Ruth

Le livre de Ruth nous raconte l’histoire de l’amour fidèle d’une ancêtre de David et de Christ. Il nous rappelle aussi l’amour divin, la rédemption divine et ce qui importe pour Dieu.

L’histoire de Ruth offre à chaque génération des leçons importantes et – depuis des siècles – elle est acceptée quasi universellement par les érudits bibliques et les critiques. Il semble que tout son contenu évoque le message intemporel de la foi, du sacrifice de soi, des questions clés de la vie et de l’épanouissement humain.

Qu’est-ce qui fait que ce récit a inspiré tant de gens, dans l’histoire ? Plongeons-nous dans les pages de ce livre afin de savoir ce que nous pouvons apprendre en tout temps de cette femme remarquable.

L’auteur du livre

« La tradition juive, d’après le Talmud, fait de Samuel l’auteur du livre de Ruth » (Zondervan NIV Bible Commentary, vol. 1, 1994, p. 368).

La plupart des experts conservateurs acceptent le prophète Samuel en tant qu’auteur présumé de cette œuvre. Samuel est celui qui oignit David roi (1 Samuel 16:13) ; il aurait donc connu l’histoire des ancêtres de ce dernier.

Le cadre historique du livre

Plusieurs évènements décrits dans ce livre eurent lieu du temps des Juges, en Israël (Ruth 1:1), probablement au 12e siècle avant notre ère, entre 50 et 100 ans avant la naissance de David. C’était une époque de grande instabilité et de troubles en Israël, chacun agissait à sa guise (Juges 21:25).

La scène se passe au temps de la moisson printanière de l’orge, ce qui fait que le livre est lié depuis longtemps à la Pentecôte, symbolique de cette première moisson. Ruth est l’un des cinq rouleaux de parchemin des fêtes (Meguiloth) dans la section des Écrits (ou des « Psaumes ») de l’Ancien Testament (les quatre autres rouleaux étant le Cantique des cantiques, Lamentations, Ecclésiaste et Esther).

S’il y avait des conflits, bien des maux et l’anarchie à l’époque des Juges, l’histoire de Ruth nous permet de mieux apprécier les bénédictions et l’aide que Dieu peut apporter, même dans des temps difficiles. Ruth, comme nous allons le voir, consacra sa vie à aider les autres et, de ce fait, Dieu la bénit pour sa fidélité.

Plan du livre

1:1-5 : Elimélec et sa famille vont vivre dans Moab.

1:6-22 : La veuve Naomi retourne à Bethléhem accompagnée de sa belle-fille.

2 : Ruth gagne l’admiration et la protection de Boaz.

3 : Ruth fait appel à Boaz en tant que proche ayant droit de rachat.

4 : Boaz accepte et épouse Ruth ; ils deviennent les ancêtres de David et de Christ.

Des citations

Avant de nous pencher sur l’histoire de Ruth, prenons note de plusieurs commentaires sur l’impact que ce livre a eu au fil des années.

D’après Les Cinq Meguiloth – un commentaire juif – « au niveau du style, c’est inimitable : c’est frais, c’est simple et gracieux. Le charme du livre est tout bonnement irrésistible, car il tient à son héroïne dont il porte le nom ; et le charme principal de Ruth elle-même se situe dans son amour désintéressé et dévoué de tout ce qui est de qualité dans le monde physique et dans le monde spirituel » (Dr. A. Cohen, p. 36).

Le poète allemand Goethe l’a qualifié d’« œuvre complète la plus charmante jamais écrite, à petite échelle » (cité par Leon Morris dans Juges and Ruth, p. 242).

Alexander Schröder – un critique littéraire – a écrit : « Aucun poète au monde n’a écrit une petite histoire aussi belle » (cité par C.F. Keil et Franz Delitzsch dans Commentary on the Old Testament : Joshua, Judges, Ruth, p. 466). 

« Le trait le plus frappant dans cette jolie histoire simple est le sentiment que Dieu se soucie profondément des affaires humbles. C’est lui qui maîtrise toutes les situations de la vie quotidienne, même pour les gens les moins importants » (Eerdmans’Handbook to the Bible, 1973, p. 226).

Lisons cette histoire pour voir ce qui a bien pu produire des commentaires si élogieux.

Le résumé du livre de Ruth

Un homme de Bethléhem nommé Elimélec est obligé de partir, à cause d’une famine, et il va s’installer dans le pays de Moab avec son épouse Naomi et ses deux fils. Il décède et, plus tard, ses deux fils épousent des femmes moabites – Orpa et Ruth. Dix ans après, les deux fils meurent eux aussi, et les deux belles-filles de Naomi deviennent elles aussi veuves.

Naomi apprend que la famine a cessé, en Judée, et elle décide de retourner à Bethléhem. Elle conseille à ses deux belles-filles de demeurer en Moab et de se trouver des maris parmi leur peuple. Orpa décide de rester sur place, mais Ruth tient à accompagner Naomi. Cette dernière lui conseille de nouveau de retourner à son peuple (les Moabites) et à ses dieux. Apparemment, Naomi est demeurée fidèle à Dieu bien que vivant au milieu de païens, et son exemple de fidélité impressionne Ruth. Ruth décide de faire preuve de bienveillance et de loyauté envers sa belle-mère et de s’attacher à son Dieu, le vrai Dieu.

La réponse de Ruth à Naomi est l’une des réparties les plus connues de tout le livre : « Ne me presse pas de te laisser, de retourner loin de toi ! Où tu iras, j’irai, où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras, je mourrai, et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite dans toute sa rigueur, si autre chose que la mort vient à me séparer de toi ! » (Ruth 1:16-17). Les deux femmes arrivent à Bethléhem juste à temps pour la première moisson printanière. Ruth se met immédiatement au travail, allant glaner dans les champs pour pourvoir à ses besoins et à ceux de sa belle-mère.

Ruth et Boaz

Alors qu’elle glane dans les champs, Ruth est remarquée par Boaz – un riche propriétaire – qui est de la même famille que le défunt mari de Naomi. Boaz est impressionné par cette jeune veuve courageuse et dévouée qui travaille dans ses champs, et il se présente. Il lui dit : « On m’a rapporté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère depuis la mort de ton mari, et comment tu as quitté ton père et ta mère et le pays de ta naissance, pour aller vers un peuple que tu ne connaissais point auparavant. Que l’Eternel te rende ce que tu as fait, et que ta récompense soit entière de la part de l’Eternel, le Dieu d’Israël, sous les ailes duquel tu es venue te réfugier ! » (Ruth 2:11-12).

La relation se développe et Dieu se sert de Boaz pour accomplir cette promesse en tant que proche de la famille ayant droit de rachat (qui sert de type à la mission du Messie). Après avoir satisfait plusieurs formalités relatives aux anciennes lois sur le veuvage et les héritages, Boaz et Ruth se marient.

On peut s’imaginer que Dieu ne s’occupe que des gens importants dans ce monde, l’histoire de Ruth le dément. Nos richesses, notre réputation ou notre pouvoir ne l’impressionnent pas. Ce qu’il remarque surtout, c’est la teneur de notre caractère. Ce mariage entre Boaz et Ruth est l’un des plus importants dans l’histoire juive car l’arrière-petit-fils de Ruth et de Boaz n’est autre que le roi David, le monarque le plus célèbre et le plus aimé d’Israël (Ruth 4:21-22). Ruth appartient en outre à la lignée de Jésus-Christ (Matthieu 1:1, 5).

Les thèmes du livre

Deux idées clés dans le livre de Ruth illustrent les thèmes qui s’y trouvent :

L’amour fidèle

L’amour fidèle (fidèle, en hébreu = hesed ou checed, traduit par fidélité dans plusieurs traductions et par « bonté » ou « bienveillance » dans d’autres) représente un thème important du livre (Ruth 1:8 ; 2:20 ; 3:10). L’importance de la fidélité dans l’amour est évidente dans le livre. Le mot original hesed traduit la fidélité dans l’amour. Il dénote ici l’idée que l’amour sincère tient ses promesses. Quand il est utilisé pour décrire Dieu, il décrit la fidélité aimante de Dieu envers ses promesses. Ruth, bien qu’étant une étrangère et ne connaissant pas la loi divine, éprouvait ce genre d’amour et de fidélité pour sa belle-mère Naomi. Boaz a cette même noblesse et cette même qualité, il protégea Ruth – la veuve de l’un des membres de sa famille – et pourvut à ses besoins.

« L’histoire de Ruth illustre, en fin de compte, le fait que Dieu lui-même éprouve ce genre d’amour. Il récompensa Ruth pour sa loyauté envers lui en lui donnant une place d’honneur dans la communauté de la foi. Il la bénit en lui donnant un enfant qui va devenir l’ancêtre du roi David et, par la suite, du Messie promis » (NKJV Study Bible, Introduction to Ruth).

La rédemption

Le proche parent ayant droit de rachat (en hébreu = goel) dont il est notamment question dans Ruth 3:9 souligne le thème de la rédemption. Sous bien des aspects, le rachat que Boaz offre à Ruth est un type de la rédemption offerte par Jésus-Christ. « Le proche qui avait droit de rachat était “le défenseur des droits familiaux”. Cet individu était un proche parent ayant les moyens financiers nécessaires pour venir en aide à un membre pauvre de la famille, étant capable d’intervenir pour épargner – à ce membre pauvre de la famille – l’esclavage ou pour lui éviter de vendre les terres ancestrales familiales. Dans l’histoire de Ruth, Boaz rachète la terre que Naomi s’apprêtait à vendre. Il s’acquitte en outre d’une autre des responsabilités du proche qui a droit de rachat, celle de donner un héritier à Machlon, défunt mari de Ruth…

« Boaz se charge volontiers de ce devoir, bien que n’étant pas le membre le plus proche dans la famille (Ruth 3:12- 13). Il achète la terre de Naomi, épouse Ruth, et perpétue ainsi le nom de famille par la naissance de leur fils. Par toutes ces mesures, Boaz affiche la compassion et l’amour d’un rédempteur. Sa vie illustre pour nous la compassion de Jésus, notre rédempteur (Galates 3:13) » (NKJV Study Bible, Introduction to Ruth).

Plusieurs enseignements spirituels à tirer du livre :

1. Dieu prend note des justes

La présence de Dieu dans le livre de Ruth se fait sentir par la rencontre « fortuite » de Boaz et de Ruth. Est-ce par pur hasard que Ruth se rend dans les champs de Boaz ? Est-ce par hasard qu’il la voit travailler et découvre qu’elle est de la famille de Naomi ? Les évènements menant à ce mariage sont-ils fortuits ? Il semble évident, pour tous ceux qui étudient soigneusement ce livre, que Dieu s’intéresse vivement à cette jeune veuve dévouée et fidèle disposée à faire passer les besoins d’autrui avant les siens. La main invisible de Dieu agit, permettant que toutes ces choses se passent, notamment quand on sait que le roi David et Christ lui-même vont être des descendants de cette femme remarquable. Le récit étaye pleinement la vérité biblique énoncée par le prophète Ésaïe, selon laquelle Dieu porte ses regards sur quiconque souffre, a l’esprit abattu et craint sa parole (Ésaïe 66:2).

Au milieu de tout ce qui se passait dans le monde, au 12e siècle avant notre ère, l’attention de notre grand Dieu fut attirée par une jeune veuve discrète travaillant dans les champs. Comme Dieu le fit remarquer à Samuel quand il chercha à savoir qui était celui qu’il devait oindre roi, « ne prends point garde à son apparence et à la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté. L’Eternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7). Dans ce cas, Dieu dirigea Samuel vers l’arrière-petit-fils de Ruth – David – un homme selon le cœur de l’Éternel.

2. Nous obtiendrons tout ce qui est bon et vaut la peine si nous sommes patients et nous appliquons à faire ce qui est juste aux yeux de Dieu.

Ruth était veuve, une étrangère dans la Judée, et elle dut travailler dur, physiquement, pour pourvoir à ses besoins et à ceux de sa belle-mère âgée. Sa décision de faire ce qui est juste – d’aider et de soutenir Naomi au lieu de ne penser qu’à elle – lui attira la bénédiction divine.

Dans l’ère présente, de gratification instantanée, il est bon de se souvenir de cette leçon intemporelle sur le moyen de trouver le vrai bonheur et l’épanouissement. L’apôtre Paul soutint cette idée quand il déclara que Dieu « rendra à chacun selon ses œuvres : il réserve la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité » (Romains 2:6-7 ; c’est nous qui soulignons tout du long).

Paul a également écrit : « Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas » (Galates 6:9). La plénitude des bénédictions divines ne viendra peut-être pas dans cette vie, mais la gloire ultime qu’il nous réserve dépasse tout ce que nous pouvons imaginer (1 Corinthiens 2:9).

La morale de l’histoire

À l’heure qu’il est, dans les foyers d’individus apparemment peu importants, vivant et s’éteignant à l’insu du public, Dieu pourrait fort bien préparer l’histoire future du monde. Dieu sonde les cœurs de tous les êtres humains. Ce n’est pas l’épaisseur de leurs comptes en banque, ni leur popularité, ni leurs postes, ni leur intelligence qui l’impressionnent, mais la qualité de leur caractère, comme c’était le cas pour Ruth. C’est là une morale puissante que nous pouvons tirer de l’histoire de cette femme remarquable. Lisez son récit. Imitez son comportement. Découvrez le vrai sens de votre vie.   

Nous vous proposons à ce sujet notre article Des femmes de foi et nous vous encourageons à consulter nos sections L’Ancien Testament et Le Nouveau Testament.

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