Le Cantique des cantiques

Le Cantique des cantiques ne parle pas de Dieu et semble traiter essentiellement de l’amour romantique. Pourquoi fait-il partie de la Bible ? Qu’est-ce que les chrétiens sont supposés en tirer ?

Survolons brièvement l’un des livres passant souvent pour l’un des moins lus et des plus difficiles à comprendre de la Bible – le Cantique des cantiques. Comme nous allons le voir, il est en fait fascinant et revêt une profonde signification.

Quelques faits

  • L’auteur est le roi Salomon (ce cantique fut probablement rédigé avant que son amour pour « beaucoup de femmes étrangères » ne l’égare (1 Rois 11:1).
  • Dieu n’est pas mentionné une seule fois dans ce livre.
  • L’œuvre contient plusieurs passages à caractère sexuel.
  • Historiquement, on l’a lié à la Pâque, fête lors de laquelle on l’a souvent lu.

Peut-être vous demandez-vous pourquoi ce livre fait partie de la Bible ; nombreux sont ceux qui – au fil des siècles – se le sont demandés. De nos jours encore, peu le lisent et il est rarement cité dans les Églises dites chrétiennes. La position contraire a cependant été adoptée par certains qui en louent le contenu. Le rabbin Akiba, l’un des plus grands érudits du judaïsme, a écrit que si tous les autres livres de la Bible sont saints, le Cantique des cantiques est le « saint des saints » (Meguila 7a). Selon lui également, « le monde s’est hissé à son plus haut sommet le jour où le Cantique des cantiques a été confié à Israël » (Yadayim 3:5).

Le Jamieson, Fausset and Brown Commentary fait remarquer que la raison fondamentale pour laquelle le Cantique des cantiques fait partie de la Bible est bien ancrée : « Sa canonicité est certaine : on le trouve dans tous les manuscrits hébreux de l’Écriture ; dans la version grecque (Septante) ; et même dans les catalogues de Méliton – évêque de Sardes, en 170 de notre ère (Eusèbe, H.E., 4, 26) et dans plusieurs autres manuscrits de l’Église primitive » (1962, p. 488). La place qu’occupe le Cantique des cantiques dans les Écritures est ferme.

Résumé

Pourquoi Dieu a-t-il inspiré ce livre, et quelles sont les leçons que nous pouvons en tirer ?

L’un des défis à éliminer pour bien comprendre ce livre est qu’il est difficile de savoir qui sont les interlocuteurs mentionnés. Plusieurs Bibles et plusieurs commentaires bibliques ont essayé d’identifier les personnages impliqués en insérant des sous-titres ici et là ; néanmoins, dans le texte, il n’y a aucune coupure. Ces derniers, nous devons les identifier à partir du contexte. Les divisions modernes courantes en identifient généralement deux : le fiancé ou mari, et la fiancée ou épouse (accompagnés des jeunes filles de Jérusalem puis des frères de la jeune femme).

Le livre décrit une jeune Sulamite qui a hâte d’être avec son futur époux, hâte de se réjouir lors de ses noces et de connaître l’intimité succédant à ces dernières. L’époux, d’après plusieurs commentateurs, est le roi Salomon, le seul homme à être mentionné de nom dans le livre. Néanmoins, le Soncino Commentary (un commentaire juif) mentionne un autre personnage principal – un berger que la Sulamite aime profondément et dont on l’a séparée – du fait de sa beauté – et que l’on a proposée à Salomon. Selon cette interprétation, elle a résisté à toutes les tentatives effectuées pour l’offrir à Salomon et elle a enfin pu retrouver son grand amour.

Pour plusieurs des commentaires juifs plus anciens – comme celui du septième siècle – le midrash Shir Hashirim Rabbah – le récit décrit le mariage spirituel entre Dieu et Israël, alors que d’autres penchent plutôt vers une lecture plus littérale et moins allégorique du livre. La Mishnah mentionne une controverse sur la question de savoir si la lecture du Cantique des cantiques « rendrait les mains impures », étant, supposément – pour certains – trop érotique dans sa lecture littérale plutôt qu’allégorique (Yadayim 3, 4).

Deux thèmes majeurs

Deux thèmes majeurs, dans ce livre remarquable, justifient son inclusion dans les Saintes Écritures et rendent son étude édifiante.

1. Le récit entier loue l’importance de la pureté morale.

L’amour vrai, tel que Dieu le définit, ne fait jamais de compromis avec la loi morale divine, pour la moindre raison et quelle que soit la situation. Ce livre – et la Bible dans sa totalité – énonce clairement que les hommes et les femmes doivent se maintenir moralement purs pour le mariage. Se maintenir sexuellement pur est faire preuve de loyauté envers son futur ou sa future partenaire, même si l’on ne sait pas encore qui ce sera. L’apôtre Paul énonce clairement ce principe dans sa première épître aux chrétiens de Corinthe : « Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps ; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.  Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu » (1 Corinthiens 6:18-20). Paul précise également que « le corps n’est pas pour la débauche. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps » (verset 13).

Quand nous achetons un appareil ou un outil quelconque ou un ordinateur, un manuel d’instructions y est généralement joint. Par exemple, pour une tondeuse à gazon, le manuel peut inclure l’avertissement : « Ne pas utiliser sur un sol humide et ne pas submerger ». Quand on ne tient pas compte de cette directive et qu’on l’utilise pour couper de l’herbe en bordure d’un lac ou d’un étang, on risque de s’apercevoir que l’outil en question fonctionne mal dans l’eau ! Parallèlement, le manuel d’instruction divin nous dit que « le corps n’est pas pour la débauche ». Nous pouvons ignorer cette instruction mais – d’après la Bible – le prix à payer est élevé !

Comme l’explique le Soncino Commentary, « l’amour transfigure et sanctifie, mais c’est une bénédiction qui a besoin d’être préservée avec zèle et protégée contre tout abus. Ce livre décrit l’amour comme une récompense obtenue uniquement des purs et des gens simples, une joie que ne connait ni le monarque avide de plaisirs ni les dames de sa cour. C’est une joie réservée aux loyaux et aux persistants, refusée aux sensuels et aux dissolus » (Dr. A. Cohen, The Five Megilloth, 1975, Introduction to Song of Songs »).

2. Le récit décrit la merveilleuse intimité sexuelle chez les gens mariés.

Nombreux sont ceux qui ont enseigné, même de nos jours, que tout rapport sexuel est mauvais. Or, ce n’est pas ce que la Bible enseigne. La sexualité est un cadeau divin, un aspect très agréable de la relation conjugale qui est bénie par notre Créateur quand elle est convenablement savourée dans les limites de l’union conjugale. La Bible définit le mariage comme une union entre un homme et une femme (Matthieu 19:5-6).

Quand le premier homme – Adam – et sa femme Ève, furent créés, le Tout-Puissant les plaça dans le jardin d’Eden où « l’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte » (Genèse 2:25). Quand l’Éternel créa Ève comme aide pour l’homme, il la présenta à Adam et exprima son approbation pour l’aspect sexuel de leur relation au sein du mariage : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (verset 24).

Une partie de la beauté et du charme de ce livre découle du fait qu’il ne s’agit pas exclusivement d’amour sexuel ; il évoque aussi d’autres formes de l’amour. Notez que l’homme appelle son épouse « ma sœur, ma fiancée » (Cantique des cantiques 4:9, 12 ; 5:1). Son amour n’est pas uniquement sexuel ; il s’inscrit aussi dans un contexte filial exprimé dans l’expression « ma sœur ».

Dans le cadre de l’amour sexuel exprimé uniquement dans le mariage, d’une manière bienveillante, affectueuse et altruiste, le Cantique des cantiques contient un langage explicite qui explore les aspects très agréables de l’affection sexuelle. Le récit contient beaucoup de métaphores comme la myrrhe, les parfums, le vin et le rayon de miel, termes évoquant discrètement l’amour romantique, et un langage plus explicite, notamment vers la fin du livre.

Beaucoup plus à apprendre

Nous ne faisons ici qu’effleurer le sujet et les leçons précieuses et utiles qui peuvent être tirées des huit courts chapitres du Cantique des cantiques – ouvrage qui exalte le merveilleux plaisir sexuel des époux et insiste sur le fait qu’il faut s’abstenir de rapports sexuels en dehors des liens sacrés du mariage. Nous espérons que ce que vous venez d’apprendre vous poussera à lire et à étudier ce livre, et tous les livres de la Bible, pour y puiser les vérités merveilleuses qu’elle contient. Nous vous encourageons à lire notre article « Cinq clés pour améliorer votre mariage » et à lire nos articles sur les autres livres de la Bible, dans notre centre d’apprentissage.

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