La Bible exalte la vertu de la discrétion. Mais, comment l'apprend-on ? Sans doute au moyen de l’exemple intemporel d’une femme de foi comme Abigaïl.
Tite 2 exhorte les femmes chrétiennes « à être réservées » (verset 5, Bible Amiot & Tamisier). Le pouvoir discrétionnaire peut être défini de deux manières : la qualité de se comporter ou de parler de manière à éviter d'offenser ou de révéler des informations privées ; et la liberté de décider ce qui doit être fait dans une situation particulière (Dictionary.com, NDT). Comment une chrétienne apprend-elle une telle vertu ? Parmi les femmes de foi dont la vie est préservée dans la Bible, une figure occupe une place importante en matière de discrétion : Abigaïl. Son exemple mérite certainement d’être pris en considération.
Le rideau se lève
Dans 1 Samuel 25:1-13, nous trouvons David dans le désert de Paran, fuyant le roi Saül. Ses hommes commençaient à garder les troupeaux de la région, notamment ceux d'un homme riche, mais grossier nommé Nabal. Au moment de la tonte des moutons, un moment de nourriture, de boisson et de fête, les hommes de David demandent quelque chose en échange de leur protection sur les animaux de cet homme riche. Nabal refuse avec arrogance, en insultant et en humiliant David et ses hommes. Dans le feu de la colère, David prévoit des représailles rapides : aucun homme de la maison de Nabal ne survivra. Un jeune serviteur paniqué informe Abigaïl d'un désastre imminent. Quelque chose doit être fait !
À la rencontre d’Abigaïl
Lorsque nous rencontrons Abigaïl pour la première fois, elle est mariée ; que ce soit par choix ou par arrangement coutumier entre son père et son futur époux, la Bible ne le dit pas. Ce que nous savons, c’est que Nabal, un éleveur de moutons riche et prospère, avait épousé une femme qui était non seulement belle, mais, comme le note la Bible Perret-Gentil & Rilliet, « excellait par l’intelligence ». Malheureusement, Abigaïl avait un mari difficile qui « était dur et méchant » (1 Samuel 25:3, ibid.). Le défi d’Abigaïl était de vivre en paix avec son compagnon mesquin tout en préservant sa propre intégrité et sa force de caractère. Il lui fallait apprendre à faire preuve de discrétion dans ses paroles et dans ses actes afin d'obtenir le meilleur résultat.
Parfois, la discrétion signifie agir rapidement pour éviter un désastre
Abigaïl comprit vite l'énormité de la situation tandis que les paroles du jeune serviteur résonnaient encore à ses oreilles : « Avise maintenant à prendre un parti, car c’en est fait de notre maître et de toute sa maison ; il est d’ailleurs trop violent pour qu’on ose lui parler » (verset 17, Tanakh, Bible du Rabbinat français).
Sans perdre de temps, Abigaïl prépara une offrande de paix dans l’espoir d’apaiser l’offense : « deux cents pains, deux outres de vin, cinq brebis tout accommodées, cinq mesures de froment grillé, cent gâteaux de raisins secs et deux cents gâteaux de figues, qu’elle fit charger sur des ânes » (verset 18, ibid.) et qu’elle envoya avec ses serviteurs pour rencontrer David à l'avance. Elle viendrait en dernière. Seul le temps nous dirait si elle réussirait et quelles seraient les conséquences si elle vivait assez longtemps pour raconter à Nabal ce qu'elle avait fait.
Parfois la discrétion demande un courage doublé d’humilité
Abigaïl était sans aucun doute consciente de la réputation de David. Elle savait que le plus jeune fils de Jessé dirigeait une bande de parias aguerris et bien armés, tous fuyant ce maniaque de roi Saül. A-t-elle tremblé en approchant, elle, petite silhouette solitaire juchée sur un âne, avançant droit vers une troupe de 400 hommes avides de vengeance ? En voyant David, elle descendit immédiatement de sa monture et tomba à ses pieds, face contre terre, implorant son indulgence. Elle demanda grâce respectueusement, proposant même d’assumer la responsabilité de l’offense de son insensé de mari.
Finalement, le cœur de David s’est adouci. Il a vu la folie de ses propres actions et il a reconnu la sagesse du plaidoyer d’Abigaïl. « David dit à Abigaïl : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui t’a envoyée aujourd’hui à ma rencontre ! Béni soit ton bon sens, et bénie sois-tu, toi qui m’as empêché en ce jour de répandre le sang, et qui as retenu ma main ! Mais l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui m’a empêché de te faire du mal, est vivant ! si tu ne t’étais hâtée de venir au-devant de moi, il ne serait resté qui que ce soit à Nabal, d’ici à la lumière du matin. Et David prit de la main d’Abigaïl ce qu’elle lui avait apporté, et lui dit : Monte en paix dans ta maison ; vois, j’ai écouté ta voix, et je t’ai favorablement accueillie » (versets 32-35).
Le courage et la foi
Il existe de nombreuses situations dans la vie qui nécessitent du courage. Elles demandent également de faire preuve de respect, de discrétion et de sagesse pour déterminer la meilleure ligne de conduite pour le bien de toutes les personnes concernées
Il existe de nombreuses situations dans la vie qui nécessitent du courage. Elles demandent également de faire preuve de respect, de discrétion et de sagesse pour déterminer la meilleure ligne de conduite pour le bien de toutes les personnes concernées. Abigaïl était mariée à un homme méchant dont la folie avait de sinistres conséquences. Elle réalisa que, compte tenu des circonstances, elle était la seule à pouvoir éviter un désastre imminent et préserver son foyer. Et c’est ainsi qu’elle a agi. La Bible ne dit pas si elle a prié à propos de la situation, mais dans les versets 26 à 31, Abigaïl fait référence au Seigneur au moins sept fois. Et dans quelques-uns de ces cas, nous voyons sa foi profonde dans le dessein et dans les plans de Dieu pour David, et ainsi elle lui a rappelé la présence de la main de Dieu dans sa vie.
« L’Éternel donnera à ta maison, seigneur, une existence durable, car ce sont les guerres de l’Éternel que tu soutiens » (verset 28, Tanakh). « Or, quand l’Éternel aura accompli pour toi, seigneur, tout le bien qu’il t’a promis, et qu’il t’aura institué chef d’Israël, […] L’Éternel te rendra heureux, seigneur, et tu te souviendras de ta servante » (versets 30-31, ibid.). Abigaïl croyait et avait la foi que Dieu réaliserait les promesses qu'il avait faites à David, et que David atteindrait le trône en Israël et aurait une maison durable. Abigaïl a prononcé ces paroles avec une foi absolue plusieurs années avant qu’elles ne deviennent réalité. Elle croyait Dieu !
Parfois, la discrétion dépend du bon moment
Abigaïl fit le voyage de retour chez elle pour retrouver Nabal au milieu d'une orgie d’ivresse. La Bible dit qu’elle ne lui a alors rien dit de ses activités. Elle n’allait rien lui cacher, mais le minutage était important. Abigaïl s'attendait peut-être à des conséquences néfastes sur la base de son expérience passée lorsqu'elle s'est tenue devant lui le lendemain et lui a avoué ce qu'elle avait fait. « Mais le matin, l’ivresse de Nabal s’étant dissipée, sa femme lui raconta ce qui s’était passé. Le cœur de Nabal reçut un coup mortel, et devint comme une pierre. Environ dix jours après, l’Éternel frappa Nabal, et il mourut » (verset 37-38).
Lorsque David apprit la nouvelle, il vit immédiatement la main de l’Éternel dans toute cette affaire. « David apprit que Nabal était mort, et il dit : Béni soit l’Éternel, qui a défendu ma cause dans l’outrage que m’a fait Nabal, et qui a empêché son serviteur de faire le mal ! L’Éternel a fait retomber la méchanceté de Nabal sur sa tête » (verset 39).
Un exemple intemporel
La vivacité d’esprit d’Abigaïl, son courage, ses paroles discrètes et sa foi en Dieu ont sauvé des vies. Lorsque David l’a prise plus tard pour épouse, elle a probablement rappelé constamment au futur roi d’Israël l’importance de faire preuve de discrétion. C’est sûrement le cas pour les lecteurs de son histoire aujourd’hui. Pour plus d’informations sur la discrétion et la sagesse, consultez notre article sur le livre des Proverbes. Pour en savoir plus sur les femmes fidèles dans la Bible, parcourez les autres articles de cette rubrique sur Des femmes de foi.