Le christianisme à l'œuvre : Comment corriger les autres sans vous brûler les ailes

Parfois, nous ressentons le besoin urgent de dire aux gens ce qu’ils ont fait de mal. Souvent, nous hésitons à partager des corrections utiles. Que doit faire un chrétien ?

« Arrête de faire l’imbécile ! » ; « Comment peux- tu être aussi stupide ? » ; Ou encore, sur un statut de réseau social : « Au cas où quelqu’un se poserait la question, si vous empruntez quelque chose et que vous le rendez cassé, ce serait bien de l’admettre ».

De telles tentatives biaisées pour essayer de corriger le comportement, l’erreur ou l’offense d’autrui génèrent souvent plus de conflits, qu’elles n’apportent de solutions.

Les chrétiens et la correction

Cette rubrique intitulée « Le christianisme à l’œuvre » se concentre sur l’application des principes chrétiens à la vie réelle. Nous y abordons les réalités de la vie dans un monde brisé et les défis de l’interaction avec d’autres individus, tous aussi imparfaits. Les chrétiens – comme toute la famille humaine – sont confrontés à des erreurs, des offenses et de nombreuses bévues qui surviennent dans leurs relations et dans la vie quotidienne : Un employé dérape et insulte un collègue. Une connaissance vous calomnie sur les réseaux sociaux. Votre enfant est tyrannisé par un camarade de classe. Votre conjoint ne respecte pas ses engagements. Un ami emprunte un outil et le rend cassé. Et nous ne sommes que lundi... Certaines situations enflamment les émotions et si elles ne sont pas traitées avec soin, elles peuvent avoir des conséquences durables.

Ces moments nécessitent parfois une correction.

La correction peut être bonne

La correction n’est pas toujours une mauvaise chose. Elle nous aide souvent à apprendre ou à améliorer nos compétences, notre langage, nos passe-temps et nos techniques. Et nous nous souvenons que Dieu a inspiré la Bible pour nous, en partie, « pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Timothée 3:16). Accepter la correction et assumer la responsabilité de ses erreurs, de ses offenses et de ses péchés est une partie nécessaire de la démarche du chrétien. Voir notre article du magazine Discerner n°6-2023 Comment confesser vos péchés les uns aux autres pour une analyse approfondie. Mais qu’en est-il de la correction des autres ? Les chrétiens sont-ils libres de s’en prendre à quelqu’un lorsqu’ils sont blessés ou lorsqu’ils sont victimes d’une offense ?

L’exemple de Jésus

Jésus n’a pas hésité à donner des admonitions. Il a développé un style de correction direct et aimant tout au long de son ministère. Jésus a vécu selon les normes morales préservées dans la Bible. En observant les autres agir en dépit de ces normes morales, Christ leur apportait parfois des opportunités de rétablissement. L’approche de Jésus variait selon la situation et la personne impliquée. Lorsque Pierre a résisté à la mission de Jésus – allant même jusqu’à réprimander son Maître – celui-ci lui a opposé une sévère correction : « retire-toi de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tu ne comprends pas les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes » (Matthieu 16:23, Bible Martin).

Même si Pierre parlait par amour et par souci pour Jésus, il ne comprenait pas la nécessité de sa souffrance et de sa mort. Alors Jésus a répondu par une correction directe et affirmée (et, bien sûr, ce n’est pas un style que de simples humains devraient tenter de copier exactement).

Cependant, lorsque Marthe a demandé à Christ d’ordonner à sa sœur Marie de l’aider à servir, la correction de Jésus a été tendre : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses » (Luc 10:41). En corrigeant Marthe, Jésus a fait preuve d’une douceur sincère et convaincante. En plus de son exemple, Christ a également donné des instructions sur notre approche pour juger et corriger les autres. (Apprenez-en davantage dans nos ressources en ligne Jugez justement, Cinq conseils dans nos rapports avec les gens difficiles et Le questionnaire divin sur la colère). En tant que disciples de Jésus, comment pouvons-nous corriger les autres sans couper les ponts ? Même si ce seul article ne saurait couvrir tous les aspects du sujet, voici quatre considérations importantes.

1. Votre attitude reflète-elle l’amour?

Le principe primordial qui régit le comportement chrétien envers les autres est « d’aimer son prochain comme soi-même » (Marc 12:31). Souvent appelée la Règle d’Or, cette éthique est précieuse et immuable. L’apôtre Paul a souligné ceci : « Que tout ce que vous faites se fasse avec amour » (1 Corinthiens 16:14, italiques ajoutés). Ce principe s’applique à la correction. Lorsque Dieu corrige, il le fait par amour (Hébreux 12:6). De même, l’amour doit être au centre de toute correction que nous initions. Corriger les autres peut inclure une dose d’émotion – susceptible de laisser place à l’orgueil, à la vanité, à l’auto- promotion, à l’amertume et à la colère pour submerger les bonnes intentions – nous devons donc aborder la correction avec prudence.

Les réseaux sociaux offrent la liberté de corriger à distance, ce qui amplifie souvent les pires attitudes. Lorsque nous réfléchissons à la nécessité de corriger quelqu’un, nous devrions commencer par clarifier notre propre attitude, prendre un moment – voire plusieurs jours – pour vérifier nos motivations dans la prière. Nous devons être attentifs à toute allusion à la vengeance ou à l’orgueil.

Évaluer nos motivations personnelles ou nos préjugés peut nous aider à éviter les faux pas. Dans certains cas, nous devrons jeûner et demander de sages conseils pour être sûrs d’aborder la correction avec amour. L’apôtre Paul a expliqué à Timothée le rôle ministériel : « Un serviteur du Seigneur ne doit pas quereller, mais être doux envers tous, capable d’enseigner, patient, corrigeant avec humilité ceux qui sont dans l’opposition » (2 Timothée 2:24-25). Dans ce cas, Paul faisait référence à la correction de quelqu’un qui s’était éloigné de la foi. Cependant, les conseils de prudence d’être doux, patient et humble s’appliquent chaque fois qu’une correction est impliquée.
    

2. Pratiquez le discernement

Tous les torts ou maux observés ne nécessitent pas notre correction. Les chrétiens devraient « chercher la paix et la poursuivre » (Psaume 34:14). Nous pouvons choisir d’ignorer bien des maladresses. S’impliquer inutilement dans la querelle d’autrui est « comme quelqu’un qui prend un chien par les oreilles » (Proverbes 26:17). Il est important de discerner quand corriger et quand se retirer. De même, tout le monde n’est pas ouvert à la correction. Les Proverbes donnent ce conseil : « Ne reprends pas le moqueur, de crainte qu’il ne te haïsse ; reprends le sage, et il t’aimera » (Proverbes 9:8).

Les chrétiens doivent faire preuve de sagesse pour discerner à qui s’adresser. Nous n’avons pas besoin de corriger tous les utilisateurs des réseaux sociaux. Nous devrions évaluer si nous avons le pouvoir de corriger. Nous serons témoins de torts qui échappent à notre autorité en tant que chrétiens. Jésus lui-même n’a pas corrigé tout ce dont il a été témoin. La corruption généralisée, la criminalité, l’injustice échappent à notre pouvoir de correction. Nous devons discerner quand nous n’avons pas l’autorité d’intervenir et nous devons nous concentrer sur la prière pour que le royaume de Dieu vienne. Le discernement de Jésus lui a permis d’adapter la correction individuellement. Sa sévérité envers Pierre et son approche envers Marthe étaient ce dont ils avaient besoin. Imitez cette approche sur mesure.

Paul a entraîné Timothée à aborder les individus de manière réfléchie et respectueuse, en adaptant la correction pour préserver leur dignité autant que possible (1 Timothée 5:1-2). Il n’est peut-être pas approprié d’aborder certaines situations personnellement. Les problèmes juridiques impliquant des cas d’abus, de négligence, de traumatisme ou de violence peuvent nécessiter d’éviter une confrontation directe. L’application de la loi et des conseils professionnels peuvent être le remède approprié.

3. Vérifiez les faits – encore une fois !

Jésus avait la capacité de discerner avec précision et complètement les situations et le cœur des autres. Sa correction était parfaite. Bien que ce soit un objectif pour les chrétiens, nous n’avons pas un discernement et une compréhension parfaits du cœur des autres. Nous sommes limités dans notre capacité à percevoir avec précision chaque situation.

Cela est particulièrement vrai dans le monde brumeux des médias sociaux. Lorsque vous vous adressez à quelqu’un pour lui proposer une correction, soyez prêt à clarifier les faits. Posez des questions. Et puis écoutez patiemment et activement. Nous devons être prêts à accepter humblement lorsque nous avons commis une erreur de jugement. Proverbes 18:17 met en garde : « Celui qui plaide le premier, paraît juste ; mais sa partie vient et l’examine » (Bible Ostervald).

Cela est vrai même dans le cas de notre propre jugement, lequel – sur la base de notre propre interprétation des événements – peut sembler juste, mais s’avérer faux. L’humilité et la patience nous aideront à être mieux placés pour accepter les commentaires et nous ajuster si nécessaire.

4. Commencez avec la fin en tête

La dernière considération concernant la correction est de garder l’objectif final à l’esprit. L’intention de la correction ne devrait pas être d’humilier. L’objectif principal est plutôt de faciliter le changement, le pardon et, autant que
possible, la réconciliation. Jésus a évidemment pardonné à Pierre. Après tout, il l’a ensuite chargé de nourrir et de prendre soin des membres de son Église (Jean 21:15-18). Jésus a corrigé Pierre pour le mettre en harmonie avec la volonté de Dieu.

Lorsque vous proposez une correction, gardez cet objectif général à l’esprit. Les chrétiens devraient s’efforcer de « conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4:3). Cela demande des efforts considérables lorsqu’il s’agit de traiter des conflits ou des infractions. Avant de corriger quelqu’un, préparez-vous à pardonner et proposez la réconciliation. La parabole du fils prodigue illustre bien cela (Luc 15:11-32).

Après que le fils prodigue se soit réconcilié avec son père, le fils aîné a conservé sa fierté, son chagrin et sa colère. Le refus de pardonner peut entraîner de l’amertume et de nombreuses conséquences négatives. Soyez prêt à vous réconcilier. Pour les sujets particulièrement sensibles, plusieurs ressources sont disponibles.

Des livres tels que Frontières, savoir quand dire oui ou non du Dr Henry Cloud et Confrontations cruciales de Kerry Patterson, proposent des stratégies pour organiser efficacement nos pensées et nos émotions. La correction se fait généralement en privé – par amour – et non pour le spectacle. Jésus ordonne : « Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul » (Matthieu 18:15). Le reste de ce verset renforce les principes de douceur, de patience et d’humilité : « S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. ». L’intention souhaitée est la réconciliation.

Ne vous brûlez pas les ailes

Corriger les autres est une partie délicate mais importante de la vie chrétienne. Dans certaines situations, même si nous sommes doux, patients et humbles, l’autre partie peut ne pas bien réagir. L’autre personne peut s’enfuir, réagir de manière excessive ou même interrompre la relation. Cela peut être épuisant sur le plan émotionnel. Continuez à prier pour obtenir la sagesse et le discernement sur la meilleure façon de procéder.

En tant que chrétiens à l’œuvre, considérez ces quatre principes lorsque vous corrigez les autres. Vous pourriez simplement gagner un frère au lieu de vous brûler les ailes.

Poursuivez votre lecture

Ask a Question
×

Discern is published every two months and is available in digital and print versions. Choose your preferred format to start your subscription.

Print subscriptions available in U.S., Canada and Europe