Le vieil adage selon lequel « les mots ne peuvent jamais me blesser » est loin d'être vrai. Comment faire en sorte que nos paroles ne soient pas destructrices, mais qu'elles soient une force vraiment positive ?

C'est arrivé au rayon des céréales. J'étais tellement abasourdie que je suis restée là, figée sur place, choquée par la cruauté des paroles d'une mère. Le magasin était bondé, et nous descendions l'allée marchande les uns derrière les autres. Une mère et ses deux enfants faisaient aussi la queue. J’ai entendu la maman dire à sa fille d'environ 12 ans de prendre un article sur une étagère inférieure. La fillette s'est alors penchée pour l’atteindre. Au moment où sa main touchait l'article qu'elle pensait être le bon, sa mère s’est mise à crier en insultant sa fille, lui demandant carrément si elle était stupide. Elle dit ensuite qu'elle devait tout faire elle-même, et bousculant la fillette, elle a pris l'article qu'elle voulait. La petite fille n'a pas réagi, si ce n'est en reculant. Son visage restait impassible. Enroulant ses bras autour d'elle, elle suivait sa mère colérique dans l'allée. Elle était apparemment habituée à la cruauté des paroles de cette femme.
Nous connaissons probablement très bien l'adage : « Les bâtons et les pierres peuvent me briser les os, mais les mots ne peuvent jamais me blesser ». En réalité, les mots peuvent faire plus mal et laisser des blessures plus invalidantes qu'un bâton ou une pierre. Qu’elles visent un enfant, un conjoint ou un ami, les effets des paroles cruelles peuvent être dévastateurs.
Le point de vue de Dieu sur nos paroles
Quelle importance Dieu accorde-t-il au fait d’employer nos paroles de manière positive ? Matthieu 12:36 et 37 nous dit que chaque parole que nous prononçons nous justifiera, ou nous condamnera. Le contexte de ces versets est celui de se faire connaître par nos fruits. Quels sont les fruits de nos paroles ? Nos paroles apaisent-elles et guérissent-elles ? Sont-elles douces, même lorsqu'elles apportent une correction ? Ou nos paroles, par leur ton ou leur sens, agissent-elles parfois comme une arme – un bâton ou une pierre ? « La parole douce est un arbre de vie, mais la langue perverse brise le cœur » (Proverbes 15:4, Bible Auguste Crampon). Comment pouvons-nous nous assurer que les fruits de nos paroles sont bons, et représente un « arbre de vie » pour nos enfants, pour notre conjoint et pour les autres personnes ?
Des principes à suivre
Voici quelques grands principes bibliques qui peuvent nous aider à canaliser nos paroles :
- Les émotions sont de mauvais conducteurs ! Certaines des paroles les plus blessantes sont inspirées par la colère ou la frustration, et chacun de nous est parfois mis à l’épreuve lorsqu’il s’agit de contrôler nos émotions. Lorsque la colère ou la frustration s’enflamme, cela peut être difficile, mais s’excuser, s’éloigner et se calmer nous aide à reprendre le contrôle sur nous-mêmes. Proverbes 15:18 dit qu’un homme en colère excite des querelles. Colossiens 3:8 nous donne une liste de choses à extirper de notre bouche. La colère arrive la première. L’animosité arrive en deuxième position. Puis la méchanceté, le blasphème et le langage grossier complètent la liste. Combien de ces cinq choses entendons-nous couramment lorsque quelqu’un est empêtré dans une crise émotionnelle ? Notre société semble les considérer comme acceptables, mais Dieu dit qu'elles ne le sont pas, car elles nuisent aux autres.
- Les sages sont attentifs à ce qui se passe. Avez-vous déjà été en présence de quelqu'un qui vous donnait une réponse avant même que vous ayez fini de poser votre question ? Avez-vous déjà été cette personne pressée qui a répondu sans même avoir entendu la question ? Avez-vous déjà laissé une réaction émotionnelle obscurcir votre entendement de la situation ? Proverbes 18:13 dit que répondre avant d'avoir entendu est une folie et une honte pour soi. La sagesse consiste à prendre le temps de comprendre la situation dans son ensemble et de ne pas réagir sans avoir pleinement observé ce qui se passe.
- La valeur de la vérité, dite avec amour. Dieu valorise tellement la vérité qu'il a consacré l'un de ses dix commandements à la véracité (Exode 20:16). Parmi les choses qu'il déteste, deux concernent le mensonge (Proverbes 6:16-19). Même lorsque cela nous met mal à l'aise, Dieu attend de nous que nous disions la vérité. Dire la vérité peut être une tâche ardue, surtout lorsqu'on craint de blesser quelqu'un. C'est ici que nous intégrons le principe d'Éphésiens 4:15 : dire la vérité, mais avec amour (voir notre article Dire la vérité dans l'amour). Il est souvent utile de se demander : « Quel effet mes paroles auraient-elles sur moi si elles m'étaient adressées ? » Même si vous devez dire à quelqu'un quelque chose qui le blesse, avec un peu de prévoyance, vous trouverez probablement une façon bienveillante de mettre fin à la conversation telle qu’il saura que vous l'avez fait pour son bien, que vous vous souciez de lui et que vous veillez sur lui.
- La loi de la clémence. Proverbes 31:26 parle d'une parole guidée par « des instructions aimables » et « la loi de la clémence » (Bible Fillion). Bien que ce chapitre fasse spécifiquement référence à une femme craignant Dieu, tout le monde peut appliquer ce principe.
Le commentaire de Benson décrit ainsi la « loi de la clémence » : « Ses paroles sont guidées par la sagesse et la grâce, et non par des passions déréglées. Et cette pratique est appelée une loi dans sa langue, car elle est constante et coutumière, et elle procède d'un puissant principe intérieur de sagesse véritable » (NDT).
Constante et coutumière : elle est inébranlable et toujours bienveillante. Son discours n'est pas guidé par des « passions déréglées » : elle ne laisse pas l'émotion influencer ses paroles. La vraie sagesse, la sagesse divine, est intimement liée à la bienveillance. Lorsque nous basons nos actions sur les lois divines, guidées par l'amour pour Dieu et pour nos semblables (Matthieu 22:37-39), la gentillesse s'ensuit naturellement.
- Construire plutôt que détruire. Éphésiens 4:29 nous exhorte à ne pas laisser sortir de notre bouche des paroles mauvaises, mais plutôt des paroles bonnes pour l'édification et la construction, et Proverbes 12:18 nous dit que la langue du sage favorise la santé. La Bible parle abondamment d'encouragement. On trouve même un apôtre de l'Église du Nouveau Testament surnommé Barnabas, dont le nom signifie « Fils d'encouragement ».
L'auteur Gary Smalley a déclaré : « Les paroles encourageantes des parents sont comme des interrupteurs. Prononcer une telle parole au bon moment dans la vie d'un enfant, c'est comme allumer une pièce pleine de possibilités. »
Le dictionnaire Larousse définit « encourager » comme « Inspirer à quelqu'un du courage pour agir de telle ou telle manière, l'inciter, le pousser à faire quelque chose ». L'encouragement est édifiant et motivant. Il révèle le positif d'une situation et aide à aller de l'avant. L'auteur Gary Smalley a déclaré : « Les paroles encourageantes des parents sont comme des interrupteurs. Prononcer une telle parole au bon moment dans la vie d'un enfant, c'est comme allumer une pièce pleine de possibilités. »
Ce même principe s'applique à la vie de nos conjoints, amis et collègues. Quelle différence avec le comportement de cette mère décrite en début d’article ! Elle a plutôt choisi de détruire.
- Savoir quand il est temps de se taire. Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler, a dit le sage Salomon dans Ecclésiaste 3:7. Plusieurs circonstances viennent à l'esprit où le silence est la meilleure approche.
L'une d'elles est lorsque notre simple présence apporte plus de réconfort que nos paroles. C'est souvent le cas après une tragédie. Il peut aussi y avoir des moments où notre silence ferait moins de mal que nos paroles. Parfois, d'autres personnes sont plus qualifiées pour répondre, ce qui explique en partie pourquoi la Bible recommande aux jeunes de garder le silence lorsque les personnes âgées parlent. Il n'est pas interdit aux plus jeunes de parler, mais en attendant leur tour, ils peuvent acquérir de la sagesse. Il nous est également dit : « Vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur » (Galates 6:1). Discerner si on est assez sage pour s'exprimer d'une manière vraiment utile est un excellent filtre qui permet souvent de mettre fin aux propos déplacés.
Un dernier mot
Les mots font partie intégrante de nos vies. Ils relient les êtres humains de manière merveilleuse : c'est par eux que nous partageons des idées, des émotions, des connaissances, de l'humour et bien d'autres choses. Utiliser nos mots correctement est source de nombreux bienfaits. Mais lorsqu'ils sont mal utilisés, ils détruisent, endommagent et ravagent. Je garderai toujours en mémoire l'image de cette jeune fille prenant du recul et se serrant dans ses bras pendant que sa mère fulminait. Salomon disait qu'une parole bien dite ressemble à des pommes d'or sur des ciselures d'argent (Proverbes 25:11). Assurons-nous que nos paroles soient ainsi : comme des pommes d'or. Pour en savoir plus sur le pouvoir des mots, consultez les autres articles de la rubrique Les joies et les défis du dialogue.