À offrir vos corps comme un sacrifice vivant

L’apôtre Paul exhorta les membres de l’Église de Dieu à Rome à offrir leurs corps comme un sacrifice vivant. Comment est-ce possible ? Que voulait dire Paul ?

L’épître de Paul aux Romains – qui explique tout, du péché au salut et de la justification à la place qu’occupe Israël dans le plan de Dieu – passe pour être l’explication la plus détaillée de la théologie, dans le Nouveau Testament. Les 11 premiers chapitres sont consacrés à ces sujets..

Par contre, le chapitre 12 débute par « Je vous exhorte donc », ce qui indique qu’il faut passer à l’application pratique de ce qui vient d’être énoncé. Autrement dit, Paul dit aux membres de l’Église que – du fait de ce qu’ils viennent d’apprendre – ils doivent vivre différemment. Que tirer de l’instruction de Paul « à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Romains 12:1) ?

Des sacrifices vivants dans un monde où l’on sacrifie des animaux

Dans un monde où les religions offraient couramment des sacrifices d’animaux, cette instruction devait paraître plutôt étrange, pour ne pas dire fanatique. Des animaux étant sacrifiés sur des autels, l’idée d’un sacrifice vivant pourrait passer pour contradictoire. Pour comprendre ce qu’est un sacrifice vivant, nous devons commencer par comprendre ce qu’est un sacrifice.

Pour qu’un sacrifice soit un sacrifice, il faut d’abord qu’il coûte quelque chose, que nous nous privions de quelque chose qui nous tient à cœur, qui est précieux à nos yeux.

Dans son article Offerings and Sacrifice, le Zondervan Expository Dictionary of Bible Words définit le sacrifice vivant de Romains 12:1 comme correspondant à « l’offrande entière de consécration consumée par le feu ». Pour la personne qui offrait un animal précieux pour qu’il soit entièrement consumé, c’était un sacrifice coûteux. Et évidemment, pour l’animal, c’était l’ultime sacrifice. David savait que – pour Dieu – ce qui comptait le plus dans un sacrifice, c’était le cœur de la personne qui l’offrait, ses motifs, ses intentions. Dans son psaume bien connu sur le repentir, David reconnaît que « les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : O Dieu ! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit » (Psaume 51:17).

Que signifie donc « offrir son corps comme un sacrifice vivant » ?

Peu avant d’exhorter les chrétiens de Rome à offrir leur corps « comme un sacrifice vivant », Paul leur rappelle « les compassions de Dieu ». C’est important. Dieu étant compatissant, ces sacrifices vivants sont différents de ceux du monde. Comme l’indique le commentaire de l’Expositor’s Bible Commentary sur l’épître aux Romains, « Si les païens sont prompts à offrir des sacrifices pour être pardonnés, la foi biblique enseigne que la miséricorde divine sert de fondement au sacrifice en tant que réaction appropriée » (vol. 10, p. 127). C’est parce que Dieu a offert son Fils unique comme sacrifice, pour payer l’amende de nos péchés, que ses enfants devraient désirer devenir des sacrifices vivants.

Un autre mot clé dans ce passage, le mot grec logikos, mérite notre attention. Il a généralement été traduit par « ce qui est bon, agréable et parfait » ou « bon, agréé et parfait » (Nouvelle Bible Segond). En somme, l’idée exprimée dans logikos – selon l’Expositor’s – est que « le sacrifice que nous rendons est intelligent et délibéré » (Expositor’s, p. 127). C’est ce qui distingue le sacrifice vivant des chrétiens, des sacrifices d’animaux. Le sacrifice vivant dont il est question dans Romains 12:1 découle des « compassions de Dieu » ou de sa « magnanimité » ou de son « immense bonté » comme on peut le lire dans d’autres traductions, et il implique la volonté de l’individu. Mais que signifie également offrir son corps comme un sacrifice vivant ?

Les sacrifices vivants et le plus grand commandement

Être un sacrifice vivant sous-entend bien des choses. C’est vivre de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, et c’est donner à Dieu la priorité en tout. Ce qui peut se résumer par ce que Jésus a dit à propos du premier et du plus grand commandement qui dit « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » (Matthieu 22:37). Ce commandement – de pair avec l’autre commandement général « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (verset 39) – guide les chrétiens dans une ligne de vie qui façonne chacune de leurs actions et chacune de leurs pensées ; c’est une voie fondée sur l’obéissance, sur le service et sur le sacrifice.

Les sacrifices vivants et la volonté parfaite de Dieu

Prenons l’exhortation de Paul à offrir nos corps comme un sacrifice vivant à la lumière d’une prière clé de Jésus – de celle qu’il offrit à Dieu quelques heures avant sa crucifixion. Dans le jardin de Gethsémané, « il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses » (Matthieu 26:37). Sachant quelle mort l’attendait, il demanda au Père : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ! », mais il s’empressa d’ajouter :

« Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (verset 39). Il le demanda à trois reprises avec une telle intensité que « étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre » (Luc 22:44). À chaque fois, son souhait final fut de se plier à la volonté du Père.

Quand Paul insista à ce que les chrétiens de Rome offrent leurs corps « comme un sacrifice vivant » (Romains 12:1), et à être « transformés par le renouvellement de l’intelligence » (verset 2), il conclut en précisant qu’après cette transformation, ils allaient pouvoir discerner « quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait ». Dans ces deux cas, le sacrifice est lié à la capacité et au désir de se plier à la volonté de Dieu.

L’unité issue du fait que nous offrons nos corps comme un sacrifice vivant

Romains 12 lie sacrifice, service et unité. Après avoir exhorté les chrétiens de Rome à être « transformés par le renouvellement de l’intelligence » (verset 2), Paul leur dit : « Je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion » (verset 3), mais plutôt d’utiliser les dons qu’il a reçus au service de l’Église (versets 4 à 8). Bien qu’il ne se soit pas servi du mot « unité » dans ce passage, elle est sous-entendue, notamment au verset 5 : « Nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres ». Former un seul corps signifie servir Dieu et les frères, puis être unis.

Appelés à offrir vos corps comme des sacrifices vivants

L’appel chrétien, bien qu’un don de Dieu, est coûteux, exige des sacrifices. Nous renonçons à notre vie passée pour nous mettre premièrement à nous plier à la volonté divine, et ensuite à nous soucier de nos frères et sœurs en Christ. C’est pourquoi nous mourons symboliquement lors de notre baptême. C’est critique pour toutes nos relations, aussi bien avec Dieu que dans nos mariages, dans nos emplois, avec nos voisins ou dans nos congrégations.

Certains sacrifices sont gros, d’autres moindres, mais tous font partie d’une vie entièrement dévouée à l’amour pour Dieu et pour le prochain.

Nous devons chercher à identifier les domaines, dans nos vies, où nous devons éliminer nos mauvaises habitudes et nos mauvaises voies afin de développer en
nous la justice de Christ. Par exemple…
    • Nous devrions nous efforcer à tout prix de vaincre une addiction – à l’alcool, à la drogue, au jeu, etc.
    • Nous devrions nous acharner à éliminer notre orgueil, nous efforcer d’être humbles.
    • Nous devrions apprendre à tenir notre langue, faire preuve de plus de gentillesse et d’amour dans nos propos, à ne pas faire de commérages.
    • Nous devrions cesser de mentir et toujours dire la vérité.

N’oublions pas que devenir un sacrifice vivant consiste à réagir à la miséricorde que Dieu nous a déjà témoignée. Il est donc convenable que nous fassions preuve de miséricorde envers nos semblables. Ce choix est délibéré de notre part. Évidemment, la soumission à Dieu vient en premier ; elle fait partie du premier et du plus grand commandement. C’est seulement dans ce contexte que nous nous sacrifions pour nos conjoints, nos collègues de travail, nos voisins et nos frères et sœurs en Christ.

Pourquoi est-ce si important ?

Dieu nous a créés et nous a appelés à devenir ses enfants, à vivre dans sa famille pour l’éternité, mais il ne le fera pas automatiquement pour tout le monde. Il recherche des individus pleinement engagés dans sa ligne de vie. Ceux qui lui offrent leur vie comme un sacrifice vivant sont ceux à qui il accordera cette bénédiction merveilleuse.

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