La veille de sa crucifixion, Jésus célébra la Pâque avec ses disciples d’une manière nouvelle. En quoi la signification et la célébration de cette fête ont-elles changé ?

Lors de son dernier service pascal, Jésus brisa le pain et déclara : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit une coupe de vin et dit : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance ». (Matthieu 26:26-28, Bible Ostervald, italiques ajoutés). Ces modifications apportées à la Pâque traditionnelle ont donné un sens accru à cette fête, en rappelant chaque année les bienfaits offerts par la nouvelle alliance.
L’observance et la signification de la Pâque sous l’ancienne alliance
L’institution de la Pâque est rapportée dans Exode chapitre 12. À l’époque, Dieu faisait venir 10 plaies sur l’Égypte pour libérer les Israélites de leur servitude. Annonçant la dernière plaie, Dieu dit qu’il frappera « tous les premiers-nés du pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Égypte » (Exode 12:12). Pour se préparer à cette dernière plaie, chaque famille israélite devait abattre un agneau ou un chevreau au coucher du soleil au début du 14e jour (verset 6). L’animal était ensuite rôti et mangé cette nuit-là avec du pain sans levain et des herbes amères (verset 8).
Les Israélites devaient appliquer un peu du sang de cet agneau ou de ce chevreau sur les montants et les linteaux des portes de leurs maisons, afin de servir de symbole pour la protection de Dieu. Comme Dieu l’a expliqué : « Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez ; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Égypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l’honneur de l’Éternel ; vous le célébrerez comme une loi perpétuelle pour vos descendants. » (13-14).
Les Israélites avaient reçu l’ordre de rester chez eux cette nuit-là, et toute viande rôtie restante devait être brûlée le lendemain matin (versets 10, 22). Comme Dieu l’avait prédit, « au milieu de la nuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux » (verset 29). L’observance et l’explication de cette soirée et de cette nuit importantes devaient être enseignées aux générations futures. « Et lorsque vos enfants vous diront : Que signifie pour vous cet usage ? Vous répondrez : C’est le sacrifice de Pâque en l’honneur de l’Éternel, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Égypte, lorsqu’il frappa l’Égypte et qu’il sauva nos maisons. Le peuple s’inclina et adora » (26-27).
L’origine du nom de la Pâque
La façon dont la Pâque a obtenu son nom est assez simple. Exode 12:11-13 dit que Dieu «passerait par-dessus» les maisons dont les portes étaient couvertes de sang. Cet acte de protection divine devait être observé en souvenir de la nuit où Dieu passa « par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Égypte » à « minuit » (versets 27, 29). L’historien juif du premier siècle Flavius Josèphe confirme: « Nous appelons cette fête pesach, ce qui signifie la fête de la Pâque; car ce jour-là Dieu est passé au-dessus de nous et a envoyé la plaie sur les Égyptiens; et la destruction des premiers-nés est venue sur les Égyptiens cette nuit-là » (Antiquités juives, livre 2, chap. 14, sec. 6).
L’importance de la Pâque
Observer la Pâque était extrêmement important pour les anciens Israélites. Quiconque ne pouvait pas l’observer parce qu’il était impur ou en voyage pouvait le faire un mois plus tard (Nombres 9:10-11). Aucune autre fête ne prévoyait une telle disposition. De plus, tout Israélite qui n’observait pas la Pâque devait être « retranché du milieu de son peuple » (verset 13). La Pâque de l’exode était un événement nécessaire pour les libérer de l’esclavage afin qu’ils puissent se rendre au Sinaï et conclure une alliance avec Dieu (l’ancienne alliance). La Pâque de la nouvelle alliance est nécessaire pour nous libérer de l’esclavage du péché et nous permettre précisément d’entrer dans cette relation de nouvelle alliance avec Dieu.
Signification et symboles de la nouvelle alliance
Jésus célébra sa dernière Pâque avec ses disciples au début du 14e jour du premier mois. Mais en cette soirée mémorable, il institua de nouveaux symboles aux significations plus profondes. Cette occasion établit un précédent pour la Pâque chrétienne.
Le lavement des pieds
Le nouveau service de la Pâque instauré par Jésus commença par le lavement des pieds, symbole d’humilité. Cela ne faisait pas partie du service de la Pâque que Dieu avait donné aux anciens Israélites dans Exode 12. Pendant le repas, Jésus « se leva de table… et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (Jean 13:4-5).
Jésus expliqua ensuite la signification de cet acte. « Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé » (14-16).
Le pain
Le symbole suivant de la Pâque de la nouvelle alliance est la fraction et la consommation du pain sans levain. « Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps » (Matthieu 26:26).
Alors que le pain sans levain faisait également partie de la Pâque de l’ancienne alliance (Exode 12:8), sous la nouvelle alliance, ce pain rompu qui était béni représentait désormais le corps de Christ, battu lors de sa flagellation et de sa crucifixion pour le pardon de nos péchés et la guérison de nos infirmités physiques (Ésaïe 53:5 ; 1 Pierre 2:24).
L’agneau ou le chevreau sans défaut de la Pâque de l’ancienne alliance préfigurait Jésus, que Jean décrit comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1:29 ; comparer avec 1 Corinthiens 5:7).
Le vin
Le troisième élément de ce nouveau service de la Pâque était le vin, symbolisant le sang versé par Jésus pour le pardon de nos péchés et la ratification de la nouvelle alliance : « Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés. » (Matthieu 26:27-28 ; comparer avec Éphésiens 1:7 ; Hébreux 9:11-12). Manger le pain sans levain et boire le vin, avec foi en leurs significations symboliques, apporte la promesse de la vie éternelle. Comme Jésus l’a déclaré : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:54).
La possibilité de recevoir la vie éternelle est l’une des meilleures promesses offertes dans le cadre de la nouvelle alliance (Hébreux 8:6). Le service de la Pâque institué par Jésus s’est terminé par le chant d’un hymne (Matthieu 26:30). La Pâque de la nouvelle alliance est une célébration profondément significative pour des milliers de chrétiens à travers le monde aujourd’hui. Pour en savoir plus, consultez La Pâque : ce que Jésus a fait pour vous et Questions et réponses sur la Pâque chrétienne.
Distinction entre la Pâque et les jours des pains sans levain
Bien que la fête des pains sans levain, observée pendant sept jours immédiatement après la Pâque (Exode 12:15-16), soit étroitement liée à cette dernière, ces deux fêtes ont des significations différentes. Sous l’ancienne alliance, la Pâque, qui avait lieu le 14e jour du premier mois (Lévitique 23:5), commémorait le jugement de Dieu sur l’Égypte et le fait qu’il épargnait la vie des premiers-nés israélites (Exode 12:12). C’est une fête, mais ce n’est pas un repos sabbatique.
La fête des pains sans levain, qui dure sept jours, observée du 15e au 21e jour du premier mois (Lévitique 23:6-8), symbolisait l’exode des Israélites d’Égypte. Comme Dieu l’a ordonné : « Vous observerez la fête des pains sans levain, car c’est en ce jour même que j’aurai fait sortir vos armées du pays d’Égypte ; vous observerez ce jour comme une loi perpétuelle pour vos descendants. » (Exode 12:17, Bible Ostervald).
Mais les chefs religieux juifs du premier siècle ont suivi un précédent qui avait fusionné les deux fêtes en une seule observance de sept jours (Mishna Pessa’him 9:5). Pourtant, de nombreux Juifs ont continué à observer les deux fêtes distinctes s’étalant sur « huit jours » (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre 2, chap. 15, sec. 1). Ces différences permettent d’expliquer pourquoi Jésus n’a pas été accusé d’avoir enfreint la loi de Dieu en observant la Pâque avec ses disciples au début du 14e jour du premier mois, alors que les pharisiens l’ont fait le soir suivant (Jean 18:28).
Jésus a souvent reproché aux scribes et aux pharisiens de suivre les traditions des hommes plutôt que les commandements de Dieu (Matthieu 15:6 ; Marc 7:5-9). Il a qualifié ces chefs spirituels d’« hypocrites » et de « guides aveugles » (Matthieu 23:15-16). Sous la nouvelle alliance, la Pâque et la fête des pains sans levain continuent d’avoir des significations distinctes. La Pâque commémore le sacrifice de Christ, l’accomplissement ultime de l’agneau immolé pour la protection des Israélites (1 Corinthiens 11:26). La fête des pains sans levain symbolise le fait de laisser Christ vivre en nous et le processus continu d’abandon du péché, tout comme les Israélites ont quitté l’Égypte (1 Corinthiens 5:7-8)