Est-ce que Colossiens 2 condamne les lois de Dieu sur les animaux purs et impurs ? Ou le contexte fournit-il une explication différente ?
« Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ [ou « mais au corps de Christ » – en d'autres termes, laissez-cela au corps de Christ, c'est-à-dire l'Église !] » (Colossiens 2:16-17).
On prétend que ces versets abolissent la loi sur les viandes pures et impures interdisant aux chrétiens de consommer, par exemple, de la viande de porc, de cheval, de lapin, des fruits de mer et autres mets déclarés « impurs » dans Lévitique 11:1-23 et Deutéronome 14:3-20. Est-ce le cas ?
Le contexte : L'influence de philosophies païennes
Dans l'étude de ce passage, comme toutes les fois qu'on étudie la Bible, le contexte est primordial. L'Église de Colosses était la proie de toutes sortes d'idées étranges, comme le culte des anges. Plusieurs des philosophies évoquées dans cette lettre – ou épître – de l'apôtre Paul ressemblent aux enseignements des gnostiques postérieurs, qui croyaient que l'esprit et la matière s'opposent continuellement. Pour eux, l'esprit était bon – ou représentait le bien – et le corps était mauvais – ou représentait le mal. Certains gnostiques penchaient pour le libéralisme (donnant libre cours aux pulsions de la chair), tandis que d'autres étaient ascétiques – croyant que toute activité agréable était répréhensible.
Ces aspects de la doctrine gnostique sont évoqués dans l'épître de Paul aux Colossiens. Il y est, entre autre, fait mention de la fausse humilité et du culte des anges : « Que personne, sous une apparence d’humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course [l'entrée dans le Royaume de Dieu] ; tandis qu’il s’abandonne à ses visions, il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles » (Colossiens 2:16-18). Notez en outre l'allusion à l'ascétisme aux versets 20 et 21 : « Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes : Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas ! » Le verset 23 parle aussi du « mépris du corps ».
Le « manger » et le « boire »
Quand on tient compte de ce contexte, on comprend ce dont voulait parler Paul dans Colossiens 2:16-17. Ces versets n'utilisent pas le mot grec pour « viande » ou « chair » – kreas – utilisé dans Romains 14:21 et 1 Corinthiens 8:13, mais le mot brosis, terme plus général employé pour décrire la consommation de nourriture, et le terme posis, employé pour la consommation de boisson. Il n'est pas fait la moindre allusion, ici, à une quelconque chair animale.
Apparemment, les hérétiques ascétiques cherchaient à priver les chrétiens du plaisir légitime que procure la consommation normale de bons mets et de bons vins comme lors des fêtes de l'Éternel. Sans doute ces ascétiques étaient-ils d'avis que certains, dans l'Église de Colosses, appréciaient un peu trop les mets et les boissons qu'ils consommaient.
Paul dit aux membres de l'Église de Colosses de ne pas se soucier de ce que disaient ces ascétiques à propos de leurs aliments et de leurs boissons (autorisés par la Bible), et de ne pas se soucier de leurs autres pratiques liées à telle ou telle nouvelle lune, telle ou telle fête ou « sabbat » que ces gens-là auraient pu essayer de leur imposer. Ces deux versets ne modifient en rien les lois divines sur les aliments et la consommation de boissons, pas plus qu'ils n'abolissent les fêtes divines que la Bible dit aux chrétiens d'observer.