En chemin : Une réponse douce au cœur du Sahara

Une réponse douce au cœur du Sahara

C'était deux jours après les horribles attaques du Hamas contre Israël en 2023. Le monde musulman était enflammé d'une haine exacerbée contre les victimes.

À l’occasion d'un voyage planifié bien avant ces évènements, ma femme et moi traversions l'ancienne médina de Tozeur, une oasis connue depuis les temps précédant l'Empire romain, au cœur du désert du Sahara du sud de la Tunisie. Nous avions fait le trajet en voiture depuis la capitale, Tunis, sur la côte méditerranéenne, à travers des terres très fertiles, une partie de l’ancien grenier à blé de l'Empire romain d'Occident, avant d'atteindre les sables du Sahara et enfin, cette oasis.

Une oasis dans le désert

C'était fascinant de passer soudainement de kilomètres de sable et de roches stériles à une verdure luxuriante, alimentée par des sources, dans ce petit paradis. Les plantations préromaines de palmiers dattiers de la ville sont entourées par un désert impitoyable, où les températures estivales peuvent atteindre 122 degrés Fahrenheit (50 degrés Celsius) à l'ombre pendant la journée, mais pouvant descendre en dessous de zéro, la nuit en hiver.

La Médina, le vieux Tozeur, est un labyrinthe de rues et de ruelles bordées de hautes maisons, cernées de murs en briques de terre, dont beaucoup, abandonnées, s’écroulent au fil des ans. C’était comme si nous avions remonté le temps.

De l’affabilité à la colère

Nous nous sommes arrêtés dans une boutique touristique pittoresque dont le propriétaire, âgé et affable nous faisait signe tout en se prélassant, vêtu d’une longue jebba et agitant son chapelet. Ma femme et moi parlions français avec tous ceux que nous rencontrions. Mais j’étais conscient qu’au moment où le monde musulman déverse sa fureur contre Israël, celle-ci s’étend jusqu’aux États-Unis, principal soutien de l’État hébreu.

« Alors, d’où venez-vous ? » a demandé le vieux commerçant. C’est souvent la question liminaire annonçant un argumentaire de vente. Je n’ai pas réfléchi assez vite pour donner une réponse évasive et sûre. « Nous venons des États-Unis », ai-je répondu innocemment.

Son visage se déforma dans un grognement : « Vous êtes juif ! » cria-t-il.

– Non, je ne suis pas juif, répondis-je calmement.

– Mais vous aimez les Juifs, éructa-t-il, la haine se lisant clairement sur son visage.

Une réponse douce

Je m’arrêtai un instant pour réfléchir. Quelle réponse sage donner ? Une partie de moi voulait lui dire ce que je pensais de l’injustice dans tout cela. Mais je ne savais pas m’y résoudre. Un verset me revint en mémoire : « Une réponse douce calme la colère, mais une parole dure excite la colère » (Proverbes 15:1).

Je répondis simplement à l’homme en colère : « J’essaie d’aimer tout le monde ».

Il recula comme si je l’avais giflé. Il semblait qu’il s’attendait à des mots durs en réponse aux siens. Après un moment, son visage s’adoucit et il dit doucement : « C’est une réponse juste ».

Sa propre religion doit enseigner quelque chose de similaire, du moins dans l’abstrait. Après cela, semblait-il, nous sommes redevenus simplement des êtres humains, dans la fraternité humaine. Sa colère et sa passion s'étaient apaisées, mais pas l'envie de nous vendre quelque chose.

Nous quittâmes finalement la boutique avec quelques souvenirs, quelques dinars de moins en poche et en paix l'un avec l'autre. Je me souviendrai de la vérité de ce joyau de la parole de Dieu et de l'effet d'une réponse douce, au cœur du Sahara.

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