Des dictatures répressives sur notre globe fusionnent des technologies numériques pour modeler le projet massif de « crédit social » émanant de Beijing. Quelles sont les implications prophétiques de ces technologies coercitives ayant pour objet de réprimer les dissidences et changer les comportements ?
Suite au massacre de la place de Tiananmen en 1989, Ronald Reagan déclara : « Le Goliath du totalitarisme sera assujetti par le David du microprocesseur ». Et effectivement, grâce aux innovations de la Silicon Valley, la révolution numérique est devenue une grande libératrice grâce à l’échange rapide d’idées.
Tous notés
Le parti communiste chinois, obsédé depuis longtemps par diverses formes de contrôle de la population a, il y a cinq ans, élaboré un plan ambitieux destiné à attribuer un « crédit social » à tous ses citoyens. Dans ce vaste pays au 1,4 milliard d’habitants, il projette – d’ici la fin de 2020 – d’attribuer à tous ses citoyens une note basée sur leur comportement au travail, dans les manifestations publiques et dans leurs transactions financières.
Dotées de capacités sans précédent de contrôler, de pister et de surveiller tout le monde, les autorités amassent ce qui pourrait bien être la plus gigantesque base de données que le monde ait connue, utilisant des informations obtenues par le gouvernement et les compagnies privées, afin de créer ce que la revue The Economist a qualifié de « premier État totalitaire numérique mondial » (China Invents the Digital Totalitarian State, 17 décembre 2016).
Des outils bénéfiques et maléfiques
Nous vivons dans un monde de plus en plus numérisé dans lequel il est prévu que plus de 30 milliards d’appareils soient branchés à Internet d’ici 2020. De nombreuses innovations technologiques – des systèmes d’intelligence artificielle à la biométrie, en passant par des algorithmes avancés – ont été propulsées par des vitesses de transmission ultrarapides informatiques et de données. Ces innovations facilitent l’exploitation de ce qu’on a appelé les « méga données » – des quantités énormes d’informations capables de révéler des modèles, des courants ou tendances, et des associations.
Bien que les consommateurs apprécient la vitesse de transmission de données, l’estimant essentielle au fonctionnement de tout – des systèmes de localisation GPS aux smartphones en passant par l’affichage de films – des gouvernements autoritaristes peuvent exploiter ces technologies pour imposer leurs propres idéologies.
On vous surveille
Une technologie chinoise ingénieuse permet à des usagers, dans des « villes intelligentes », grâce à une reconnaissance faciale, de prendre le bus, comme à Yinchuan ou à des consommateurs de « sourire pour payer » un repas à KFC, comme à Hangzhou.
Néanmoins, l’objectif principal de toute cette magie technologique est bien différent. « L’objectif du gouvernement, d’après Maya Wang – chercheuse en chef chinoise à Human Rights Watch – est précisément de façonner le comportement des gens pour s’assurer que le Parti Communiste Chinois maintient une surveillance indéfinie, et cela sort tout droit d’Orwell » (tiré de China Uber-Rates Its Citizens, dans The Telegraph, du 6 mai 2019).
Selon les experts, avec ce nouveau type de technologies sophistiquées – dont plusieurs sont en cours d’élaboration et d’autres prévues pour la prochaine décennie – tous les efforts passés visant à faire de la propagande ou à étouffer toute dissidence passeront pour primitifs. Ces technologies rendront pratiquement impossible toute désobéissance au gouvernement.
La Chine dépense déjà environ $200 milliards par an sur la sécurité de son territoire, leur outil principal étant les systèmes de reconnaissance faciale. Les traits du visage peuvent être instantanément comparés à une base de données. Le développement d’une méthode d’identification rapide se situe au cœur de ce système de « crédit social » .
La Chine défend le système de « crédit social » en avançant l’argument qu’il est nécessaire d’éliminer le problème omniprésent de la corruption et de moderniser une société largement agraire dans laquelle la plupart des gens n’ont toujours pas de cote de crédit.
Une notation de la fiabilité
Les responsables chinois croient qu’en installant ce système de surveillance très sophistiqué – d’ici à 2020, ils prévoient que 626 millions de caméras seront installées – ils seront en mesure de façonner le comportement des gens par un système de notation positive ou négative établissant leur « fiabilité ».
La méthodologie opaque de notation du degré de fiabilité des gens est tenue secrète, mais on compte – comme exemples d’infractions – une mauvaise conduite routière ; fumer dans des endroits non-fumeurs ; occuper un siège réservé dans un train ; acheter trop de jeux vidéo ; ou afficher de fausses nouvelles en ligne. Promener son chien sans laisse ou traverser illégalement la rue passent pour des infractions mineures.
Des scores élevés sont déjà requis pour quiconque espérant obtenir les meilleurs logements, avoir les liaisons Internet les plus rapides, placer ses enfants dans les écoles les plus prestigieuses ou décrocher l’un des emplois les mieux payés.
Limités partout
Par contre, ce système dystopique d’ostracisme et de pression sociale a pour objet d’éliminer totalement la mobilité – sociale, de classe, ou des déplacements – de ceux qui ne correspondent pas à la définition qu’a le gouvernement du citoyen modèle.
On emploie, en Chine, le slogan suivant : « Quiconque enfreint les règlements quelque part sera partout limité ». Et il est un fait qu’à la fin de 2018, plus de 17 millions de vols et 5,5 millions de déplacements par trains à grande vitesse ont été refusés à des voyageurs potentiels se trouvant sur la liste noire du « système de crédit social » et jugés incompétents.
Les citoyens chinois « discrédités » connaissent des situations négatives qui dépassent largement les restrictions financières et de déplacements. Le South China Morning Post a publié les affronts – majeurs et mineurs – enregistrés sur le « laolai » (la liste noire des « discrédités »). Leurs proches et leurs collègues de travail les évitent ; ils sont obligés de voyager dans des trains lents ; ils ne peuvent pas réserver une chambre d’hôtel ; et la sonnerie de leur téléphone, inhabituelle, les met mal à l’aise toutes les fois qu’ils reçoivent un appel en public (Life as One of China’s 13 Million ‘Deadbeats’, 26 mars 2019).
D’après la chaine australienne d’actualités ABC, une application installée sur WeChat – un autre outil « nommant et faisant honte » – fournit une carte en superposition, du genre radar, qui « ping » tous les laolai se trouvant aux alentours. Ladite application est généralement connue sous le nom de « carte des bons à rien » (23 janvier 2019).
Une guerre aux armes différentes
La région autonome de Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine – ayant une population de 25 millions de personnes dont un peu moins de la moitié sont des musulmans turcophones (les Ouïgours) – offre un cas inquiétant d’étude de ce système de crédit social sous stéroïdes.
La version chinoise de la « guerre contre le terrorisme », selon The Gardian, « s’appuie moins sur des drones et des attaques effectuées par des unités d’élite militaires que sur des logiciels de reconnaissance faciale et des algorithmes d’apprentissage de données. Ses cibles ne sont pas des étrangers mais des populations domestiques minoritaires paraissant menacer le régime autoritaire du Parti Communiste Chinois » (China’s Hi-Tech War on Its Muslim Minority, 11 avril 2019).
En 2014, après des années de conflits politiques, l’administration de Xi a déclaré l’état d’urgence dans le Xinjiang et lancé la campagne dite « de la ligne dure » transformant toute la région en ce que beaucoup considèrent comme une prison en plein-air et un laboratoire d’application de technologies novatrices pour contrôler les gens.
Pratiquement du jour au lendemain, l’industrie de la sécurité a proliféré, passant de quelques firmes privées à approximativement 1 400 sociétés. D’après Foreign Policy, ladite province « sert de banc d’essai à de nouvelles technologies de surveillance pouvant rendre ce processus meilleur marché et plus efficace pour l’État » (U.S. Firms Are Helping Build China’s Orwellian State, 19 mars 2019).
Surveillances, filtrages et arrestations
D’après Human Rights Watch, un programme coercitif appelé « Examens médicaux pour tous » a permis aux autorités d’amasser une vaste collection de données biométriques, y compris des échantillons d’ADN, des images d’iris oculaires, et même d’échantillons de voix de tous les habitants âgés de 12 à 65 ans. Des portraits en haute définition ont été créés en scannant chaque individu, de différents angles, et prenant de nombreuses expressions.
Tous les Ouïgours sont obligés d’installer des « applications de bonnes [servantes]» qui surveillent tout ce qu’ils disent, lisent et écrivent, et toutes les personnes avec qui ils entrent en contact. Les informations de leurs smartphones sont immédiatement analysées – pour déceler des habitudes suspectes – par la plateforme d’opérations intégrées conjuguées (POIC) qui cumule chronologiquement toutes les données et les détails archivés extirpés des vidéos de surveillance, des postes de contrôle et des dispositifs électroniques.
« Apprenant » constamment des comportements des Ouïgours qu’elle surveille, la POIC signale à partir des « micro-indices » les transgressions allant des propos religieux aux rubriques plus mondaines comme l’absence de contacts avec les voisins ; la consommation accrue d’électricité, le manque de ferveur à parler le mandarin ; toute absence aux cérémonies de lever du drapeau national ; en passant par les prières et les instructions données aux enfants.
Les informations rassemblées par tous ces dispositifs et l’analyse de plus en plus poussée des diverses données révèle un contrôle absolu et peu de liberté. La moindre tentative de la part des Ouïgours de pénétrer dans des édifices publics comme les hôpitaux, les banques, les parcs ou les centres d’achat, ou de dépasser les limites de leur poste de police local déclenche automatiquement la POIC et alerte la police.
L’invasion de l’État dans la vie quotidienne est telle que, d’après l’éditorialiste du New York Times James Millward, « quand les Ouïgours achètent un couteau de cuisine, leurs données d’identification sont gravées, par un code, sur sa lame » (What It’s Like to Live in a Surveillance State, 3 février 2018).
Façonnant le comportement de manière coercitive
« À cause de la répression, peut-on lire dans The Guardian, les responsables ont noté une forte diminution de la croyance islamique et de la résistance politique dans la vie sociale des Ouïgours. Ils sont fiers de la ferveur avec laquelle ces derniers apprennent la “langue courante” du pays, abandonnant les jours saints islamiques et adoptant les valeurs culturelles Han. Pour eux, l’application des nouveaux systèmes de sécurité représentent une réussite monumentale ».
La crainte de cette surveillance – jusqu’à 2 millions de Ouïgours ayant été placés dans des camps – est devenue un levier important à Xinjiang, les gens sachant qu’ils n’ont pas de droits dans leur vie privée. Les Ouïgours ont « adapté leur comportement, et – peu à peu – leurs idées, au système » (11 avril 2019).
La route de la soie du capitalisme de surveillance
La Chine s’efforce de devenir une centrale d’intelligence artificielle d’ici 2030. Elle incite fortement les gouvernements sympathisants à adopter sa technologie de surveillance, offrant ce que Sophie Richardson – directrice chinoise de Human Rights Watch – appelle « la Noël pour les régimes répressifs » (cité sur CBC Radio, le 30 novembre 2018).
Un rapport du Freedom House paru en 2018 a accusé la Chine de « refaçonner le monde à son image techno-dystopique ». D’après le Wall Street Journal, « des dictateurs – de Caracas à Pyongyang – cherchent à exploiter le potentiel énorme, pour les abus politiques, inhérent aux technologies émergentes, comme ils l’ont fait au fil des décennies avec la radio, la télévision et Internet » (The Autocrat’s New Tool Kit, 15 mars 2019).
Un segment accru de l’infrastructure des communications critiques du monde étant fabriqué en Chine, cela favorise son projet gigantesque de nouvelle route de la soie, l’aidant à répandre sa technologie sophistiquée. Soixante pour cent des nations à majorité musulmane dans le monde ayant accepté de faire partie de ce projet, ce type de technologie de surveillance provenant de Xinjiang représente un « potentiel commercial illimité ».
La sûreté se vend
En 2018, la firme chinoise de technologie CloudWalk a clos un accord avec le gouvernement pratiquement ruiné du Zimbabwe, pour l’édification d’un programme national de reconnaissance faciale destiné à résoudre « des questions de sûreté sociale ».
Le gouvernement égyptien prévoit de se déplacer du Caire, dans quelques mois, pour s’installer dans une nouvelle capitale qui, selon les responsables, aura « des caméras et des détecteurs partout », ainsi qu’un « centre de commande permettant de contrôler toute la ville » (The Autocrat’s New Tool Kit, The Wall Street Journal, 15 mars 2019).
Le Pakistan prévoit de construire des « villes intelligentes » dotées d’une technologie de surveillance sophistiquée placée directement dans son infrastructure. Les responsables kenyans et argentins songent également à acheter des systèmes chinois d’intelligence artificielle et de reconnaissance faciale.
Entre-temps, la Russie est en tête de file, Moscou se targuant déjà d’avoir 5 000 caméras installées, dotées de technologie de reconnaissance faciale et pouvant rapidement consulter des photos de données de passeports, de dossiers de police et de médias sociaux.
La Chine, et ses clients pour la technologie de surveillance ne représentent qu’un point de départ. D’autres nations développent et emploient des méthodes sophistiquées permettant d’identifier et de pister des individus. Les scénarios cauchemardesques deviennent de plus en plus réels, de jour en jour.
Des États policiers prophétisés au temps de la fin
Les prophéties bibliques annoncent une époque proche, avant le retour de Christ, où une superpuissance surgira en Europe. Une renaissance de l’empire romain. Et ce sera une merveille politique, militaire et économique qui possédera indubitablement toutes les technologies modernes permettant d’exiger une loyauté et un culte indiscutés envers le système et ses dirigeants (Apocalypse 13:7-8).
La Bible compare cette superpuissance à une bête féroce qui inspirera l’effroi. On se demandera « Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? » (verset 4). Les autorités détiendront un pouvoir économique énorme, étant capables de contrôler qui aura le droit d’acheter et de vendre (versets 15-18).
À l’instar de tous les gouvernements humains, cette superpuissance s’écroulera. Elle s’opposera au Christ à Son retour, mais sera entièrement détruite.
Christ établira ensuite Son gouvernement, un gouvernement qui n’aura pas besoin de biométriques, de systèmes de crédit social ou de dispositifs de surveillance comme un État policier. Il n’y aura pas lieu de craindre qu’il soit renversé ou perde son pouvoir (Daniel 2:44 ; 7:13-14 ; Apocalypse 11:154).
Les algorithmes informatiques et les logiciels de reconnaissance faciale humains ne détermineront pas la fiabilité des gens, dans le futur gouvernement divin. Dieu regardera au cœur (1 Samuel 16:7 ; Actes 13:22) et Il jugera avec justice et miséricorde (Ésaïe 16:5). Il souhaite que tous soient sauvés et Il inscrira les noms des justes dans le livre de vie (Apocalypse 21:27).
Christ, à Son retour, montrera par l’exemple comment gouverner avec justice (Ésaïe 2:2-4 ; Psaumes 119:165). Le prophète Ésaïe fournit une description touchante de ce futur gouvernement : « Il n’y aura point de fin à l’accroissement de l’empire » car Christ viendra « pour l’affermir et l’établir en jugement et en justice » (Ésaïe 9:6-7 ; version Martin).
Il est écrit : « Quand les justes se multiplient, le peuple est dans la joie ; quand le méchant domine, le peuple gémit » (Proverbes 29:2). Voilà pourquoi le futur Roi des rois, Jésus-Christ, prit bien soin d’avertir Ses disciples des pièges des gouvernements humains : « Vous savez que ceux que l’on considère comme les chefs des nations dominent sur elles et que leurs grands les tiennent sous leur pouvoir » (Marc 10:42 ; version Segond 21).
Les dirigeants de l’époque – comme bien des dirigeants actuels – éprouvaient le besoin de dominer, de manipuler et de contrôler leurs sujets pour qu’ils ne puissent leur résister. C’est pourquoi la Bible nous dit : « Ne vous confiez pas aux grands, aux fils de l’homme, qui ne peuvent sauver » (Psaumes 146:3).
Heureusement, un gouvernement juste s’en vient ! Entre-temps, fiez-vous à Dieu.
Pour en savoir plus sur les avertissements de la Bible pour le temps de la fin, lire notre brochure gratuite Le livre de l’Apocalypse – la tempête avant le calme. Et pour en savoir plus sur le gouvernement utopique de Dieu qui sera ensuite instauré, lire notre brochure Le mystère du Royaume.