« Je suis désolé ! » Ces mots peuvent être les plus difficiles à prononcer. Néanmoins ils sont nécessaires pour réparer et souder nos relations. Quel usage devons-nous en faire ?
J’étais bouleversée. Mon adolescent avait besoin d’être corrigé. Nous avions eu une discussion, mais elle avait été houleuse. Mon fils n’arrivait pas à comprendre pourquoi j’avais pris la décision que j’avais prise. Sa déception avait laissé la place à de la colère et cette dernière s’était traduite par des mots durs. Outré, il était allé s’enfermer dans sa chambre.
Quand sa porte s’était fermée, j’avais ressenti le « nœud dans le creux de l’estomac » qu’éprouve occasionnellement tout parent en pareille circonstance. Mon fils m’en voulait.
Le cœur lourd, j’étais retournée à mes activités quotidiennes, ressassant dans ma tête ce que j’avais dit, et me demandant si j’aurais dû m’exprimer différemment et reporter à plus tard certaines remarques que j’avais faites.
Soudain, sans que je l’ai incité à le faire, mon fils était revenu dans la pièce, était venu me serrer dans ses bras, et m’avait dit : « Je te demande pardon ! J’avais tort et je n’aurais pas dû réagir de cette manière ! »
J’étais ravie. Mon jeune homme avait admis ses torts et avait présenté ses excuses. Quel cadeau inattendu !
Quand on est… désolé
Dire « Je vous présente mes sincères excuses » ou « je suis désolé » est l’une des choses les plus difficiles à faire pour tout être humain. Cela équivaut à reconnaître son échec dans ses rapports avec un autre être humain. Or, c’est l’une des compétences les plus critiques à acquérir pour avoir de bonnes relations avec nos semblables, et surtout, avec Dieu.
Pour Dieu, c’est si important qu’Il déclare : « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton offrande » (Matthieu 5:23-24).
L’autre côté de la médaille, c’est que si nous ne pardonnons pas à notre prochain, Dieu ne nous pardonnera pas non plus nos fautes (Matthieu 6:15). Si nous avons offensé quelqu’un – que nous avons besoin de nous faire pardonner – l’une de nos responsabilités est de faciliter le plus possible la tâche à la personne offensée pour qu’elle puisse nous pardonner. Quand mon fils m’avait demandé pardon, j’avais été libérée d’un lourd fardeau. Je souhaitais rétablir la situation autant que lui. Lui pardonner avait alors été facile.
L’importance de l’humilité
Pourquoi est-il si difficile de demander pardon ou de présenter de sincères excuses ? Nous autres humains avons un mal fou à admettre nos torts. Aller voir une personne et nous rendre vulnérables en présentant nos excuses ou en demandant pardon exige beaucoup d’humilité. Nous devons nous demander si nous sommes assez humbles pour reconnaître nos torts. Si nous sommes assez humbles pour nous rendre vulnérables face à un autre être humain.
Il est exigé de nous que nous nous revêtions d’humilité dans nos rapports mutuels (1 Pierre 5:5). Le mot dont Pierre se sert, et qui est traduit en français par « revêtez[-vous] » s’applique à un tablier qu’un serviteur portait, et qui recouvrait tous ses autres vêtements. Nous devons nous revêtir d’humilité chrétienne dans tout ce que nous faisons.
Demander pardon ne signifie pas…
Quand nous sommes sincèrement désolés d’avoir mal agi, nous éprouvons un sincère remords de nous être comportés comme nous l’avons fait. Nos excuses ne doivent pas se limiter à un simple « Dommage que vous m’en vouliez ! » Ce genre d’excuse ne traduit pas notre responsabilité individuelle. Il est préférable de dire : « Je suis désolé de vous avoir blessé par mes propos ! ». Ce faisant, nous admettons notre responsabilité dans l’affaire.
Ce genre d’excuse ne doit pas non plus être un mensonge. Nous devons nous demander si nous devrions réellement être désolés. Devons-nous présenter nos excuses pour la situation en question ? Il arrive que des individus soient offensés ou en colère à la suite de ce que vous avez dit ou fait, alors que vous n’avez rien fait de répréhensible, mais votre devoir (comme lorsqu’un agent de la circulation vous donne une contravention pour avoir roulé trop vite). Nous pouvons être gentils et bienveillants, mais présenter nos excuses en pareil cas serait en conflit avec nos responsabilités.
Évidemment, même si vous estimez ne rien avoir fait de mal, il est sage d’être gentil et de réagir de manière bienveillante, avec amour. De dire, par exemple, avec compassion, « Je suis désolé que cela vous contrarie ! » Cela ne revient pas à s’excuser mais cela peut favoriser une amélioration de la relation. Et il y a d’autres moyens de s’exprimer sans utiliser les mots « Je vous présente mes excuses » ou « Je vous demande pardon » !
Le processus du repentir
Quand nous avons offensé quelqu’un, il se peut aussi que nous ayons péché contre Dieu. Dans ce cas, nous devons nous repentir devant Dieu et régulariser notre relation avec Lui (Lire à cet effet notre article « Comment se repentir ? »)
Quand nous présentons des excuses sincères, nous traversons un processus analogue au repentir. À la différence que nous réparons une relation avec une personne, au lieu de notre Créateur.
Le premier élément, dans ce processus, consiste à reconnaître que nous avons fauté. Nous sommes sincèrement désolés. Il ne s’agit pas du remords superficiel qu’on éprouve quand on a été pris ou découvert commettant ladite faute. Il n’est pas non plus question du remords superficiel qu’on éprouve quand quelqu’un a mal réagi à ce que l’on a fait. Aucune excuse n’est présentée. Il s’agit pour nous de reconnaître que nous avons eu tort et avons offensé ou blessé quelqu’un. Nous admettons notre faute.
Le deuxième élément, dans ce processus, consiste à demander pardon. Cela est décrit dans Matthieu 5:23-24 où il est question d’aller vers un frère ou une sœur pour se réconcilier. Nous devrions nous assurer que la personne en question sait pour quelle raison nous présentons nos excuses ou demandons pardon ; nous reconnaissons notre faute devant la personne offensée.
Le troisième élément, dans ce processus, consiste à changer. Nous devons prendre les mesures nécessaires pour ne plus commettre la même faute.
Hélas, nous avons beau faire ces choses, nous ne parvenons pas toujours à nous réconcilier avec la personne offensée. Une réconciliation n’est pas toujours possible. Il se peut que nous ayons à tel point blessé la personne que la relation soit définitivement endommagée. Mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas à franchir ces étapes.
La personne lésée
Que dire dans le cas où nous sommes la personne offensée ou blessée ? Quelle est notre responsabilité en pareil cas ?
Il est écrit : « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul » (Matthieu 18:15). La personne offensée a le devoir d’essayer d’arranger les choses. Il y a cependant deux choses que nous devons nous demander avant de procéder en ce sens.
Nous devons commencer par nous demander si la faute est réellement assez grave pour demander réparation. Il est écrit : « La haine excite des querelles, mais l’amour couvre toutes les fautes » (Proverbes 10:12). Il y a des fautes qui sont suffisamment graves pour que nous ayons à en parler avec leur auteur. Mais il y a aussi des occasions où nous devons pardonner en agissant comme si de rien n’était (Luc 6:36).
Dans bien des cas, l’auteur de la faute ne se rend pas compte qu’il nous a offensés ou blessés. Et il arrive que, nous aussi, nous fassions ou disions quelque chose sans savoir que cela a offensé quelqu’un. Il est bon de nous rappeler que nous sommes tous humains.
La deuxième chose à faire est de nous demander si nous allons vers notre frère ou notre sœur avec humilité et dans un désir de paix. Souvenez-vous ce que signifie se revêtir d’humilité. Il y a peu de chance pour que la colère ou l’arrogance aient un effet positif sur la situation. C’est l’approche humble et chrétienne qui a le plus de chances de donner des résultats.
L’objectif n’est pas de « remporter la bataille » ni de démontrer que nous avons raison, mais de rétablir de bons rapports entre nous et notre prochain.
Comment réagir
Quand on nous présente des excuses, quelle devrait être notre réaction ? Quand on pardonne, d’après Linternaute.com, « cela signifie que le pardon ou l’absolution est accordée à une personne considérée comme étant en faute ». Cela « implique qu’aucune rancune, réprimande ou aucun regret ne soit fait ultérieurement ».
Ce peut être relativement facile, mais il arrive que ce soit extrêmement difficile. Mais nous n’avons pas le choix. N’oubliez pas que si nous ne pardonnons pas, Dieu ne nous pardonnera pas non plus (Matthieu 6:14-15). Parfois, il arrive que ce soit seulement avec l’aide divine que nous puissions réellement pardonner.
Nous devons toujours être disposés à pardonner. Christ a dit que nous devrions être disposés à le faire « jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Matthieu 18:21-22). Cela ne signifie pas que nous ayons à le faire 490 fois, et que nous soyons ensuite libérés de cette obligation. Il est question d’une attitude d’apaisement – d’avoir le cœur à chercher un moyen de rétablir des rapports brisés.
Il y a un autre aspect, dans ces versets, que nous devons comprendre. Il arrive que nous ayons pardonné à quelqu’un, mais que quelque chose se produise par la suite, de nature à rouvrir la plaie, de sorte que nous soyons, de nouveau, blessés. L’auteur de l’offense ne nous a pas nécessairement de nouveau fait du mal, mais la blessure et parfois même la colère et le ressentiment ressurgissent dans nos cœurs. Nous devons être disposés à pardonner une fois de plus, et peut-être même encore, pour la même offense.
Avec sagesse
Il importe que nous comprenions que pardonner à quelqu’un une offense ne signifie pas que nous ayons à nous placer de nouveau dans la même situation. Nous pouvons – et devrions – apprendre des leçons des expériences de la vie.
Si, par exemple, un ami emprunte notre auto, et l’endommage, et que nous découvrons qu’il conduisait trop vite, qu’il a brûlé un feu rouge et qu’il y a eu collision, nous pouvons lui pardonner quand il vient s’excuser. Néanmoins, si plus tard il demande à emprunter de nouveau notre nouvelle auto, nous ne sommes pas obligés de la lui prêter. Pardonner ne nous empêche pas de faire preuve de sagesse dans nos autres décisions.
Une qualité rare et admirable
À présent, mon fils est un homme mûr et il a sa propre famille. Néanmoins, il a toujours cette aptitude à aller s’excuser ou demander pardon quand c’est nécessaire. C’est une qualité rare, et admirable.
Le processus consistant à présenter ses excuses ou à demander pardon, et à pardonner, et l’un des plus délicats dans les relations humaines.
- Chercher à nous faire pardonner sous-entend que nous sommes conscients de l’effet qu’ont nos actions sur les autres. Nous acceptons notre part de responsabilité, et nous essayons de remédier à la situation.
- Pardonner sous-entend que nous cessons de réclamer ce qu’on nous « doit ». Nous affrontons avec amour les émotions accompagnant l’expérience, à plusieurs reprises si c’est nécessaire.
Savoir demander pardon et savoir pardonner sont essentiels dans toute relation solide et saine. De part et d’autre, on fait preuve d’humilité et d’un amour sincère pour les frères. Où en sommes-nous, sur ce point ?
Nous vous proposons la lecture de nos articles La règle d’or et Comment obtenir le pardon de nos fautes ?