Cinq mythes sur la grâce

La grâce est l’un des concepts les plus reconnus de la Bible, mais c’est aussi l’un des plus mal compris.

Beaucoup d’églises ont raison sur quelques points concernant la grâce, mais elles se trompent aussi sur certains autres. Le résultat ? Un mélange déroutant de vraies affirmations et de fausses idées sur ce que signifie réellement la grâce. La grâce étant au cœur du salut, il n’est pas seulement important de bien la comprendre, c’est absolument essentiel ! C’est pourquoi nous avons dressé une courte liste de quelques enseignements erronés auxquels il nous faut certainement prêter attention.

Parce qu’elles ont occupé depuis si longtemps un statut quasi sacré dans la communauté religieuse, certaines idées peuvent paraître comme vérité d’Évangile. Ainsi, il peut être difficile de les voir pour ce qu’elles sont vraiment : des mythes. Or, l’Écriture doit être notre guide, et non pas « la tradition des hommes » (Marc 7:8 ; Colossiens 2:8 ; 2 Timothée 3:16). S’accrocher à des idées fausses déforme notre vision de la vraie grâce telle que Dieu nous l’accorde. Clarifions les choses et obtenons une image plus complète de la grâce en abordant ces mythes de front.

Mythe n°1

 « La grâce n’est qu’un concept du Nouveau Testament »

Dieu accorde aux gens des bénédictions imméritées qui changent leur vie : c’est tout cela, la grâce biblique, et de fait, elle apparaît partout dans l’Ancien Testament ! Regardez l’histoire de Noé : En l’espace de 1 600 ans (seulement…), le monde s’est plongé dans la ruine morale. Ce que Dieu avait appelé « très bon » à la création était désormais devenu complètement corrompu. « L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre » (Genèse 6:5-6).

Sans le moindre doute, cela aurait dû être la fin de l’humanité. Génération après génération, ils avaient rejeté la voie de Dieu, laissant derrière eux une traînée de péchés qui avaient fini par infecter tous les recoins de la terre. Selon toute norme de justice, il aurait été parfaitement convenable que Dieu tourne la dernière page de l’humanité. Heureusement, l’histoire a pris une direction remplie d’espoir : « Mais Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel » (verset 8, italiques ajoutés). Noé se démarquait, mais il avait aussi péché (verset 9 ; Romains 3:23). Et pourtant, Dieu l’avait choisi et il a accordé à Noé l’honneur d’échapper au déluge, lui et sa famille, pour repeupler la terre et continuer l’histoire du salut divin. C’était un acte de grâce – pour Noé et, plus important encore, pour toute l’humanité !

C’est en vertu de la grâce de Dieu, à ce moment crucial, que l’expérience humaine a été prolongée malgré une chance manquée. C’est l’un des exemples les plus évidents de la grâce divine. Or, la grâce est souvent utilisée comme un raccourci pour désigner le sacrifice de Jésus et la rédemption qu’il a apportée. Oui, cet événement unique en son genre a eu lieu dans le Nouveau Testament. Mais qu’en est-il de la miséricorde, de la bonté et de la compassion qui motivaient son sacrifice ? Ces vertus ont toujours fait partie de la personnalité de Dieu. L’histoire de Noé est l’un des nombreux exemples de l’Ancien Testament qui nous le rappellent.

Mythe n°2

 « La grâce remplace la loi »

Selon des déclarations de l’apôtre Paul sorties de leur contexte, certains prétendent que la grâce nous libère de l’obligation d’obéir aux 10 commandements. Ce point de vue pose problème car il traite la loi et la grâce comme si elles étaient en opposition. Mais il s’agit d’une fausse dichotomie. La loi et la grâce ne sont pas contradictoires. Il ne s’agit pas de l’une ou de l’autre. La vérité biblique montre qu’elles sont complémentaires.

La loi de Dieu reflète le caractère divin et expose ce qui montre que nous ne sommes pas au niveau (Romains 7:7). Sans elle, quel critère aurions-nous pour nous efforcer d’atteindre « la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4:13) ? L’appel de la Bible à être « saints » dans toute notre conduite aurait-il du sens si nous n’étions pas censés suivre la définition divine de la sainteté (1 Pierre 1:15-16 ; Lévitique 19:2) ?

Ensuite, il y a la grâce. Nos incartades font partie de la réalité. Sur le chemin qui nous encourage à ressembler davantage à Dieu, nous trébuchons en nous souillant par le péché. C’est inconfortable. C’est décourageant. Mais la grâce nous ancre dans l’espoir que, même après tout ce que nous avons pu bâcler, nous pourrons tout de même progresser, à la condition de nous repentir.

Dire que la grâce remplace la loi serait comme prétendre que le savon rend les miroirs inutiles : la logique n’est pas au rendez-vous. Le savon (la grâce) peut nettoyer la saleté, mais il ne localise pas son emplacement. Un miroir (la loi de Dieu) est toujours nécessaire à cette fin. C’est pourquoi nous avons besoin des deux. La loi nous montre comment penser et agir comme Dieu, mais la grâce offre un réservoir de pardon sur lequel nous pouvons compter lorsque nous échouons inévitablement. La loi et la grâce ne sont pas en contradiction : elles servent des objectifs différents, mais complémentaires.

Mythe n° 3

 « La grâce se mérite »

La Bible n’enseigne nulle part que notre mérite nous permet de gagner quelque chose de la part de Dieu. En fait, Dieu remet en question cette idée même lorsqu’il réprimande Job : « Qui m’a donné le premier, afin que je lui rende ce qui lui est dû  ?» (Job 41:2, Bible Lemaître de Sacy). L’obéissance n’est pas une monnaie d’échange, et Dieu ne distribue pas de chèques pour le salut en fonction de la façon dont nous suivons les règles.

Ce genre de pensée trouve ses racines dans le légalisme du premier siècle. Le camp légaliste était en grande partie composé de Juifs qui pensaient que la faveur de Dieu venait d’une stricte conformité aux lois et aux barrières érigées par l’homme autour de ces lois. Plus vous étiez strict, raisonnaient-ils, plus vous deveniez spirituel – et, dans leur esprit, plus vous étiez saint devant Dieu. Mais voici le problème avec la justice basée exclusivement sur les œuvres : même l’attention la plus méticuleuse aux règles ne peut effacer un seul péché de notre passé. C’est pourquoi nous avons besoin de la grâce.

Prenez le cas de Paul. À l’époque où il était un pharisien convaincu, il avait passé des années à rechercher la justice par la loi. Mais il a fini par apprendre quelque chose : alors qu’il proclamait sa propre obéissance, il passait ses anciens péchés sous silence. Or, aucune obéissance de sa part n’aurait pu cacher le fait qu’il était pécheur. Seule la mort de Jésus pouvait le faire. Paul a dit plus tard aux Galates : « Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort en vain. » (Galates 2:21).

Nos péchés sont comme d’énormes dettes, si lourdes qu’elles exigent notre vie en termes de paiement (Romains 6:23). Mais lorsque nous reconnaissons le poids de notre péché et ce qu’il nous vaut, Dieu nous appelle désormais à faire un changement complet dans notre façon de vivre. Nous devons nous soumettre totalement à Dieu et à ses commandements – c’est le christianisme en un mot. Mais en fin de compte, l’obéissance ne peut pas effacer ces dettes. Et si personne ne les avait payées à notre place, le jour de la collecte surviendrait inévitablement. C’est là qu’intervient la grâce.

C’est la solution de Dieu. C’est son don, le sacrifice de Jésus pour effacer ces dettes passées. Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons gagner, et ce n’est certainement pas quelque chose que nous méritons. Ce don est accordé gratuitement, indépendamment de ce que nous avons pu faire. Paul n’aurait pas pu être plus clair : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éphésiens 2:8-9). Nous ne pouvons pas nous vanter d’avoir gagné ce qui nous a été donné gratuitement. C’est tout l’intérêt de la grâce.

Mythe n°4 

« Une fois que la grâce est à vous, vous ne pouvez pas la perdre »

C’est aussi connu sous le nom de doctrine de la sécurité éternelle. Le nom dit tout : c’est la croyance qu’une fois que vous avez véritablement reçu la grâce, elle ne peut pas être perdue, endommagée ou révoquée. Votre salut est effectivement enfermé dans un coffre-fort céleste, en sécurité pour toujours, quoi qu’il arrive. Or, c’est un cas typique de sélection de versets et de mauvaise application au reste des Écritures.

Prenez le passage de Romains 8:38-39, par exemple : « Ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur ». C’est bien cela. Rien ne peut affecter notre salut, n’est-ce pas ?

Pas si vite. Quelques chapitres plus loin, Paul avertit les membres de l’Église que Dieu ne les épargnera pas s’ils deviennent infidèles (Romains 11:20-21). Cela ne donne pas l’impression que Dieu offre à quiconque une grâce inconditionnelle ; mais plutôt que chaque personne a son rôle à jouer.

Ou prenez encore Philippiens 1:6 : « Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ ». Ce verset est parfois utilisé comme une promesse générale de salut ; sans condition. Mais est-ce vraiment le cas ? Cela ne correspond pas à l’avertissement de Paul de ne pas « recevoir la grâce de Dieu en vain » (2 Corinthiens 6:1).

Philippiens 1:6 montre que Dieu s’engage à travailler avec nous. Il est déterminé à accomplir sa promesse de nous accorder le salut au retour de Jésus, mais notre fidélité est également un facteur ici (versets 9-11). Oui, Dieu nous aide activement dans notre recherche du royaume de Dieu. Mais cette assurance n’est pas la même chose qu’une promesse inébranlable selon laquelle notre salut serait garanti quoi que nous fassions.

L’apôtre Paul, même après des décennies de travail pour forger un caractère pieux, a écrit : « Je ne pense pas l’avoir saisi [avoir atteint le prix qui est la résurrection, verset 11] ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ » (Philippiens 3:13-14).

Il était clair pour Paul, comme cela devrait l’être pour nous, que le salut est un processus continu. Nous pouvons perdre la grâce si nous négligeons de faire notre part. Dieu est fidèle. Dieu est gracieux, mais nous pouvons toujours rejeter cette grâce et être déchus.

Mythe n°5

« Avec la grâce, le péché ne peut plus nuire à notre relation avec Dieu »

Le fait de recevoir la grâce ne nous rend pas immunisés contre les effets du péché. Lorsque les Israélites ont tourné le dos à leur alliance avec Dieu, Ésaïe a expliqué avec audace pourquoi Dieu n’est pas intervenu pour les sauver : « Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu ; Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l’empêchent de vous écouter. » (Ésaïe 59:2).

Il y a un principe ici. Le péché creuse un fossé entre nous et Dieu. Et si nous ne faisons pas face à cette séparation, les conséquences peuvent être dévastatrices. Bien sûr, la grâce offre le pardon. Mais si nous continuons à marcher sur le mauvais chemin et refusons de nous tourner vers Dieu, nous porterons tout le poids de nos choix.

L’auteur de l’épître aux Hébreux est encore plus direct sur le danger du péché : « Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles» (Hébreux 10:26-27).

Cela peut paraître dur, mais voici la bonne nouvelle : Dieu est toujours prêt à travailler avec nous. La clé est le repentir. L’apôtre Jean a écrit : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9).

La grâce sans la confusion

De faux enseignements sur la grâce existent depuis le premier siècle, et ils ne sont pas près de disparaître. Nous pouvons passer toute la journée à décortiquer les façons dont les gens ont déformé la grâce, mais à présent vous vous demandez probablement : qu’est-ce que la grâce, en réalité ?

Il est utile de savoir ce que n’est pas la grâce, mais notre compréhension doit être encore plus approfondie. Car en fin de compte, connaître la vérité sur la grâce est plus qu’un simple exercice théologique : il s’agit de construire une base solide pour notre propre façon de vivre.

Lorsque nous la comprenons de manière biblique, la grâce change tout. Elle change radicalement notre relation avec Dieu. Elle remodèle la façon dont nous nous voyons. Elle place nos luttes dans la bonne perspective. Et elle nous donne le pouvoir de vivre le but que Dieu a en tête pour nous.

Il y a encore beaucoup à dire, c’est pourquoi nous avons créé une ressource pour vous aider. Notre article  Qu'est-ce que la grâce est conçu pour répondre à vos questions et vous donner une image plus claire de ce merveilleux cadeau.

Dieu nous appelle à discerner la vraie grâce de la fausse. Cela demande de l’étude. Cela exige des efforts. Car bien comprendre ce que représente la grâce, c’est très important, cher lecteur.

Et la récompense ? Une relation toujours plus profonde, plus riche et plus significative avec notre créateur.

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