaume nous montre que la loi divine sert de guide au comportement humain. Au début du poème, le psalmiste demande : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d’après ta parole » (verset 9).
Vers le milieu, il affirme la valeur des commandements de Dieu : « Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis, car je les ai toujours avec moi » (verset 98). Il déclare également que la parole de Dieu est « une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier » (verset 105). Plus loin, il écrit : « Il y a beaucoup de paix pour ceux qui aiment ta loi, et il ne leur arrive aucun malheur » (verset 165) et « Tous tes commandements sont justes » (verset 172). Ces paroles montrent clairement que la loi divine n’est pas un recueil de commandements restrictifs et étouffants dont nous devrions nous libérer. Au contraire, elle est présentée comme le fondement d’une vie vécue en harmonie avec Dieu et ses enfants. C’est la définition même d’un code d’éthique !
L’éthique chrétienne pour les pécheurs
Comme mentionné précédemment, nous, humains, sommes incapables d'obéir parfaitement à la loi de Dieu « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3:23). Comment, alors, en tant que pécheurs, pouvons-nous suivre un code d'éthique chrétienne ? Dieu a compris cette faiblesse dès le début. Immédiatement après que Moïse eut présenté les dix commandements aux tribus rassemblées d'Israël, Dieu a déploré ce manque chez son peuple élu : « Oh ! s’ils avaient toujours ce même cœur pour me craindre et pour observer tous mes commandements, afin qu’ils soient heureux à jamais, eux et leurs enfants !» (Deutéronome 5:29).
Mais Dieu n'est pas déraisonnable. Il avait également prévu dès le début de fournir la force à ses enfants au moment opportun, comme l'avait prophétisé Jérémie : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte, alliance qu’ils ont violée, quoique je sois leur maître, dit l’Éternel. Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jérémie 31:31-33).
Remarquez que la loi de Dieu se trouve à la fois dans l'Ancienne et la Nouvelle Alliance. La Nouvelle Alliance remplace l'Ancienne Alliance, mais la loi de Dieu fait partie des deux. Les chrétiens qui rejettent la loi divine comme faisant partie de la Nouvelle Alliance passent soit à côté de ce passage (cité dans Hébreux 8:10 et 10:16), soit, pire, l'ignorent. C'est le Saint-Esprit de Dieu qui donne à ses enfants un cœur obéissant, et ce n'est que par son Saint-Esprit que l'obéissance venant du cœur est possible. Comme le Christ l'a dit à la Samaritaine au puits : « Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité » (Jean 4:24).
Plus juste que les pharisiens
L'éthique chrétienne est plus que la loi elle-même. Christ l'a expliqué dans son sermon sur la montagne. Après avoir affirmé qu'il n'était pas venu « abolir la loi » (Matthieu 5:17), il fit une déclaration qui allait choquer ses auditeurs : « Car je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux » (verset 20). Les scribes et les pharisiens étaient très soucieux de mener une vie juste, mais à bien des égards, ces chefs religieux étaient en désaccord avec la loi de Dieu. En effet, au fil des siècles, ils avaient développé de nombreuses « traditions » dans leur interprétation de la loi et accordaient à cette loi orale la priorité sur les Écritures (Matthieu 15:3, 6 ; Marc 7:8-9).
Le simple fait de s'abstenir de commettre un meurtre, par exemple, ne remplit pas l'intention spirituelle de cette loi (versets 21-22). La loi de Dieu est le reflet de son amour, un amour que nous devons imiter. Nous devons aller au-delà de l'abstention de commettre un meurtre et faire face à la colère et à l'égoïsme qui sont à la source de ce péché. Nous devons aimer nos ennemis
(verset 44).
L'éthique chrétienne dans votre vie
Ainsi, contrairement à ce que croyaient beaucoup de mes camarades de classe, nous pouvons considérer la loi divine comme le fondement de l'éthique chrétienne. Mais nous avons besoin du Saint-Esprit de Dieu pour lui obéir pleinement. De plus, nous avons besoin de son Esprit pour bien comprendre comment lui obéir !
La première étape pour établir un code d'éthique chrétienne est de connaître, de comprendre et d'apprécier la loi divine pour ce qu'elle est véritablement : une expression de l'amour de Dieu.
Les dix commandements sont au cœur de cette loi. Consultez notre rubrique Les Dix Commandements sont-ils applicables aujourd’hui ? L'étape suivante consiste à voir comment les membres de l'Église du premier siècle appliquaient la loi divine à leur situation. Plusieurs auteurs du Nouveau Testament nous ont transmis de merveilleuses listes d'applications pratiques. En voici quelques-unes :
• Les fruits de l'Esprit par rapport aux œuvres de la chair (Galates 5:19-26)
• La sagesse d'en haut (Jacques 3:17-18)
• Les vertus à « joindre à votre foi » (2 Pierre 1:5-9)
• Les qualités de l'amour (1 Corinthiens 13:4-7)
• Les qualifications des évêques (ministres) et des diacres (1 Timothée 3:1-13)
• Les qualifications des anciens (Tite 1:5-9)
Pour en savoir plus sur l’éthique chrétienne, consultez notre article Suffit-il d’avoir de bonnes valeurs ?