Il est facile d’imputer les pires motifs aux autres, mais nous ne pouvons regarder dans le cœur des gens. La Bible ne nous conseille-t-elle pas de souvent accorder le bénéfice du doute ?
Nous ne pouvons pas lire les pensées des gens. Nous ignorons quels sont leurs motifs et leurs intentions. Et pourtant, nous éprouvons souvent le besoin d’interpréter ce que nous voyons et entendons. Nous estimons devoir nous protéger contre d’éventuels dangers ou abus. Pour bon nombre d’entre nous, il est facile de faire des procès d’intention – de présumer le pire, des gens. Et il semble que souvent nous n’ayons pas tout à fait tort.
La plupart des gens ne se soucient guère de nos intérêts ; on se soucie généralement de ses propres intérêts.
En revanche, n’attendre que du bien d’autrui risque de nous faire passer pour des naïfs.
Est-il préférable de toujours nous attendre au pire ? Que déclare la Bible ? Nous dit-elle de donner à notre prochain le bénéfice du doute ? À quoi mènent ces deux choix ? Prenons quelques exemples.
À présumer le pire…
Le livre de Job est l’un des livres les plus troublants de la Bible ; il est profond et suscite bien des questions. Néanmoins, c’est un récit, et il comporte des leçons qui nous sautent au nez.
Notez par exemple comment Dieu décrit Job, et comment ses trois « amis » le décrivent. Dieu dit que Job est « intègre et droit », alors que ses compagnons accumulent des accusations contre lui, chapitre après chapitre.
Ils supposent que Job a dû commettre secrètement des actions terribles. Eliphaz, par exemple, l’accuse des fautes suivantes :
« Ta méchanceté n’est-elle pas grande ? Tes iniquités ne sont-elles pas infinies ? […]
« Tu ne donnais point d’eau à l’homme altéré, tu refusais du pain à l’homme affamé […]
« Tu renvoyais les veuves à vide ; les bras des orphelins étaient brisés. C’est pour cela que tu es entouré de pièges, et que la terreur t’a saisi tout à coup » (Job 22:5, 7, 9-10).
Éliphaz n’a aucune preuve de ce qu’il suppose. Ses accusations sont fausses. Job, blessé, éprouve le besoin de se défendre. Les trois amis de Job, on en convient, sont de bien piètres consolateurs ! Sans doute croient-ils être réalistes, être conscients des faiblesses humaines et de la loi de cause à effet, et pensent-ils défendre Dieu.
D’autres exemples bibliques de conclusions hâtives
Il va sans dire que les compagnons de Job n’étaient pas les seuls à tirer des conclusions hâtives.
Balaam supposa que son ânesse, habituellement docile, devenait rebelle, et il la frappa, irrité. En fait, elle le protégeait, car Dieu lui permit de voir son ange, l’épée tirée (Nombres 22:22-33). L’ânesse dut se mettre à parler pour que Balaam lui accorde le bénéfice du doute !
Avant de prendre possession de Canaan, les 12 tribus d’Israël faillirent sombrer dans une guerre civile. Les tribus de l’est érigèrent un autel près du Jourdain, et les tribus à l’ouest en conclurent que c’était de l’idolâtrie. En fait, les tribus de l’Est avaient érigé cet autel comme témoignage que « l’Éternel est Dieu » (Josué 22:10-34).
Pourquoi nous attendons-nous au pire ?
Pourquoi soupçonnons-nous souvent le mal ? Certes, à l’instar des amis de Job, nous pouvons penser que nos craintes sont souvent fondées ! Les humains sont faibles et pécheurs et il est illogique ou imprudent de l’ignorer. Dieu nous dit que le cœur de l’homme est tortueux, qu’il vaut mieux ne pas se confier en la chair, mais en Lui (Jérémie 17:5-9).
Si vous faites confiance à n’importe qui, vous le regretterez probablement et serez probablement déçu ; de plus, vous passerez pour une proie facile ou une personne naïve. Quel est donc le juste milieu ? Que pouvons-nous apprendre des exemples et des principes bibliques ?
Paul et Barnabas
Ce que nous apprenons de la Bible, et par l’expérience, c’est que les relations humaines sont complexes. Prenons le cas de deux décisions différentes prises par deux serviteurs de Dieu à propos d’un jeune homme qui avait voyagé avec eux, mais les avait quittés en milieu de parcours.
Quand ils durent partir pour un autre voyage, Barnabas voulut donner à Marc une autre chance, mais Paul s’y opposa vivement, de sorte que ces deux piliers de l’Église partirent chacun de son côté (Actes 15:36-40). Sans doute Marc fut-il reconnaissant et encouragé de ce que Barnabas lui ait accordé le bénéfice du doute.
Des principes bibliques
Les relations humaines étant complexes, il n’y a pas toujours une solution simple. Mais examinons plusieurs passages qui montrent qu’accorder le bénéfice du doute est généralement préférable aux conclusions hâtives et à une attitude soupçonneuse.
Le risque des conclusions hâtives
Il est écrit : « Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et s’attire la confusion » (Proverbes 18:13). Le verset 17 nous met également en garde de ne pas écouter qu’un son de cloche. Et l’apôtre Jacques nous dit d’éviter de juger sous le coup de l’émotion : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère » (Jacques 1:19).
« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ».
Soyons conscients de nos limitations. Nous ignorons les pensées et les motifs d’autrui. Dieu les connait, mais pas nous. Le roi Salomon reconnut, en priant l’Éternel : « Seul tu connais le cœur de tous les enfants des hommes » (1 Rois 8:39).
Nous ignorons ce que les gens ont dans la tête et dans le cœur. C’est pourquoi Jésus a dit : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez » (Matthieu 7:1-2).
Dans ce passage, l’original grec pour « jugez » est krino. D’après le Thayer’s Greek Lexicon, il s’agit de « prononcer un jugement » et cela s’applique « à ceux qui jugent sévèrement (injustement), trouvant à redire dans ce que fait l’autre ».
Jésus nous dit ensuite de ne pas être hypocrites, critiquant les défauts des autres tout en minimisant les nôtres (versets 3-5), puis Il nous dit : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (verset 12 ; lire à cet effet notre article « La règle d’or »).
Nous aimons qu’on nous accorde le bénéfice du doute. Nous n’aimons pas être jugés sévèrement ou faussement ; il est donc logique que nous accordions à autrui le bénéfice du doute et même n’attendre des autres que du bien.
Concentrons-nous sur le positif
Dieu nous dit de nous concentrer sur le positif. Paul était réaliste, mais il nous a dit sur quoi nous concentrer. « Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées » (Philippiens 4:8). Cette liste débute par « tout ce qui est vrai ». Nous ne devons pas imputer de bons motifs au point d’ignorer la réalité, mais nous concentrer néanmoins sur le positif.
Réagissons comme Christ
Bien que les gens soient imparfaits et nous déçoivent souvent, quelle réaction Paul nous dit-il d’avoir ? « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. Mais par-dessus toutes ces choses revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection » (Colossiens 3:12-14).
S’attendre au pire, de la part des gens, rend cela bien plus difficile. Il n’est guère facile de supporter quelqu’un, et de lui pardonner, quand on soupçonne qu’il (ou elle) a fait exprès de nous nuire. Si vous avez la preuve qu’on a délibérément cherché à vous nuire, vous pouvez faire le nécessaire, mais pourquoi ne pas opter pour la voie la plus facile et vous dire que la personne a simplement commis une erreur ou a fait quelque chose sans réfléchir ?
Les avantages à accorder le bénéfice du doute
Jésus a dit : « Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous » (Luc 6:37). Et Il a également dit : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! (Matthieu 5:7). Ne pas être condamné et être traité miséricordieusement sont des bénéfices merveilleux !
Nous pouvons également croître de manière à ressembler davantage à Dieu, étant plus patients, pardonnant davantage et ayant plus d’amour. Et l’on réagit mieux quand les gens sont plus positifs que s’ils sont soupçonneux et négatifs. Ne soyons donc pas comme les piètres consolateurs de Job, qui soupçonnaient le pire et jugeaient faussement. J’espère qu’après avoir pris note de ces facteurs, vous serez d’accord qu’il est préférable d’accorder le bénéfice du doute !